Chebbi: "Les forces centristes ont un rôle historique à jouer"

Chebbi: "Les forces centristes ont un rôle historique à jouer"
 
Le leader du parti Al Joumhouri vient de publier ce matin sur sa page Facebook un appel au rassemblement des forces centristes afin de constituer une alternative dans le prochain parlement.
 
Voici le texte intégral de son appel:
 
"Les élections législatives précèderont donc la présidentielle et auront lieu vers la fin du mois d'octobre prochain. Ainsi en a décidé le "Dialogue National, à la faveur d'un vote dit "majoritaire"". Ainsi en disposera vraisemblablement l'ANC, malgré les réticences timides de plusieurs partis prêts à taire leur opinion et sacrifier leurs intérêts par égard au quartette. Chacun en pensera ce qu'il voudra et l'avenir nous dira s'ils ont bien servi l'intérêt de la Tunisie.
 
Pour l'heure nous pouvons faire le pronostic suivant: si nous prenons comme base les résultats des élections de 2011, en nombre de votants, en quotient électoral dans les différentes circonscriptions et en supposant que les deux pôles de la vie politique (Nidaa et Nahdha) soient effectivement accrédités de 30% des intentions de vote (et ce n'est qu'une supposition), nous aboutirons à une bipolarisation au sein de la prochaine Assemblée où aucun des deux grands partis ne disposera de plus de soixante à soixante-cinq sièges. Entre les deux s'installera une nébuleuse de partis de petite ou moyenne taille qui se disputeront les quelques quatre-vingts sièges restants. Aucun parti n'aura donc de position hégémonique et ne pourra gouverner seul. Les deux grands partis seront vraisemblablement obligés de gouverner ensemble. Rien ne dit qu'ils seront à part égale, nous ne savons pas non plus à qui va échoir la présidence de la république mais elle ne manquera pas de peser de son poids dans ce jeu d'équilibres. Si l'on tient en plus compte des clivages idéologiques qui les séparent et de la méfiance qui caractérise leurs relations, on peut craindre à juste titre que la lutte pour le pouvoir s'installera au sein du pouvoir lui-même et menacera gravement la stabilité du pays. N'ajoutons pas à ce tableau les dangers que font courir à notre pays l'installation de la violence à ses frontières Sud et l'intervention plus que probable des forces régionales aujourd'hui présentes en Egypte, en Libye et partout ailleurs dans le monde arabe, car cela serait à proprement parler apocalyptique!
 
Ce scénario peut sembler excessif, personne ne détient en effet la vérité surtout lorsqu'il s'agit de prédire l'avenir. mais cela a au moins le mérite de pointer du doigt la responsabilité qui pèse sur les forces centristes, celles qui se posent en alternative aux deux échecs qui ont terrassé nos concitoyens: l'ancien régime qui a provoqué la Révolution et plus récemment la troïka qui a engendré tant de déception et d'amertume. Il serait illusoire de croire que ces forces du centre puissent aller aux prochaines élections, unies dans des listes communes ou derrière un candidat unique à la présidentielle. Les clivages politiques, les luttes de personnes, les intérêts partisans et le temps qui presse ne leur donnent aucune chance à s'ériger en force électorale. Elles peuvent par contre constituer un bloc politique fondé sur les valeurs d'une démocratie inclusive et d'un projet social progressiste. un bloc tourné vers l'avenir et qui offre une réponse aux attentes des Tunisiens en matière d'emploi, de développement régional, d'amélioration du pouvoir d'achat, de rétablissement de la sécurité et de l'autorité de l'Etat. Ce bloc uni sur des valeurs sociétales et une vision politique commune offrira aux Tunisiens qui hésitent et doutent un autre choix que celui qui leur est présenté et s'engagera à se transformer demain en bloc parlementaire unique qui pèsera de tout son poids dans les équilibres à venir de la vie nationale.
 
Cette force peut se réunir aujourd'hui en congrès pour définir sa plateforme commune et offrir au pays cette alternative du centre démocrate et social. A ce congrès participeront toutes les forces qui ont porté ces valeurs sous l'ancien régime et celles qui, plus récemment constituées, y adhèrent sans hésitation. Les ententes électorales se feront entre les forces participantes qui se reconnaissent quelques accointances mais toutes seront unies pour garantir au pays une démocratie inclusive, la voie de la concorde nationale et les moyens de répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens.
 
J'en appelle à toutes ces forces, sans exclusive aucune, à engager dès aujourd'hui des pourparlers en vue de constituer un comité préparatoire pour la tenue de ce congrès du centre démocrate et social. Ce congrès changera la donne politique et ne manquera pas d'influencer la configuration électorale."