Emeutes: Mais où est passé le pouvoir politique ?

Emeutes: Mais où est passé le pouvoir politique ?
 
 
Les émeutes qui viennent d’éclater partout dans le pays ont été marquées par une absence totale du pouvoir politique en Tunisie, faisant croire que le pays était sans leadership et sans base populaire régionale. 
 
Signe dramatique de cette défection du pouvoir, la décision du président de la république Beji Caid Essebsi de s’adresser au peuple n’est intervenue qu’une semaine après le déclenchement des manifestations. 
 
Pis, le jour du décès, à Kasserine,  du jeune chômeur Ridha Yahiaoui, décès à l’origine des émeutes, le chef de l’Etat se recueillait au mausolée de Sidi Bou Said , tandis que l’Assemblée des représentants du peuple demandait, sans grande conviction, une séance plénière avec le chef du gouvernement, alors que ce dernier et ses ministres se la coulaient douce à l’étranger, plus exactement à Davos en Suisse, à Paris, à Londres et au Maroc, sous prétexte qu’ils étaient en voyage de travail pour mobiliser des fonds extérieurs.
 
Autre illustration éloquente, le porte-parole du gouvernement, Khaled Chouket était tellement pressé de prendre l’avion, alors que les émeutes étaient à leur apogée, n’a pas manqué d’attiser le feu en commettant cette bourde de communication en annonçant le recrutement de 5000 emplois à Kasserine alors qu’il n’en était rien. Il a fallu que « son collègue » le ministre des finances corrige, le lendemain, l’information et donne ainsi une idée sur « l’esprit d’équipe » qui règne au sein de ce gouvernement.
 
Le nouveau ministre de l’Intérieur n’a pas échappé à la règle. Il n’a pas osé pointer son nez en dehors de son département. Nous sommes bien loin du remuant prédécesseur Najem Gharsalli qui sillonnait le pays du nord au sud.
 
Absence sur le terrain des troupes de Nidaa Tounes et d’Ennahdha
 
Sur le terrain des émeutes, l’absence du pouvoir politique était criarde. Les troupes des partis qui forment la coalition gouvernementale Nidaa Tounès, Ennahdha,  Afek Tounès et l’Union patriotique libre étaient totalement inexistantes. Elles se donnaient en spectacle les affrontements. 
 
Cette absence du pouvoir donnait l’impression que ces partis n’avaient aucune base, voire aucune assise populaire dans les régions où avaient éclaté les émeutes. Signe que l’argent sale qui avait servi pour acheter les consciences est passé par là. 
 
Résultat : seules les forces de sécurité, démunies en nombre par l’effet de leur intervention partout dans le pays et plombées par des instructions leur sommant de garder leur sang froid, étaient en confrontation disproportionnée avec des dizaines de milliers de manifestants qui étaient loin d’être homogènes. 
 
Au regard des dégâts occasionnés (pillage des magasins, des entrepôts municipaux et de douane, assaut contre la prison de Kasserine, incendie des postes de police, tentative de traverser illégalement les frontières…), ces manifestants étaient composés de protestataires nobles, ceux qui revendiquaient un emploi, mais aussi de minables pilleurs, de contrebandiers et de terroristes, une communauté de malfrats qui ne se manifestent que lorsqu’il y a le désordre.
 
Emergence du crime organisé
 
Mention spéciale pour ces pilleurs organisés. Leur apparition au cours des émeutes démontre de manière claire que la Tunisie est confrontée à un nouvel danger : l’émergence du crime organisé.
 
Des témoins parmi des magistrats et des policiers à la retraite à Kasserine, à Bouhajla, à Kairouan, à la cité Etthadamen,  ont fait état de groupes d’une cinquantaine de personnes jeunes cagoulées, disciplinées, déterminées et armées jusqu’aux dents pour venir à bout de toutes sortes de fermetures et de serrures de locaux.  Cela pour dire que la menace est réelle et mérite d’être étudiée et suivie de près. A bon entendeur.
KIM
 
 

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