20 octobre 2011 : la capture et la mort de Kadhafi

20 octobre 2011 : la capture et la mort de Kadhafi

 

 

Il y a cinq ans jour pour jour, le leader libyen Maamar Kadhafi était capturé près de Syrte. Tout le monde se rappelle de cette vidéo où on voyait le Chef de la Jamahiriya le visage ensanglanté entouré d’une nuée de jeunes miliciens en treillis. Il venait d’être capturé dans sa région natale après une longue traque qui a duré plusieurs mois.

Ayant fui à la fin août 2011, le sanctuaire super-protégé de la Caserne d’El-Azizia en plein Tripoli, il est devenu l’homme le plus recherché dans le monde. Devant l’avancée des troupes rebelles aidées par les forces de l’OTAN, il se refugie dans région natale qui lui est demeurée fidèle.

Dans des conditions précaires le « Guide », ainsi qu’il aime qu’on l’appelle, se déplace de « maison en maison » pour échapper aux bombardements des avions de l’OTAN et aux tirs des mortiers des troupes rebelles.

A l’aube du 20 octobre, il décide de fuir la ville. Un convoi de pas moins de cinquante véhicules tout-terrain dont de rutilants 4X4 chargés d’essence, d’armes mais aussi d’argent prend la route vers le Sud probablement en direction du Niger voisin. A bord 250 personnes parmi lesquelles Kadhafi, un de ses fils, de proches collaborateurs. Certains parmi les passagers ne se doutent même pas que Kadhafi est parmi eux.

Après qu’un drone américain ait repéré le convoi, un avion de chasse français tire deux missiles vers la colonne. Une vingtaine de véhicules sont réduits sur le champ en poussière. Kadhafi et certains de ses proches sortis indemnes cherchent refuges dans des villas avoisinantes.

Pistolet plaqué or au poing, vêtu d’un gilet pare-balles et d’un casque, le « leader libyen » veut se défendre à tout prix. Lui et son dernier carré de fidèles cherchent refuge dans de gros tubes en béton servant à drainer l’eau sous une route.

Alors que le Guide s’enfonce dans une bouche d’évacuation, des miliciens de Misarata foncent sur lui. L’un de ses gardes corps leur jette une grenade qui rebondit contre la paroi du tube et blesse Kadhafi au visage.

Une première vidéo fait le tour du monde où on le voit hébété le visage ensanglanté presque sans voix. Mais il est en vie. Un peu plus tard une autre vidéo le montre à l’agonie, la figure tuméfiée, les yeux presque clos. Il est à moitié dénudé. Selon des témoignages rien ne lui est épargné ; crachats, arrachage des cheveux, coups partout sur le corps et bien pire encore.

Vers le coup de 15 heures GMT, un porte-parole du Comité de Transition à Benghazi annonce au monde la mort de Kadhafi sans donner des détails sur les circonstances de sa mort. A-t-il été abattu lors d’un échange de tirs entre loyalistes et rebelles, selon la version officielle? A-t-il succombé à ses blessures dans l’ambulance qui l’emmene vers Misrata ? A-t-il été tué lors de son lynchage par un simple milicien ou un agent secret français ?

Cinq jours plus tard, le 25 octobre, Kadhafi et son fils Mooatassim sont enterrés dans un lieu tenu secret dans le désert libyen. Une page de l’histoire de la Libye est tournée ce 20 octobre 2011.

La mort de Kadhafi et la chute de son régime n’empêcheront en rien la dislocation du pays et le chaos qui s’en est suivi.

Cinq ans plus tard, les Libyens commencent à regretter l’ère Kadhafi. La frustration gagne du terrain surtout auprès de ceux qui ont chassé l’ancien « Guide ». On les appelle ironiquement les « Kadhafistes par frustration ».

Depuis sa chute, insécurité et pénuries sont devenues le quotidien des Libyens rythmé par les coupures d’eau dans un pays pétrolier et de longues files d’attente devant les banques où les liquidités manquent terriblement.

RBR

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