Chafik Jerraya chez Samir el-Wafi : de l’ombre à la lumière

Chafik Jerraya chez Samir el-Wafi : de l’ombre à la lumière

Sous tous les régimes y compris en démocratie, il y a toujours des hommes et rarement des femmes de l’ombre qui tirent les ficelles de derrière les rideaux. Ils utilisent les moyens dont ils disposent pour assoir leur pouvoir, soit leur argent soit leur ascendant soit leur connaissance des cercles du pouvoir. Les hommes politique, les yeux rivés sur leurs soucis quotidiens, ont besoin de ceux-là pour se faire l’écho de ce qui se passe dans la société ou plus prosaïquement de leur servir d’informateur de ce que disent les uns des autres ou plus simplement ils ont besoin de leur argent pour leurs dépenses partisanes diverses et variées.

La Tunisie ne déroge pas à la règle. De tout temps il y a eu ce genre de personnage dont on parle beaucoup dans les salons ou en aparté mais rarement sinon jamais dans les médias. L’un de ceux-là actuellement est Chafik Jerraya un homme d’affaires autodidacte qui affirme jouer avec des milliards et posséder des entreprises dans les quatre continents.

Il dit qu’il a constitué sa fortune de rien ayant commencé comme vendeur ambulant des quatre saisons dans sa ville natale Sfax.

Cet homme de l’ombre a préféré hier sortir à la lumière en se faisant inviter par son ami Samir El-Wafi dans son émission dominicale sur la chaîne privée Al-Hiwar Attounssi, « Liman Yajro fakat »(pour ceux qui osent seulement).

Même si ce n’est pas la première fois que l’on voit le personnage sur une chaîne de télévision particulièrement dans les émissions d'el Wafi, il y a lieu de se poser la question pourquoi ce passage maintenant précisément. Surtout que Chafik Jerraya, en verve plus que jamais, était, cette fois-ci, offensif à souhait tirant sur tout ce qui bouge. Chacun a eu pour son grade.

Même si le président Béji Caïd Essebsi a été relativement préservé, il n’a pas été pour autant épargné.

Son entourage a été vilipendé surtout son conseiller Noureddine Ben Ticha accusé d’être " un rapporteur avant de se retrouver à bizzarement à Carthage", dans le sens de celui qui rapporte les propos des uns aux autres par indiscrétion ou pire par malveillance.

Celui qui a été attaqué avec une véhémence plutôt inhabituelle fut Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nidaa Tounès dont il fut cependant un ami proche. A l’entendre HCE est un incompétent, incapable de tenir un discours ou de passer à la télévision, mais surtout politiquement inapte car il n’a pas été en mesure de tenir une réunion de son parti depuis le congrès constitutif tenu à Sousse en janvier dernier.

Pourquoi tant de haine sinon de mépris envers le propre fils du président de la république. Selon ses dires, HCA est en train de dire dans tous les cercles que Chafik Jerraya sera jeté en prison.

Cela explique ce grand ressentiment envers lui. Cela expliquerait aussi la sortie du chef du gouvernement Youssef Chahed lorsqu’il a dit que « la place des contrebandiers et des corrupteurs (fasidine) est en prison ». C’est à lui qu’il penserait. « Il n’a pas le droit de dire cela, la seule chose qu’il peut faire c’est de traduire les accusés devant la justice qui elle décide de mettre ou non en prison » s’est-il élevé.

Même s’il a été quelque peu disert sur le dossier libyen, il a fait part de ses « larges connaissances » dans toutes les strates de la société libyenne y compris dans l’Est libyen exhibant pour l’occasion une lettre d’une entreprise autrichienne requérant ses services pour rechercher ses employés kidnappés en Libye.

Sur le dossier des deux journalistes tunisiens Sofien Chourabi et Nadhir Ktari qui se sont évaporés en Libye il a assuré qu’ils sont vivants et a promis de « bonnes nouvelles » à leurs familles « bientôt ».

Le parti Nidaa Tounés continue à lui tenir à cœur même si plusieurs partis lui ont demandé de les rejoindre. Celui qui se présente indirectement comme l’argentier du mouvement mais nie avoir eu recours « à acheter des députés » presse le fondateur de Nidaa Tounés de mettre de l’ordre au sein du Nidaa: « Nidaa n’est pas un restaurant à la carte pour que le président Béji Caïd Essebsi s’y intéresse quand il veut et s’en détourne quand ça lui plait »dit-il.

Lorsqu’on lui oppose l’argument de l’attachement du président de la république à la lettre de la constitution, il n’en a cure. « La constitution interdit au président d’être chef de parti mais non de s’intéresser au parti qu’il a fondé », dit-il.

La question qui se pose donc est le pourquoi de cette apparition surtout que son ami Samir El-Wafi ; malgré certaines gesticulations, lui a servi de porte-voix.

Puisqu’il ne lui a pas opposé des contradicteurs de grand gabarit comme il le fait généralement.

Même les questions ont plutôt donné l’opportunité à l’invité principal de se justifier. D’ailleurs il a été peu interrompu dans ses longs développements, ce qui est inhabituel de la part du présentateur de l’émission.

On peut dire dans ce sens que Chafik Jerraya a eu un plateau en or et il a su s’en servir.

Mais à quel dessein ? L’énigme reste entière. Seuls Samir el-Wafi ou encore Sami Fehri, patron de la chaîne peuvent répondre à la question.

RBR

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