Beau joueur Kamel Ayadi, malgré un pincement au cœur

Beau joueur Kamel Ayadi, malgré un pincement au cœur

 

La photo de l’ancien ministre de la fonction publique de la gouvernance et de la lutte contre la corruption Kamel Ayadi arrêtant un taxi pour rentrer chez lui après avoir fait la passation avec son successeur Abid Briki a été largement commentée. Les commentaires pour la plupart élogieux à l’égard d’un homme connu pour sa probité et son intégrité morale, ont démontré que les Tunisiens savent apprécier ce genre de geste à sa juste valeur. Cela ne se passe pas uniquement dans les pays développés. Les internautes qui lui ont rendu hommage pour les efforts déployés en peu de temps à la tête d’un ministère stratégique, n’ont pas caché leur regret de le voir quitter ce département au moment où il a presque fini de dégraisser le mammouth, en initiant un plan de lutte contre la corruption et en remettent de l’ordre dans le fonction publique, longtemps stigmatisée, à tort ou à raison.

De passage, ce lundi 5 septembre,  dans la matinale de la radio nationale avec Hatem Ben Amara, Kamel Ayadi est revenu «  pour la dernière fois », a-t-il souligné, sur ce geste pour expliquer qu’il n’a,  nullement, été préparé pour faire du populisme, car « le populisme c’est faire appel aux medias pour filmer  une action de propagande politique notamment, comme le fait de se montrer en train de distribuer des aides à de pauvres citoyens, d’essuyer leurs larmes et de compatir à leur douleur  ». Ayadi a été lui même surpris de voir la photo circuler de cette manière sur le net dépassant les frontières du pays. Son auteur, un blogueur, qui s’est manifesté après l’appel qu’il lui a lancé, a confirmé « l’instantanéité » de la photo qui a été prise de manière spontanée, à l’insu de l’ancien ministre.

En presque 30 minutes, Kamel Ayadi  a parlé  en tant qu’homme d’Etat respectueux des valeurs de la République qu’il a servie dans diverses responsabilités. Non sans un petit pincement au cœur d’avoir été rapidement remercié alors qu’il venait à peine de commencer. « Cette instabilité gouvernementale est préjudiciable à l’image du pays », a-t-il expliqué. « Nos partenaires sont de plus en plus réticents et hésitent à s’engager de peur  que cette incertitude ne devienne chronique ». C’est pourquoi il souhaite que le gouvernement Chahed puisse travailler dans la sérénité et avoir le temps de réaliser son programme d’action. Tant il est vrai que nous sommes au 8ème gouvernement depuis le 14 janvier 2011 et que les gouvernements éphémères sont promis à une vie brève et souvent  chaotique. Ils ne peuvent pas engager de grandes réformes ni initier de stratégies ambitieuses, à peine arrivent-ils à gérer le quotidien.

L’ancien ministre qui a préféré passer son temps à travailler qu’à parler et s’est dit avoir le sentiment du devoir accompli, regrette la disparition de la lutte contre la corruption dans les attributions du ministère. Expert international en stratégie de gestion de l’intégrité et de lutte anti-corruption, il connait toutes les modalités de lutte contre ce phénomène. Il a créé en 2005  le Centre international pour la lutte contre la corruption et l’Institut mondial de l’éthique et du leadership et  a aussi participé à la réalisation de plusieurs études et des consultations sur ces sujets. C’est pourquoi,  il a appelé le chef du gouvernement à revoir cette décision parce que, a-t-il estimé l’exécutif doit disposer de mécanismes de prévention pour  pouvoir mettre en œuvre une stratégie concertée de bonne gouvernance et de  lutte contre la corruption.

Beau joueur, il a recommandé à ses anciens collaborateurs à soutenir les efforts de son successeur Abid Briki et à continuer sur le même élan, car « la réussite de ce gouvernement est une réussite pour la Tunisie ». Mais un éventuel échec impacterait la situation générale du pays et l’entrainerait dans une crise sans lendemain.

B.O

 

 

 

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