Hystérie d'été en France : burkini ou pas burkini, That is the question

Hystérie d'été en France : burkini ou pas burkini, That is the question

 

La plus haute juridiction administrative française, le Conseil d'État vient d'invalider un arrêté municipal de la ville de Villeneuve-Loubet dans les Alpes-Maritimes qui interdisait le port du burkini sur ses plages.

On a vu des arrêtés pris dans des endroits où il n'y avait aucun problème, aucun trouble. Nous avons assisté à l'instrumentalisation politique de la polémique sur le burkini.

L'avis du Conseil d'Etat ordonne de fait la suspension de cet arrêté anti-burkini. La décision prise revêt un enjeu de taille contre ceux comme Sarkozy et Valls  qui voulaient légiférer sur le sujet.

« A Villeneuve-Loubet, aucun élément ne permet de retenir que des risques de trouble à l'ordre public aient résulté de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes », peut-on lire dans un communiqué du Conseil d'Etat. En l'absence de tels risques, le maire ne pouvait prendre une mesure interdisant l'accès à la plage et la baignade. L’ordonnance du Conseil d’Etat précise que « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle.»

Le vrai débat pollué par de faux arguments : Laïcité et Hygiène

Je ne pense pas qu'on puisse invoquer, comme le fait semble-t-il l'arrêté incriminé, la notion de tenue respectueuse de la laïcité. Ce qui est interdit dans l'espace public, donc dans la rue ou sur une plage, c'est le voile intégral. Le burkini en tant que tenue n'est pas interdit. De fait, il ne dissimule pas le visage, raison pour laquelle la loi bannit la burqa.

Il peut y avoir des raisons d'hygiène qui font que, de même qu'on interdit des shorts et qu'on oblige les hommes à avoir des slips de bain, on peut estimer qu'on ne peut pas venir se baigner habillé. C'est déjà le cas dans les piscines, où le burkini est interdit. À la plage en revanche, où les hommes peuvent venir en shorts, il est plus difficile d'invoquer des raisons d'hygiène.

A quoi joue Valls?

Que peut dire Valls aujourd'hui lui qui claironnait partout sur les ondes que le port du « burkini » « n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République? Le malaise couvait au sein du gouvernement, la crise a fini par exploser au grand jour. Jeudi matin, le burkini s'est interposé entre Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem, la ministre d el’éducation. Avant que Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, n'entre dans le débat, s'opposant aussi aux arrêtés d'interdiction. Au risque d'isoler le chef du gouvernement sur ce dossier.

Vu l'échec de ce quinquennat sur les questions sociales et économiques, Valls s'empare du Burkini pour déplacer le débat sur la question identitaire en suivant  Nicolas Sarkozy qui, lui, suit Marine Le Pen.

Faire l’amalgame entre les musulmans qui sont visiblement pratiquants et  des terroristes, c’est dangereux pour la cohésion nationale, pour la  cohésion sociale, c’est créer du désordre public.

Jusqu'où va-t-on pour vérifier qu'une tenue est conforme aux bonnes mœurs? Jusqu'où va-t-on aller dans la stigmatisation des musulmans Français dès lors qu'ils montrent qu'ils appartiennent à une religion? Jusqu'où va-t-on aller dans le silence du président de la République garant de l'unité nationale?

Le Burkini est une question grave qui utilise le  corps des femmes pour en faire une espèce d'emblème de lutte politique. Je suis contre le Burkini.

Mais, nous, soyons intelligents, ne tombons pas dans la provocation et la stigmatisation gratuites et intéressées politiquement. Le droit est le droit dans un état de droit. Le droit permet de poser les vrais termes du débat et d’éviter les arguties juridiques.

 

Abdessatar Klai

27/08/2016

 

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