La victoire de Donald Trump, les gagnants et les perdants

La victoire de Donald Trump, les gagnants et les perdants

Même si elle a pris le contrepied de tous les pronostics et démenti les sondages d’opinion, la victoire de Donald Trump aux élections américaines n’est vraiment pas une surprise.

Les américains comme tous les peuples sont dans leur majorité, y compris du côté de femmes, machistes. Donc dans le secret des urnes, une majorité voit mal une femme prendre les rênes du pouvoir surtout la maitrise du bouton atomique. On a dit, d’ailleurs que les grands généraux de la puissante armée américaine étaient opposés à ce qu’une femme devienne le Chef suprême des armées comme le prévoit la Constitution.

D’un autre côté il y a actuellement une lame de fond nationaliste dans le monde occidental. L’Amérique blanche, craignant de perdre sa suprématie au profit des minorités noire, hispanique ou musulmane a trouvé en Trump le champion qu’elle attendait. C’est un sérieux coup de fouet et surtout une légitimation des extrêmes-droites en Europe. La crise des migrations dans le vieux continent donne une justification à cette vague nationaliste qui déferle de la Grande Bretagne à l’Italie en passant par l’Allemagne.

En France, le Front national doit être aux anges. Sa candidate, Marine Le Pen voit un boulevard s’ouvrir devant elle. Elle a maintenant des chances d’être la prochaine surprise. Il ne fait pas de doute désormais qu’elle sera au second tour. Parviendrait-elle à atterrir à l’Elysée. Ce sera difficile car comme son père en 2002, elle sera la victime du vote républicain qui rassemblera la droite et la gauche dans l’hexagone.

L’autre grand heureux de cette victoire, c’est certainement le président russe Vladimir Poutine. La présence russe au Moyen Orient et dans le monde devrait se renforcer devant les réflexes isolationnistes du nouveau locataire de la Maison Blanche.

Même si les monarchies du golfe ne doivent pas voir d’un bon œil l’arrivée d’un homme dont elles redoutaient les penchants, elles savent qu’elles restent indispensables pour l’Amérique pour son approvisionnement en pétrole et en gaz. Les déclarations de Trump contre l’accord nucléaire iranien doivent les rassurer. Cela n’empêchera pas l’Amérique de se diriger vers un désengagement de la crise syrienne. La guerre contre DAESH ne s’arrêtera pas pour autant. Elle prendra même de l’ampleur car on ne tient pas tête à l’Amérique impunément.

Les islamistes seront les gros perdants de la victoire de Trump, prédisent certains. Ils ont pour preuve ses déclarations franchement hostiles aux Frères musulmans. En les classant comme organisation terroriste, il a eu les faveurs du président égyptien Abdellatif Sissi qui a été parmi les premiers à féliciter le prochain chef de la Maison Blanche. Cependant, les islamistes ne seront pas mis dans le même sac que les Frères musulmans. Il n’y a pas d’alternative aux Américains que de soutenir ceux qu’ils considèrent comme les islamistes acceptant les règles de la démocratie et de l’alternance. Parmi ceux-là ils placent le parti Ennahdha qui restera un interlocuteur privilégié de l’administration Trump. La Tunisie restera pour Washington le laboratoire de la coexistence entre l’islamisme et la démocratie. Fini le printemps arabe, mais le printemps tunisien sera soutenu et renforcé.

S’agissant de la question palestinienne, les effets de la victoire du Républicain seront extrêmement néfastes pour les Palestiniens. Netanyahou doit se frotter les mains. Enfin, il peut tourner définitivement la page Obama qui n’a pas été favorable à la droite israélienne. Quand bien même il a pris une position de neutralité vis-à-vis des deux candidats car il était conscient que tous les deux soutenaient avec force l’Etat hébreu, en son for intérieur il doit souhaiter la victoire de l’homme qui s’est dit favorable au transfert de la capitale israélienne à Jérusalem contrairement aux résolutions internationales. Désormais on doit s’attendre à ce que les relations traditionnellement très étroites entre Israël et les administrations Républicaines reviennent à leur beau fixe.

Seuls les marchés semblent avoir mal accueillis la victoire de Donald Trump considérée comme un « énorme saut dans l’inconnu ». Ainsi on a vu les indices dans les bourses partir à la baisse en Europe et en Asie. Le dollar a été aussi en forte baisse face à l’euro. D’ailleurs on attend une première victime de l’arrivée du candidat républicain à la Maison Blanche. Elle s’appelle Janet Yallen la président de la Réserve Fédérale, la Banque Centrale outre-Atlantique. Face à ces incertitudes l’or est reparti à la hausse. Mais il est évident que ce ne sera que de courte durée et que les marchés finiront par plébisciter Donald Trump qui est ne l’oublions pas venu du monde des affaires où il a construit son immense fortune.

Raouf Ben Rejeb

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