Khaled Chawket s’est-il retourné contre son « mentor » Béji Caid Essebsi ?

 Khaled Chawket  s’est-il retourné contre son « mentor » Béji Caid Essebsi ?

 

Qui l’eut cru ?  Si Khaled est ce qu’il est, ministre et Porte-parole du gouvernement, c’est parce que Béji Caïd Essebsi l’a voulu. Le président est « un don du ciel » pour la Tunisie et pour Nidaa Tounés, a dit l’homme connu pour pratiquer « le nomadisme partisan. Islamiste à ses débuts puisqu’il fut même le co-disciple d’Abou Iyadh, l’ennemi public n°1 en Tunisie, il a été aussi co-fondateur avec Abdelwaheb Hani du parti Majd avant de se voir confier en 2012, le secrétariat général de l’Union Patriotique Libre fondée par Slim Riahi. A la fondation de Nidaa Tounés il rejoint le parti fondé par Béji Caïd Essebsi. C’est ce dernier qui l’adoube tête de liste d’une circonscription à l’étranger où il gagne un siège à l’ARP sans coup férir. Quadripartite en si peu de temps, peu de gens peuvent se prévaloir de cette prouesse.

Nommé par la volonté du fondateur du premier parti comme membre du bureau de l’ARP, on lui confie le poste d’assesseur chargé des relations avec la presse. Cette fonction lui permet de devenir un « client » fort prisé des plateaux de radio et de télévision. C’est au cours d’une des prestations que dans un élan de poésie il qualifie celui qu’il considère comme son mentor « de la chance que le bon Dieu a offert à la Tunisie ».

 La phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Avec son bagout, sa petite barbichette, son langage du terroir mais aussi grâce à ses écrits où les superlatifs ne manquent pas, le jeune homme âgé tout juste de 46 ans séduit le vieil homme de Carthage. Alors profitant du premier remaniement du gouvernement Essid en janvier 2016, le président de la république l’impose à Habib Essid qui ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam.

Dés qu’il prend ses fonctions, il multiplie les gaffes et les bourdes. Qu’à cela ne tienne, le président le défend et le chef du gouvernement, mauvais communicateur devant l’Eternel  le laisse faire. Alors il multiplie les sorties malheureuses. « Je suis ministre et accessoirement porte-parole du gouvernement » dira-t-il sans que personne ne lui  fasse la remarque. Alors que le ministère des relations avec l’ARP qu’on lui a confié ne mérite pas qu’on place un ministre à sa tête. Lazhar Akremi son prédécesseur en sait quelque chose puisqu’il a dû démissionner de ce poste pour oisiveté.

A l’Assemble des représentants du Peuple une maison qu’il connait bien, il a élu domicile remplaçant au pied levé certains de ses collègues qui oublient de se rendre auprès des députés pour répondre à leurs interrogations. Quant il n’est pas à l’ARP il écume les radios et les télévisions, ne refusant aucune invitation quand ce n’est pas lui-même qui s’invite pour ne pas perdre la main.

Tenant des logorrhées, ces flots de parole qui n’ont ni queue ni tête, il a réponse à tout parfois en dépit du bon sens. Plaidant pour sa chapelle, le gouvernement et Nidaa Tounés, il a su passer entre les gouttes, parvenant à contenter le bon Dieu et son père. N’étant affidé à aucun des clans de Nidaa qui chacun pour des raisons différentes ne le tiennent pas en sympathie, il s’est déclaré du clan de « Si El-Béji ». Il s’est fait même le théoricien du « grand-père commun des islamistes et des Destouriens » (Abdelaziz Thaalbi)  pour monter dans le cœur des deux hommes forts du pays, BCE et Rached Ghannouchi. Il a été aussi parmi les fondateurs de la « famille destourienne » constituée  autour du mythe de cet ancêtre commun.

La sortie ce mardi pour défendre becs et ongles Habib Essid dans sa détermination à ne pas démissionner du gouvernement quelques soient les pressions qu’on exercera sur lui a  de quoi surprendre. A-t-il mesuré qu’en prenant cette position, il brule ses cartes avec le palais de Carthage et avec la direction de Nidaa Tounés qui fera tout pour se débarrasser du locataire de la Kasbah tout de suite ou dans quelques mois.

Khaled Chawket, piètre communicateur, unilingue dans sa mentalité même s’il prétend avoir fait des études aux Pays Bas, d’une culture indigente, quand bien même il allègue du contraire, d’un islamisme sommaire et étriqué alors qu’il se dit une lumière en la matière,  a montré ses limite. Il saura repartir de plus belle. Peut-être fera-t-il d’Habib Essid son nouveau mentor. Dans un nouveau parti politique. Pour le champion du nomadisme entre les partis c’est dans l’ordre des choses.

Raouf Ben Rejeb

Votre commentaire