"La Tunisie est la seule rescapée des printemps arabes"

"La Tunisie est la seule rescapée des printemps arabes"
 
 
L'attribution du Nobel de la Paix au quartette tunisien est une "injonction démocratique" à cet Etat encore fragile, seul "rescapé" du "Printemps arabe", mais aussi un message aux pays dont la révolution a été écrasée, estime le chercheur français Vincent Geisser (Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman).  
 
« La Tunisie est le seul pays touché par les "printemps" à poursuivre un processus démocratique. Il y a un bilan très positif en Tunisie, avec de vrais acquis : une nouvelle génération de jeunes qui font de la politique est apparue, des espaces de protestation ont fleuri », a souligné le chercheur français Vincent Geisser.
 
Il a ajouté que les régions, totalement ignorées sous Ben Ali, ont émergé comme acteurs. Il y a une société civile post-révolutionnaire, des contre-pouvoirs, des institutions, un parlement élu démocratiquement tout en précisant que les grands absents de ce prix Nobel, ce sont les députés constituants (élus en 2011 aux premières élections après la chute de Zine el Abidine Ben Ali, ndlr) qui ont travaillé pendant trois ans et donné naissance à la première Constitution démocratique du monde arabe...
 
Selon Vincent Geisser, la Tunisie est encore dans une zone grise et dans une situation fragile et précaire
 
« Il y a une coalition de grand partis hégémoniques au Parlement, pas de réelle opposition. on constate des tentations ou des relents autoritaires réels, la grande réforme promise de l'appareil sécuritaire n'a jamais été faite... Sans compter le contexte externe (le chaos libyen, ndlr) et la menace jihadiste » a-t-il dit
 
Selon lui, la Tunisie est toujours en zone de turbulences. «Compte tenu de la situation ailleurs, on peut dire que la Tunisie est la rescapée des printemps arabes» a-t-il dit. (AFP)