Ben Guerdane: Quels premiers enseignements faut-il en tirer ?

Ben Guerdane: Quels premiers enseignements faut-il en tirer ?
 
 
La farouche riposte des forces de sécurité et les sacrifices consentis en hommes par les habitants de la ville de Ben Guerdane à l’attaque armée que vient de perpétrer des daechiens contre cette ville et qui a fait plus 70 morts dont 50 terroristes et 20 martyrs parmi les citoyens, soldats, militaires, policiers et gendarmes, mérite de figurer parmi les plus grandes batailles que les tunisiens ont eu à mener, durant leur histoire, contre des assaillants étrangers, voire des colonisateurs, pour préserver l’indépendance de la Tunisie et l’intégrité de son territoire.
 
L’attaque, une agression à vocation coloniale
 
Car, empressons de nous de le signaler, l’attaque était menée non seulement dans la finalité de terroriser la population et d’assassiner le maximum de « taghuts » mais surtout de coloniser la ville de Ben Guerdane afin de s’y sanctuariser en toute sécurité. L’ultime objectif des daechiens connus pour être des « transfrontaliers nés » était de déstabiliser, d’abord,  l’Etat tunisien, de le faire reculer, ensuite, au nord et d’ouvrir, enfin,  des couloirs de passage vers l’Algérie, du moins si on croit les experts.
 
Heureusement, l’attaque a été repoussée avec succès et les terroristes ont enregistré de grosses pertes en armes et en hommes. Le plus important a été de les empêcher de réaliser une quelconque avancée, fut elle de quelques secondes, pour hisser leur sinistre étendard sur une institution officielle du pays.
 
Car connaissant leur puissance en communication et propagande, ils auraient pu transformer cette petite intrusion en conquête, voire en « ghazoua  Ben Guerdane ». 
 
L’exploit des forces de sécurité a été manifestement d’avoir réagi rapidement et d’avoir trouvé, à leurs côtés une population locale patriote attachée plus que jamais à son pays, une population que les terroristes croyaient qu’elle leur était acquise du fait de sa marginalisation 60 ans durant par une administration centrale incompétente.
 
Ben Guerdane réconciliée avec les siens
 
D’ailleurs, la réaction héroïque des habitants de Ben Guerdane a illustré de manière éloquente leur patriotisme, montré un autre visage fort positif de cette communauté héroïque et a levé le voile sur la marginalisation et sur l’effort qu’elle déploie pour survivre, au quotidien. 
 
Point d’orgue de ce patriotisme la réaction du père Mabrouk Mouathak suite à l’assassinat de sa fille Sarra. Ce père, bien que blessé dans l’âme,  a fait preuve d’un courage inouï en nous gratifiant de cette belle maxime : « Bladi kbal ouladi et watani kbal batni » (Mon pays avant mes enfants et ma patrie avant mon estomac). 
 
Mention spéciale pour les témoignages poignants du frère du martyr Abdelati Abbdelkebir, chef de l'équipe anti terroriste de Ben Guerdane qui a été assassiné lâchement par des terroristes venus dès les premières minutes de l’attaque lui tendre un traquenard et le tuer de sang froid. 
 
L’attaque de ce village frontalier, réputé pour être,  la « capitale » du commerce informel et de la contrebande, a consacré la réconciliation des habitants de Ben guerdane le commun des tunisiens mais surtout avec l’administration centrale. 
 
Le chef du gouvernement Habib Essid a eu le geste qu’il faut. Il a eu beaucoup de mérite de se déplacer, hier dimanche, sur le terrain et d’annoncer des projets d’infrastructure. Ces projets, pour peu qu’ils soient réalisés dans les temps prévus (à partir de 2016), vont transformer le quotidien des habitants de Ben Guerdane, s’agissant particulièrement d’infrastructure: zone franche, ligne ferroviaire, tronçon autoroutier, station de dessalement, réseau d’assainissement… 
 
Ne compter dorénavant que sur nous mêmes
 
Cela dit, deux enseignements méritent d’être retenus après l’attaque de Ben Guerdane.
 
Le premier consiste en le fait que c’est pour la deuxième fois que la Tunisie soit attaquée par des groupes de rebelles tunisiens formés et  armés en Libye. La première agression armée a eu lieu en 1980 contre la ville de Gafsa, au temps du dictateur Kadhafi tandsi que la deuxième a eu lieu, en mars 2016, au temps des frères musulmans libyens (Fajr Libya).
 
Le second enseignement est de ne plus compter que sur nous-mêmes pour défendre le pays non pas uniquement au plan militaire en mettant en place une armée professionnelle et bien équipée, mais également au plan du développement régional et de l’équité des chances. Il s’agit de faire en sorte que tout tunisien sente partout où il se trouve qu’il n’est plus marginalisé et qu’il doit quelque chose à ce pays, il y  va de notre immunité et de notre sécurité.
 
Quant aux pays occidentaux qui ont miroité aux tunisiens aide solidarité et équipements sophistiqués pour contrôler les frontalières, ils ont brillé par leur absence. 
 
Pis, ils ont fait preuve d’un cynisme exaspérant. Ils ont donné l’impression que le seul objectif qu’ils recherchaient est de recoloniser la région avec d’autres moyens. Avant, ils envoyaient leur troupes pour occuper le terrain. De no jours, ils mobilisent des mercenaires barbares (les daechiens) sans foi ni loi pour accomplir la sale besogne. 
 
N’oublions pas que ce sont nos proches amis occidentaux qui ont déstructuré la Libye et favorisé l’émergence de ces excroissances que sont les daechiens et assimilés. Les algériens ont très vite compris la menace. Les tunisiens, à défaut d’une classe politique clairvoyante et d’une diplomatie anticipative,  l’ont appris par le choc et l’horreur…ET c’est là toute la différence.
 
KIM
 
 

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