Congrès de « Machrou3 Tounés » : quolibets, protestation et discours anti-Ennahdha

Mohsen Marzouk, le coordonnateur de Machrou3 Tounés est obnubilé par deux choses, les dates phare du mouvement national de Bourguiba et le mouvement Ennahdha. C’est donc l’avant-veille de la fête de la proclamation de la République qu’il ouvre le congrès constitutif de son parti dont il a annoncé la création le 2 mars, jour anniversaire de la fondation du Néo Destour. Quant à Ennahdha, il est avec Harak Tounés el-Irada de Moncef Marzouki, considéré peut-être comme l’appendice du parti islamiste les seuls partis politiques exclus des invités à ces Assises. Parce qu’Ennahdha est, a expliqué Marzouk l’adversaire de son parti et à ce titre et au nom de sa conception de la démocratie, il n’a pas de place parmi les hôtes du Congrès.

Invité à la cérémonie d’ouverture, le président de la République a envoyé une lettre aux congressistes pour se faire excuser. Cela n’a pas empêché que des quolibets fusent dans les bancs en signe de protestation contre cette absence. Béji Caïd Essebsi a pourtant assisté au congrès d’Ennahdha et le moins qu’il puisse faire c’est d’être présent au Congrès du Machrou3 dont les adhérents comme les élus ont fait partie de Nidaa Tounés, le parti fondé par le président de la république. Mohsen Marzouk a dû intervenir pour faire cesser les huées de protestation. « Le parti a accepté les excuses du Chef de l’Etat » a-t-il dit pour calmer ses troupes qu’il a appelées à être au niveau de la responsabilité dans cette période difficile de la vie de la nation.

Le gouvernement d’union nationale auquel Machrou3 est partie prenante a été évoqué par Mohsen Marzouk qui s’est dit de façon implicite défavorable à un chef de gouvernement issu de Nidaa Tounés. « Le chef de gouvernement doit être une personnalité compétente qui ne soit pas choisi sur la base des quotas partisans. De même il doit être libre de choisir ses ministres qui doivent lui obéir et non obéir aux chefs de leur parti », a-t-il précisé. Il a appelé les partis ayant participé aux concertations sur le gouvernement d’union nationale à assurer le soutien politique à ce gouvernement. Mohsen Marzouk qui s’est démarqué d’Ennahdha qui mélange toujours selon lui le politique et le religieux a exhorté les partis politiques présents au congrès de son parti à former « un front démocratique large pour sauvegarder le projet tunisien démocratique et progressiste ».