Dorsaf Kouki : "Lancer un projet à Kasserine est un véritable défi"

Dorsaf Kouki : "Lancer un projet à Kasserine est un véritable défi"
 
Dans un contexte de mobilisation en faveur de l’entrepreneuriat et de la création de l’emploi, le programme « Thniti » initié by CONECT et le Qatar Friendship Fund qui soutient et accompagne les jeunes promoteurs dans toutes les étapes de leurs projets, continuent à encourager les jeunes investisseurs à lancer leur propre projet.

Dorsaf Kouki, fondatrice du Centre d’Appels C3MK de Kasserine, fait partie de ces jeunes qui ont lancé leur projet grâce au programme « Thniti ». Elle vient même d’être sélectionnée entrepreneure du mois.

Dans cette interview, elle relate son aventure entrepreneuriale qui a  réussi à transformer son rêve en réalité.

Qui est Dorsaf Kouki ?

DK : Trentenaire et originaire de la région de Béja, je suis maman de quatre enfants. À ce jour, je n’ai jamais hésité à m’impliquer et à être active au niveau de la société civile. Auparavant, j’avais étudié le français à l'Institut Supérieur des Langues vivantes de Tunis (Bourguiba School), avant de parfaire mes compétences en bénéficiant d’une formation qualifiante dans le secteur de la logistique et du Transport à Borj Cedria. J’ai ensuite travaillé à partir de 2006 en tant que téléopératrice dans un  Centre d’Appels «Téléperformance»,  d’où m’est venue  cette idée de créer mon propre Centre d’Appels dans l’une des régions de l’intérieur de la Tunisie.

Quelles étaient vos premières motivations pour la réalisation de votre projet ?

DK : Lancer ce projet à Kasserine, loin de la capitale (zone usuellement privilégiée par ce secteur d’activité), a été pour moi un véritable défi pour sa réalisation et sincèrement c’est un véritable miracle de voir, aujourd'hui, sa concrétisation. Cette réalité qui est le fruit de multiples efforts et sacrifices a pris son élan à partir de la prise de conscience de mes capacités opérationnelles, de mon expérience dans le secteur des centres d’appels et de ma forte conviction qu’il est impératif de participer à la création de l’emploi, surtout dans les régions  de l’intérieur.

Comment  « Thniti » initié by CONECT et le QFF  vous ont accompagnée pour la concrétisation de votre projet ?

D K : Le Call Center C3MK est le fruit de plusieurs démarches et d’une patience à toute épreuve qui a duré près de 4 ans.  Et c’est grâce à l’accompagnement du programme « Thniti »   que j’ai réussi à canaliser mes compétences et à mettre sur pied ce projet, et même à bénéficier enfin du prêt de la BTS pour financer le projet et l'acquisition des équipements.

Compte tenu des difficultés que j'ai rencontrées, dans la réalisation de mon rêve, surtout pour convaincre les financiers quant à la pertinence et à la viabilité du projet, la solution consistait à aller vers la CONECT et de le présenter brièvement sur le site Web du programme Thniti (www.thniti.org).

Une fois que mon projet a été retenu, après avoir passé un premier entretien, j’ai bénéficié d’une formation en Business Model Canvas. À la suite de quoi, on m’a affecté 3 coaches : un expert marketing, un expert financier et un coach global. Bénéficiant d’une expérience avérée dans le domaine de l’entreprise, ils m’ont accompagnée et conseillée dans les moindres détails du projet. Et c’est à partir de là que les démarches de mon projet ont commencé à se concrétiser.

En quoi consiste ce projet ? Quelles sont ses marchés cibles et que signifie la dénomination C3MK ?

DK : Ce projet « Call Center C3MK » est un centre d’appels au service des compagnies étrangères et tunisiennes employant des jeunes diplômés de la région.

Bien installée dans nos locaux, notre activité a commencé depuis seulement 3 mois (octobre 2016). Nous avons actuellement 5 téléopérateurs actifs pour 13 postes (qui évolueront incessamment à 23). Trois nouveaux téléopérateurs sont en cours de formation. Le coût du projet est de l’ordre de 73 mille dinars y compris le matériel, les logiciels et le CRM. Nous avons obtenu, dans un premier temps, quelques marchés « d’émissions d’appels » qui sont moins juteux, mais plus faciles à obtenir. Je cite, entre autres : « Vitale Santé », une Mutuelle santé française, et « Google Adwords. Nous espérons obtenir prochainement des marchés de « Réceptions d’Appels » qui nous serons plus lucratifs.

La lettre « C » de C3MK fait allusion à Call center, «3M» rappellent les initiales des prénoms de mes 3 premières filles qui commencent un « M », alors que le « K »  représente la première lettre de Kasserine.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?

Parmi les difficultés rencontrées, dans l’exercice de notre activité, la maîtrise de la langue française par les demandeurs d’emplois de la région, cependant nous leur assurons des formations accélérées pour le perfectionnement. Nous avons aussi quelques difficultés à décrocher des marchés auprès des organismes tunisiens : exemple de la poste tunisienne (1200) ou Tunisie télécom ou même avec les municipalités pour leurs opérations de sondage et de sensibilisation.

 

Propos recueillis par Samir Belhassen

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