Dois-je avoir honte d’être Tunisien ?

Dois-je avoir honte d’être Tunisien ?

 

L’auteur présumé de l’attentat contre  le marché de Noel à Berlin est tunisien, celui de l’attentat de Nice est également tunisien. On dit que la Tunisie fournit l’un des plus gros contingents de « terroristes » dans le monde. De quoi penser que ce pays, le nôtre, s’est, d’un jour au lendemain, transformé en une « fabrique » de « bombes humaines ». Dois-je, donc, avoir honte d’être Tunisien ? Absolument pas. Je suis Tunisien et fier de l’être, descendant de vielles civilisations qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de l’Humanité. Originaire d’un pays naguère exemple de mansuétude, d’ouverture et de fraternité. Je suis le descendant d’Hannibal, Jugurtha, Saint Augustin, Dihya Tadmut( La Kahena), l’Imam Sahnoun, Ibn Arafa, Ibn Khaldoun, Aziza Othmana, Moncef Bey, Farhat Hached et…Habib Bourguiba. Un Tunisien imbu de ses origines et de sa Tunisianité. Un Tunisien qui aime la vie et qui aime son prochain, qui vénère les religions, toutes les religions, qui partage les valeurs universelles, qui respecte autrui et prône la solidarité entre les Humains.  
Les semeurs de la mort, ces terroristes fanatiques ne me représentent pas.
Je condamne avec fermeté l’attentat terroriste aveugle qui a frappé de nombreux innocents à Berlin, à la veille des fêtes religieuses, endeuillé toute L’Allemagne qui compte un bon nombre de nos compatriotes, comme j’ai condamné, précédemment, l’attentat de Nice qui a fait plusieurs morts et blessés, ainsi que toute attaque à caractère terroriste en Turquie, au Yemen, au Nigéria  et partout où il se produit. Je me solidarise avec les familles des victimes et j’appelle à frapper, avec toute la force et l’énergie, le terrorisme dans ses antres, à pourchasser les terroristes là où ils se trouvent, à poursuivre leurs protecteurs et financiers, leurs adulateurs et apologistes. Je dénonce avec vigueur la complicité des politiques et des médias qui « prônent » leur retour chez nous et qui « s’activent » à transformer la Tunisie en une « poubelle » des daeschiens par la « faute » ou plutôt « la grâce » d’un article biaisé( article 25) de la Constitution « confectionné » sur mesure.

Une élite et des médias déconnectés  

David Thomson qui était correspondant de RFI en Tunisie après le 14 janvier 2011 parle, dans un livre qui vient d’être publié  sous le titre « Les revenants », d’une « déconnexion » de l’élite tunisienne qui a forgé « une vision complètement biaisée de la réalité ».  Il ajoute qu’en Tunisie « des journalistes locaux, des activistes, des politiques minimisaient ou niaient la menace terroriste en permanence ». Il se souvient de s’être « fait passer un savon » par l’ancien président provisoire Moncef Marzouki fin 2011 pour avoir eu, pendant une interview « l’outrecuidance de lui poser une question sur les djihadistes ». Il évoque « la théorie des fausses barbes », inventée par Sihem Ben Sedrine qui avait en juin 2011 parlé d’un conteneur plein de ces barbes arrivé au port de Radès, pour servir d’alibi contre des anciens membres du RCD dissout qui se seraient « déguisés en djihadistes avec des fausses barbes, pour générer une situation de chaos et permettre le retour de l’ancien régime au pouvoir. »

Sommes-nous devenus amnésiques à ce point ? Quand je vois, aujourd’hui, défiler sur les plateaux de télévision, des personnes connues pour leur accointance avec le « djihadisme », de faux experts et commentateurs,  qui s’évertuent à « blanchir » les terroristes, je dirai que le pays est en danger. Avec un discours qui vous laisse, parfois, de marbre. La complicité est partout et la réaction des partis politiques, principalement ceux qui font partie du gouvernement d’union nationale, se fait attendre. A part l’UGTT qui considère que « l’envoi des jeunes Tunisiens et Tunisiennes aux zones de conflit en Libye, Syrie et Irak et autres constitue l’un des plus graves crimes collectifs commis au cours de la dernière décennie en Tunisie » et appelle à « juger ceux qui ont encouragé le départ des jeunes vers les zones de conflit », les autres organisations, notamment, celles des droits de l’homme, sont restées aphones.

J’appelle la société civile, les démocrates de mon pays, les Tunisiens et surtout les Tunisiennes à se mobiliser pour dire « non aux revenants », n’en déplaise à nos gouvernants qui invoquent à chaque fois cette Loi fondamentale pour nous faire avaler des couleuvres. Ils sont allés tuer des innocents, massacrer des familles, détruire des pays et des civilisations, ils doivent-être rendus à la justice de ces pays pour qu’ils répondent de leurs crimes. En Tunisie, j’ai peur qu’ils ne soient innocentés et jetés comme des chiens enragés contre nous, contre nos femmes et nos enfants. Comme ils ont déjà bénéficié de plusieurs complicités avant leur départ, ils trouveront encore des complices dans toutes les sphères de la société.

La leçon de Ben Guerdane qui a repoussé les terroristes et les a pourchassés en mars 2015 doit raviver l’espoir en nous, renforcer notre amour pour ce pays qui est le nôtre, et   nous servir en ces moments cruciaux pour sauver notre pays.

B.O

 

 

Votre commentaire