Femmes et politique : Encore du chemin à faire

Femmes et politique : Encore du chemin à faire

 

Historiquement, les femmes ont été tenues à l’écart des instances du pouvoir. Même si ce constat de la sous-représentation des femmes en politique est aujourd’hui largement partagé et déploré, la politique reste un univers largement dominé par les hommes, que ce soit au niveau local ou national.

Car la « domination masculine » en politique ne va pas de soi. L’absence de représentation égale des femmes et des hommes dans le processus de prise de décision politique est une violation du droit fondamental à l’égalité hommes/femmes.

Si l’objectif que nous nous fixons est une représentation paritaire, qui s’accomplisse naturellement par la voie de l’élection, je demeure convaincu qu’il ne suffit pas d’attendre l’évolution des mentalités et des habitudes. Il faut imposer les quotas obligatoires faute de quoi le parti fautif sera déclaré illégible.

Entraves structurelles

Encore aujourd’hui, les femmes doivent affronter une multitude d’obstacles pour entrer en politique. Des études expliquent la sous-représentation des femmes par des entraves structurelles causées par des pratiques discriminatoires :

  • Les barrières socioculturelles : poids des préjugés et perceptions culturelles concernant le rôle des femmes ;
  • Le fonctionnement des partis politiques : manque de promotion des candidates, difficulté à obtenir une position éligible ;
  • Le système électoral qui limite le renouvellement du personnel politique.

Là où se concentrent le pouvoir et les influences, les préjugés ont la vie dure. Les femmes ne seraient pas assez ambitieuses, n’auraient pas les qualités requises pour être de bons politiques… Parmi les critiques récurrentes du système de quotas, on retrouve souvent l’idée qu’il contrevient au principe d’égalité. Le quota romprait l’égalité devant le suffrage entre les hommes et les femmes. Ainsi, en France, plusieurs tentatives législatives ont échoué avant le vote de la première loi en faveur de la parité en juin 2000.  La mise en œuvre de quotas rencontre de nombreuses critiques du personnel politique. Beaucoup considèrent qu’une politique de discrimination positive au regard de l’élection est une méconnaissance de la démocratie. Il revient à l’électeur et à lui seul de choisir ses représentants. On ne peut lui imposer quelqu’un. Les hommes politiques ajoutent : « les électeurs m’ont choisi, et ils revoteront pour moi car ils approuvent mon bilan ».

Les femmes, une clientèle électorale

Cette critique n’a pas de sens pour qui connaît le fonctionnement électoral. Ce sont généralement les partis qui investissent des candidats et les électeurs votent entre des candidats désignés. Il nous semble qu’au contraire, la représentation paritaire des femmes et des hommes à la vie politique est l’un des fondements de la démocratie. « Il ne saurait y avoir de démocratie sans un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques où hommes et femmes agissent dans l'égalité et la complémentarité, s'enrichissant mutuellement de leurs différences » Et sa réalisation est une question de volonté politique.

Les partis politiques devraient pourtant prendre conscience que les femmes constituent une clientèle électorale importante, dont il est nécessaire de prendre en compte les préoccupations et qu’il convient d’associer aux prises de décision.

Les quotas en faveur des femmes n’ont pas pour but de discriminer (les hommes) mais de compenser les barrières actuelles qui existent au sein des sociétés et empêchent les femmes d’accéder aux fonctions politiques. Ils ne constituent pas une solution miracle, mais permettent de corriger l’inégalité de moyens et d’accès au suffrage entre les hommes et les femmes. Ils peuvent aussi renforcer la démocratie interne dans les partis en formalisant les règles de recrutement et en les rendant plus transparentes.

Mesdames ne vous laissez pas voler votre place

Le vrai moteur est la volonté politique de féminiser le monde politique. Si cette volonté existait, il n’y aurait pas de besoin de quotas. Mais comme elle fait défaut, les quotas peuvent suppléer la forte volonté politique nécessaire.

La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux des hommes. Mesdames ne vous laissez pas voler votre place dans les cercles de décision politique. On n’a rien sans rien. La révolution, une chance pour les femmes Tunisiennes.

Klai Abdessatar

Paris le 13/08/2015