Béji Caid Essebsi et le déficit d'état

Béji Caid Essebsi et le déficit d'état

 

Le Président de la République n’y est pas allé par plusieurs chemins, et il n’a pas hésité à lâcher le mot, en déplorant « un déficit d’état ». C’était jeudi 11 juin à l’ouverture du colloque sur « la prospection et la planification stratégique en Tunisie». Lui qui a bâti tout son programme électoral sur le rétablissement de l’autorité de l’état. Arrivé à Carthage, il a promis, que «l’année 2015 sera, par excellence, celle du travail et de l’effort, mais aussi celle de la stabilité, de la consolidation de l’autorité de l’Etat et du rétablissement de la confiance en les institutions ».  Et si c’est le chef d’état en personne qui le déclare haut, c’est que le feu est en la demeure. Il n’échappe à personne que cette autorité se dégrade de jour en jour et que, des fois, on a l’impression de vivre dans un pays où le respect de la loi est devenu une exception. Exception qui confirme la règle.

Le pays connait depuis l’investiture du gouvernement Essid une escalade sans précédent avec des grèves à répétition, des débrayages et des troubles qui l’ont plongé dans une crise profonde.  Cette crise se trouve aggravée par les menaces terroristes, le trafic de tous genres et la faiblesse des institutions et leur incapacité d’assurer le bon fonctionnement des services publics. Car, quand  des citoyens commettent des agressions contre des personnes investies de l’autorité publique, incendient des bâtiments publics, bafouent régulièrement la loi et sont auteurs de troubles qui menacent l’ordre public, l’on en droit de se demander si nous étions dans une société de droit et si  l’Etat existait encore.

Toutefois, le Président de la République s’est montré ferme et résolu. « L’Etat, a-t-il dit, doit assumer son devoir », le devoir de consolider son autorité par l’application de la loi. « Les récents évènements du sud sont loin d’être innocents », a-t-il ajouté et qui sont fomentés par « des parties qui  encouragent les tentatives de dissensions ». Les démons de la division et de l’insurrection sont en train de faire surface. Ce qui représente une grave menace pour l’intégrité du pays  et sans une intervention énergique le risque de désintégration serait réel.

Certes, l’intervention du chef de l’état dans une situation de crise rassure et dissipe le doute. Mais il faut joindre l’acte à la parole. L’autorité de l’Etat suppose la réunion de plusieurs conditions, dont notamment, «  l’existence d’un dispositif institutionnel efficace, d’un appareil d’Etat capable, crédible et impartial ». Et des responsables alliant compétence et culture de l’état.

Brahim OUESLATI