Héla Boujneh, militante des Droits de l'Homme, dénonce "une agression et une intimidation policière"

Héla Boujneh, militante des Droits de l'Homme, dénonce "une agression et une intimidation policière"

Elle n'est ni bloggeuse, ni rappeuse et pourtant Hela Boujneh vient de subir "une agression et une intimidation policière" selon un témoignage qu'elle a publié sur sa page Facebook. "Mon crime, ajoute-elle, c'est d'être activiste et croyante en les droits de l'Homme".

Jusque là, cette jeune femme était peu connue du grand public, pourtant elle représente dignement cette jeunesse Tunisienne qui a cru, dur comme fer, en une nouvelle ère en Tunisie, une ère de liberté, de démocratie et de droits de l'Homme. Juste après la révolution, elle s'était engagée dans le travail associatif et a suivi de très près le processus de transition démocratique autant elle croyait en un avenir meilleur pour sa patrie et pour ses pairs. Son engagement lui a valu d'être nommée Personnalité d’avenir 2013 de la Tunisie par l’Institut Français et l’Ambassade de France, Coordinatrice Régionale de l’Association de Défense des Droits de l’Homme. Elle est également doctorante en droit, membre de l’association de la Jeunesse Tunisienne, Administratrice et Représentante du réseau Active Generation en Tunisie.

Voici l'intégralité de son témoigange :

"Le soir du dimanche 24 Aout 2014 , mon père a reçu un appel téléphonique de mon frère lui disant qu'il été arrêté par la police car il roulait sur une moto sans papiers , le poste de police de Bab Bhar a Sousse, encore sous le choc du meurtre des deux filles a Gasserine j ai pris mon sac et j'ai accompagné mon père au poste de police. Une fois là bas a 23 h du soir à peu près , on nous a interdit de rentrer ...J ai sympathisé avec les officiers qui étaient dehors, on a parlé de la surcharge de leur travail et j'ai même convenu avec l'un d'entre eux de nous entraider pour mener à mieux le travail des policiers dans le cadre de notre association. J'ai pris quelques photos devant le poste de police..à 1h du matin j ai entendu mon frère crié... J ai eu peur pour lui donc je me suis précipité vers le couloir où il était assis sur une chaise , je lui ai dit " Ne cries pas , n'aies pas peur, tu n'es pas seul, il y a des associations derrière toi" , A partir de cet instant tout a changé, les policiers , qui étaient nombreux ( fin de service ; flics en uniforme, en civil à peu près 7 ou 8 ) ont commencé à nous pousser pour nous faire sortir du poste , une voix s'est élevée : "laisses la fille , je vais ramener les menottes" après avoir été poussée j ai senti une force derrière moi qui me pousser vers une autre pièce, le flic me collait tellement que j'ai eu l'impression qu'il allait me violer , ensuite il m'a paralysé en mettant ses mains d acier sur mon cou et avec un mouvement de haut en bas il m a presque fait perdre conscience, une fois menottée il m'ont mis sur le banc en faïence, j'ai eu droit à une panoplie d'insultes suite à quoi on m a accusé d'avoir agressé deux policiers ( coups sur les testicules, fractures), le chef de police n a pas cru que j étais enseignante vacataire ni doctorante en droit , il n arrêtait pas de me traiter de menteuse, il m'a confisqué le téléphone et m a dit que j ai pris les photos pour revenir bruler le poste, que j ai tenté de faire fuir mon frère, et que j ai violé toutes les lois ...j'ai refusé de signer le rapport et on m'a emmené à la geôle, il était presque 4H du matin quand j'ai découvert l'autre monde qui se cache derrière le beau bâtiment de Bab Bhar, j 'ai attendu menottée le sort que je croyais noir à jamais...les détenues m'ont fait remarqué que j avais des bleus sur mon cou et m'ont même conseillé de garder mes cheveux lâchés pour que les policiers ne s'en rendent pas compte sinon ils me garderont en détention le temps que les traces disparaissent pour cacher cette agression.
LES CONDITIONS INHUMAINES de détention et LE MAUVAIS TRAITEMENT m'ont désenchanté.
ON n'a refusé de m'enlever les menottes d'ailleurs un des gardiens m'a dit " apparemment tu aimes beaucoup de choses et tu aimes qu'on te fasses beaucoup de choses " en me lançant un regard vicieux et pervers.
A Midi passé , après avoir désespéré, j'entends mon nom et on vient ouvrir la porte en fer, la police judiciaire me demande de signer le rapport de détention, je refuse...
on m'emmène au palais de justice , l'adjoint au procureur de la République me dise " Tu sais Héla Ta faute c'est de croire en les droits de l'Homme et aux associations, redescends sur terre , tu risques ta carrière", le juge contenal me demande " Est ce vrai que tu as frappé un agent de police,? je lui dit : mais je n ai pas signé leur rapport ça prouve que j approuve pas leur version !!! ce sont eux qui m'ont agressé physiquement et verbalement....mon frère est acquitté IL DOIT JUSTE APPORTER LES PAPIERS ....Ma sentence est reportée pour le 1 septembre, mon crime ACTIVISTE ET CROYANTE EN LES DROITS DE L HOMME ...ma récompense AGRESSION INTIMIDATION SEXUELLE PAR LES POLICIERS....après les bloggeurs et les rappeurs on s'attaque à une fille qui croit en les droits de l'Homme"