Il y a 30 ans Hammam Chott, Béji caid Essebsi saura-t-il réparer l'oubli?

Il y a 30 ans Hammam Chott, Béji caid Essebsi saura-t-il réparer l'oubli?

 

Il ya 30 ans, jour pour jour, le 1er octobre 1985, 10 F-15 Eagles israéliens qui ont décollé à 7h00 du matin parourant une distance de  3 000 kilomètres pour aller bombarder, trois heures après, le quartier-général de l'OLP dans le paisible village de Hammam Chott, avec pour objectif l’élimination du chef de l’OLP Yasser Arafat qui, pour son bonheur n’était pas dans le quartier.  L’attaque, baptisée « jambe de bois », s’est soldée par 68 morts, 50 Palestiniens et 18 Tunisiens.

La réaction du Président Habib Bourguiba fut des plus vives, notamment après que le porte parole du département d’état américain eut qualifié cette attaque de « légitime contre des actes terroristes. » Il convoqua l’ambassadeur américain au lendemain de l’agression à qui il aurait déclaré : « Je suis dans la situation d'un homme qui a toujours cru à la fidélité de son épouse, qui découvre au terme de cinquante années qu'il a été trompé et qui se demande s'il n'a pas été trompé depuis le début ». Il aurait même menacé de rompre les relations diplomatiques avec Washington, son principal allié, surtout que le sentiment anti-américain grandissait et que l’opposition toute tendances confondues exigeaient la rupture des relations avec un pays qui a cautionné le  terrorisme israélien.

Aussitôt, une plainte fut déposée auprès du Conseil de sécurité et une délégation conduite par le ministre  des affaires étrangères à l’époque, Béji Caid Essebsi et comprenant notamment Mahmoud Mestiri et Néjib Bouziri, se rendit à New York pour plaider la bonne cause tunisienne.

Des négociations sont rapidement entamées sur un texte de résolution. Elles aboutissent à une résolution ne mentionnant pas les Palestiniens et condamnant le raid sans toutefois s'attaquer directement à son auteur. Suite aux pressions internes aux États-Unis, à la condamnation ferme des Européens et à l'intervention de Bourguiba, les États-Unis optent pour l'abstention. Le texte adopté par quatorze voix et une abstention, outre la condamnation de l'attaque, demande des compensations financières pour les dommages subis par la Tunisie et exige des États membres des mesures pour éviter la répétition de cette agression.

 En décembre 1985, la Tunisie présente à l'ONU un rapport détaillé sur les dégâts causés par le raid israélien. Dans ce rapport de 127 pages, élaboré par une commission d'enquête spéciale constituée par le gouvernement, la Tunisie avance le chiffre de 68 morts (50 Palestiniens et 18 Tunisiens) et 5 432 125 dinars de dégâts matériels. Le gouvernement tunisien se réserve « le droit de réclamer des dommages et intérêts pour violation de sa souveraineté et atteinte à son développement économique et social » compte tenu du fait que, selon la commission, il est impossible d'évaluer l'ampleur du préjudice subi. Toutefois, la partie de la résolution estimant que la Tunisie a droit à « des réparations appropriées suite aux pertes en vies humaines et aux dégâts matériels dont elle a été victime » restera lettre morte.

Depuis l’attaque contre Hammam Chott est commémorée par les Tunisiens et les Palestiniens, en présence de hautes personnalités des deux pays. Feu Yasser Arafat et Mahmoud Abbas assistaient souvent à cette commémoration.

Depuis le 14 janvier 2011, Hammam Chott est tombée dans l’oubli, tout comme les martyrs de l’attaque. Même l’appel des familles des victimes à ériger un musée sur le lieu du crime et y transférer les dépouilles des martyrs est resté sans écho.

Béji Caid Essebsi qui était un acteur principal lors de ces événements saura-t-il réparer cet oubli ?