Etat palestinien: La reconnaissance européenne en attendant la consécration internationale

Etat palestinien: La reconnaissance européenne en attendant la consécration internationale

 

Il s'agit, à n'en point douter, d'une victoire historique pour la Palestine, mais aussi pour le droit international. En apportant ce mercredi son soutien de «principe» à la reconnaissance de l’Etat palestinien, le Parlement européen vient de franchir un pas important dans le règlement du conflit le plus têtu de l'histoire du Moyen-Orient.

Avec 498 voix pour et 88 voix contre, le Parlement vient d'adopter une résolution qui «appuie en principe la reconnaissance de l’Etat palestinien et la solution fondée sur deux Etats», mais cela «devrait aller de pair avec le processus de paix, qui devrait être remis en marche».

C'est au terme d'âpres négociations élaborées par cinq groupes politiques du Parlement que ce texte a fini par être élaboré. La gauche radicale, les socialistes ainsi que les Verts souhaitaient appeler les Etats membres à reconnaître l’Etat palestinien, mais le PPE (droite), principale formation politique du Parlement, a pesé pour lier cette perspective à une relance des pourparlers de paix.

Malgré les divergences d'approches entre ceux qui voient dans la reconnaissance de la Palestine comme un catalyseur pour la paix et ceux pour qui la paix doit être une condition préalable, difficile de rester insensible à ces instants rares à Strasbourg.

Nombre de parlementaires n'ont pas caché leur satisfaction, saluant «une décision historique» et une «victoire de l’ensemble du Parlement». Une chose est sûre, le vent de reconnaissance de la Palestine en Europe est en marche depuis quelque temps. Après la Suède, c'est au tour des Parlements français, britannique et espagnol d'appeler à cette reconnaissance. Au total, ce sont 135 pays, soit près de 70% des 193 Etats membres de l'ONU qui reconnaissent désormais la Palestine.

Au même moment, le tribunal de l'Union européenne vient de décider le retrait du Hamas de la liste des organisations terroristes pour vice de procédure, en annulant les décisions du Conseil européen qui, malgré cela, continue à maintenir l'organisation sur la liste des organisations terroristes de l'UE.

Néanmoins, la deuxième juridiction des Vingt-Huit a maintenu temporairement les mesures à l'encontre du mouvement palestinien, dont le gel de ses fonds, pour une période de trois mois, juste le temps que toutes les possibilités d'appel soient épuisées.

Dans un communiqué rendu public, la Commission estime que ce retrait « est une décision légale et non une décision politique prise par les gouvernements de l'UE », qui « prendra en temps voulu les actions correctives appropriées, y compris un rappel éventuel».

Rappelons que, c'est dans la foulée des attentats du World Trade Center, que l'Union européenne avait créé sa liste des organisations terroristes. Elle y avait inscrit la branche armée du Hamas avant d'y adjoindre la branche politique, en septembre 2003. Pour les mêmes motifs de procédure que ceux retenus pour le Hamas, la Cour européenne de justice avait retiré de sa liste des organisations terroristes, en octobre 2014, le mouvement séparatiste Tamoul des Tigres de libération de l'Eeelam, tout en maintenant là aussi le gel de ses avoirs.

L'Autorité palestinienne, pour sa part, continue à hue et à dia à demander la fin de l'occupation israélienne. C'est dans cette perspective qu'elle a soumis ce mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution qui devait mettre fin, d'ici à deux ans, à cette occupation qui viole les règles les plus élémentaires du droit international.

En attendant, osons espérer que l'Oncle Sam, comme à son accoutumée, n'oppose pas son veto. Car, c'est désormais bien connu, l'Amérique, associée "aveugle" de l'Etat hébreu, a toujours été viscéralement opposée à toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens.Une attitude indigne d'un Etat qui se prévaut le gendarme du monde.

En cas de rejet du projet de résolution, l'Autorité palestinienne ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Elle solliciterait son adhésion à diverses organisations internationales, dont la CPI. Ce qui lui permettrait de plaider sa cause, quitte à poursuivre les bourreaux israéliens après les boucheries perpétrées à Gaza. Reste à savoir si justice sera rendue, la politique du "deux poids deux mesures" étant toujours là pour nous le rappeler.Une véritable aberration !

O.D.