Ahmed Ben Saïd ou la "barbe" de la discorde !

Ahmed Ben Saïd ou la "barbe" de la discorde !

L'affaire du joueur de basket-ball Ahmed Ben Saïd, continue de susciter la polémique. Le président de la Fédération Tunisienne de Basket-ball Ali Benzarti a beau crier sur tous les toits que le joueur a quitté le stage de la sélection de son propre gré et qu’il n’a pas été écarté à cause de sa barbe pour apaiser les nombreuses critiques qui se sont abattues sur lui, nombreux sont ceux qui crient à la discrimination et au retour des pratiques de l'ancien régime basées sur l'exclusion et le rejet de tous les signes qui ont un lien avec l'Islam.

Convoqué au stage de la sélection nationale, le joueur de l'USMO, Ahmed Ben Said, n'a pas supporté les remarques de Ali Benzarti concernant sa barbe bien fournie, et a décidé de prendre ses cliques et ses claques.

Interrogé sur ce scandale, Ali Benzarti a estimé que tous les joueurs de la sélection doivent respecter les termes de leur charte sportive qui interdit les barbes mal rasées comme c’était le cas du joueur Naïm Dhifallah qui a obéi aux principes de la charte en «soignant» sa barbe.

Selon Benzarti, Ahmed Ben Saïd n’a pas accepté de se soumettre aux règles et il a quitté le stage de la sélection, lançant partout des rumeurs selon lesquelles il a été écarté du groupe pour des raisons religieuses.

De son côté, le sélectionneur national Adel Tlatli a déclaré dans un premier temps que les joueurs peuvent laisser pousser la barbe avec une certaine limite, insistant sur le fait que Ben Said a préféré s'écarter, suite une mauvaise interprétation des propos du président de la FTBB. Mais il a, par la suite, dérapé lorsqu'il a insinué, dans une interview radiophonique, que la barbe est un signe de saleté et que les sales n'ont pas de place dans une sélection qui représente le pays !

Mais quoi qu'il en soit, il est clair pour les défendeurs de Ben Saïd qu'il a été rejeté à cause de sa barbe et qu'au lieu de le convaincre de la soigner même s'il demeure libre de la garder comme elle l'est, le Président de la Fédération et l'entraineur national ont choisi la confrontation et l'exclusion.

Pour ces protestataires, dont les positions sont très nombreuses, il est regrettable que dans un pays musulman comme le nôtre, des joueurs soient réprimandés ou discriminés à cause de la barbe, rappelant qu'il s'agit quand même d'une sunna du prophète Mohamed. Aors que sous d'autres cieux, les Etats-Unis en l'occurrence, la barbe est devenue un véritable look que nombre des basketteurs de haut niveau adoptent, sans que cela ne pose aucun problème.

D'ailleurs, ces protestataires ne cessent de relayer l'issue d'une affaire similaire qui vient de se dérouler aux States. Où un Tunisien dénommé Ali Boubaker vient de gagner son procès qu'il a intenté pour discrimination à cause de sa barbe. Un tribunal de la ville de Détroit a décidé de l’indemniser à hauteur de 1,2 million de dollars pour réparer les préjudices qu'il a subis à cause de la discrimination et du rejet.

Pour ces défenseurs de Ben Saïd, cette affaire bien malheureuse est venue prouver que certaines pratiques et mentalités de l'ancien régime continuent à avoir la peau dure. Alors que pour d'autres, ces réactions sont disproportionnées. Le joueur représente le pays et il est tenu de respecter les termes de la charte sportive et la discipline du groupe.

De nombreuses questions demeurent sans réponse: Où se trouvent le choix personnel et la liberté individuelle? A partir de quand une barbe est-elle acceptable ou trop longue? En quoi la barbe influe-t-elle sur le rendement du joueur? Arrivera-t-on un jour à nous accepter mutuellement avec nos différences pour vivre ensemble en paix dans ce pays qui nous unit.

Omar D.