Kerkennah, zone de non-droit, et des habitants qui vivent dans la peur: Jusqu’à quand ?

Kerkennah, zone de non-droit, et des habitants qui vivent dans la peur: Jusqu’à quand ?
(Photo d'archive)
 
Les Iles Kerkennah, un joyau de la Méditerranée au large de Sfax, sont devenus depuis avril dernier et la tentative infructueuse d’y restaurer l’autorité de l’Etat une zone de non-droit. 
 
Les forces de l’ordre ont été évacuées et seuls quatre agents y sont encore pour des services administratifs.On y revient de temps à autre comme un mauvais feuilleton que l’on n’arrive pas à achever. Au centre de l’affaire la société Petrofac dont plus que 55% des revenus appartiennent à l'Etat et qui fournit entre 12% et 15ù% des besoins du pays en gaz.
Malgré les efforts des autorités régionales et en dépit de la bonne volonté de l’entreprise pétrolière rien n’y fait. Non seulement les activités de celle-ci sont bloquées depuis le mois de janvier 2016, mais l’archipel lui-même est livré à lui-même sinon à quelques énergumènes qui y sévissent en l’absence de l’Etat.
 
En été, la population se multiplie et compte plus de 100.000 personnes. En situation normale elle pourrait même être beaucoup plus nombreuse avec tous les estivants arrivant du continent mais cette année, ceux-là ne s’y sont pas rendus en nombre comme d'habitude. Ce qui a causé bien sûr un manque à gagner pour les habitants de l’archipel qui comptent sur la manne estivale pour gagner leur vie.
 
Mais comme en toute zone de non-droit c’est le banditisme qui tient le haut du pavé. Ainsi on rapporte qu'aprés l'hôtel ravagé, un restaurant huppé situé dans la zone touristique a été à son tour saccagé par une bande de truands qui sont restés impunis.
De même un grossiste de boissons alcoolisées a vu sa semi-remorque d’une valeur de 120.000 dinars détournée à Ramla par une bande de voyous qui ont revendu les boissons en y triplant les prix. 
 
Le journal « le Quotidien » qui rapporte ces méfaits ajoute qu’une cérémonie de mariage  organisée dans un hôtel a été perturbée par une trentaine d’intrus armés de haches et d’épées. De même « un citoyen a été attaqué dans sa propre demeure et a dû rester une dizaine de jours dans un service de réanimation à Sfax ». Selon lui, « les habitants parlent d’une mafia dirigée par un certain Saâdoun appuyé par des hommes forts et influents des Iles ».
 
C’est donc une population la peur au ventre qui vit sur l’archipel et se demande si elle fait partie de la République tunisienne ou pas.
Même les festivals qui  habituellement animaient les Iles  et apportaient une note de gaieté  en été ont été annulés pour des raisons évidentes de sécurité. Le plus emblématique, le festival de la Sirène qui devait tenir sa 27ème édition du 29 juillet au 3 août  a été annulé. Son  directeur a expliqué dans une déclaration rapportée par Jawhara Fm que malgré les efforts déployés par l’administration du festival pour préparer au mieux cet événement culturel, la situation sécuritaire dans la région ne permet pas la tenue de ce  festival.
 
Zone de non-droit, les Iles Kerkennah sont privés de culture avec une population traumatisée qui vit la peur au ventre.
Le gouvernement Youssef Chahed qui hérite de ce dossier brûlant devrait s’y pencher prioritairement. Car de la manière dont il réussira ou non à le régler qu’il sera jugé.
 
R.B.R.
 

Votre commentaire