Haro sur "les députés terroristes"!

Haro sur "les députés terroristes"!

 

Elle n’a pas mâché ses mots la député de Nida Tounes Ons Hattab en déclarant en pleine séance plénière au palais du Bardo, lors de son intervention au cours du débat général sur la loi antiterroriste, que «le bureau de l’Assemblée prenne l’initiative de demander à la séance plénière de lever l’immunité des députés ‘‘du terrorisme’’», sans bien sûr nommer qui sont ces derniers.

La Presse qui, sous la plume de Abdelkrim Dermech est revenue dans sa livraison de dimanche 26 juillet sur cette déclaration a contacté la députée qui  persiste et signe.  «Oui, précise j’ai bien exigé que les députés du terrorisme soient privés de leur immunité parlementaire pour que la justice puisse leur infliger les sanctions pénales qu’ils méritent. Pour moi, il n’est plus question que des députés qui incitent à la haine et soutiennent les terroristes puissent continuer à siéger au sein du Parlement et à tenir un discours double qui ne peut plus tromper personne ».
Plus que jamais attachée à son initiative «au plan moral et politique», Ons Hattab dénonce les tentatives de récupération par certains autres  députés qui ont déjà fait circuler une pétition dans laquelle ils veulent que les «députés du terrorisme» (il semble qu’au sein du palais du Bardo l’appellation ne choque plus personne et qu’elle est adoptée y compris dans des documents écrits) soient expulsés du Parlement », et de nommer .
Fayçal Tebbini, président du parti la Voix des agriculteurs, qui lui a demandé « de signer la pétition en question. Elle a ajouté qu’elle a « découvert que certains députés du Courant démocratique (Ndlr: trois députés de ce parti, Samia Abbou, Ghazi Chaouachi et Noômane Euch, se sont abstenus lors du vote de la loi antiterroriste tout comme Tebbini) ont déjà signé la pétition. Pour moi, cela relève de la récupération et de la surenchère et personne parmi les députés au Bardo ou parmi les acteurs du paysage politique ne pourra en être dupé».
Essayant d’en savoir davantge sur comment pourrait-on reconnaitre  « les députés terroristes », le journal a contacté le constitutionnaliste Kaïs Saïed, qui affirmé que «l’affaire est purement politique. Il s’agit de positions qu’expriment certains députés à l’encontre de leurs collègues. A ma connaissance, il n’y a pas de députés qu’on peut qualifier de ‘‘terroristes’’».
Reste comment juger les opinions d’un député ou ses positions. L’article 68 de la Constitution est clair, puisqu’il dispose qu’aucune procédure de justice ne peut être prise à l’encontre d’un membre du Parlement pour ses opinions, ses propositions ou des actions qu’il entreprend en relation avec sa fonction représentative».
Et le Pr Kaïs Saïed d’ajouter : «Le député ne peut être arrêté qu’en cas de flagrant délit. Et dans ce cas, le parquet doit aviser immédiatement le président de l’Assemblée des représentants du peuple. Le bureau de l’Assemblée peut se réunir sur-le-champ et demander la libération du député. Il est immédiatement relâché».

Cette affaire risque de faire couler beaucoup de salive et d’encre. Elle aura certainement des suites si la députée arrive à récolter beaucoup de soutiens.