Attaque contre Hammam Chott : Qui s’en souvient encore?

Attaque contre Hammam Chott :  Qui s’en  souvient encore?

 

Qui se souvient encore de l’attaque israélienne contre le paisible village de Hammam Chott, le 1er octobre 1985 ? Il n’y a pas longtemps, cet événement  est commémoré par les Tunisiens et les Palestiniens, en présence de hautes personnalités des deux pays. Feu Yasser Arafat et Mahmoud Abbas assistaient souvent à cette commémoration. Mais avec le temps cette opération appelée par ses commanditaires «  Jambe de bois », est tombée dans l’oubli. Plus personne ou presque n’en parle, ni ne s’ne souvient. Ni parmi les responsables de l’Etat tunisien ni parmi les politiques ni encore parmi les gens des médias. Et pourtant il s’agit bien d’un « événement exceptionnel » comme l’a qualifié Béji Caid Essebsi dans son livre « Habib Bourguiba, le bon grain de l’ivraie », page 256.

Le 1er octobre 1985, à 7 heures du matin, 10 F-15 Eagles décollent en direction de la Tunisie (2 d'entre eux ne sont pas chargés de bombes et sont chargés de l'escorte) pour une mission longue visant un objectif distant de 3 000 kilomètres. Le ravitaillement des avions se fait en vol à mi-chemin vers 10 heures.

Les avions ne trouvent aucune opposition pour les empêcher de pénétrer l'espace aérien tunisien et de bombarder le quartier-général de l'OLP sis à Hammam Chotte, dans la banlieue sud de Tunis. L’attaque visait principalement Yasser Arafat qui a été retenu au cimetière pour se recueillir sur dépouille de l'ancien ministre tunisien Abdallah Farhat. L’attaque a fait 68 victimes parmi les membres de la fameuse Force 17 palestinienne(50) et les membres de la sécurité tunisienne(18).

La question qui préoccupe dès lors le président Habib Bourguiba, demeure la position de Washington du raid à un moment où l'opposition tunisienne, toutes tendances confondues, reproche au gouvernement son alliance avec Washington et exige la rupture des relations diplomatiques avec les Etats Unis.

Il a déclaré à l'ambassadeur américain à Tunis qu'il avait fait convoquer au lendemain de l'agression : « Je suis dans la situation d'un homme qui a toujours cru à la fidélité de son épouse, qui découvre au terme de cinquante années qu'il a été trompé et qui se demande s'il n'a pas été trompé depuis le début ». Il a m^me annoncé au ministre des affaires étrangères Béji Caid Essebsi  qui conduisait la délégation tunisienne à l’Assemblée générale des Nations Unies qu’il « romprai les relations avec les Etats Unis s’ils nous opposent leur véto ».

Au conseil de sécurité, des négociations sont rapidement entamées qui aboutissent à une résolution ne mentionnant pas les Palestiniens et condamnant le raid sans toutefois s'attaquer directement à son auteur. À la suite des pressions internes aux États-Unis, de la condamnation ferme des Européens et de l'intervention de Bourguiba, les États-Unis optent pour l'abstention. Le texte adopté par quatorze voix et une abstention, outre la condamnation de l'attaque, demande des compensations financières pour les dommages subis par la Tunisie et exige des États membres des mesures pour éviter la répétition de cette agression.

En décembre de la même année, la Tunisie présente à l’ONU  un rapport détaillé sur les dégâts causés par le raid israélien. Dans ce rapport de 127 pages, élaboré par une commission d'enquête spéciale constituée par le gouvernement, la Tunisie avance le chiffre de 68 morts (50 Palestiniens et 18 Tunisiens) et 5 432 125 dinars de dégâts matériels. Le gouvernement tunisien se réserve « le droit de réclamer des dommages et intérêts pour violation de sa souveraineté et atteinte à son développement économique et social » compte tenu du fait que, selon la commission, il est impossible d'évaluer l'ampleur du préjudice subi. Toutefois, la partie de la résolution estimant que la Tunisie a droit à « des réparations appropriées suite aux pertes en vies humaines et aux dégâts matériels dont elle a été victime » restera lettre morte. Jusqu’à nos jours.

Avec Wikipedia

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