Le football de la discorde : Il faut peut-être arrêter ce cirque !

Le football de la discorde : Il faut peut-être arrêter ce cirque !

 

Deux rencontres de football programmées ce mercredi en fin d’après midi ont mis le pays sens dessus dessous. « Le Classico », un match opposant le Club sportif sfaxien(CSS) à l’Etoile sportive du Sahel (ESS) a été retardé de plus d’une heure en raison d’un différend à propos du nombre et de la qualité des membres de l’équipe visiteuse admis à rentrer dans le stade Taïeb Mehiri de Sfax. L’occasion comme d’habitude de déclarations incendiaires des dirigeants des deux associations.

Le sport perd ainsi ses vertus de moyen d’éducation des jeunes et de rapprochement entre les différentes régions du pays. Au lieu de cela, nous avons droit à des proclamations d’un régionalisme primaire d’autant plus dangereux qu’elles mettent aux prises des hommes de valeur dont le rôle est de montrer le chemin et de donner l’exemple. Ces chamailleries d’un autre âge sont malheureusement reprises par les médias surtout audiovisuels portés par la recherche du buzz et du sensationnel.

Au stade olympique de Radès, c’est la journée du derby prestigieux opposant les deux grands clubs de la capitale, l’Espérance sportive de Tunis et le Club Africain. Programmé à 16h, le match démarre avec une demi-heure de retard. Comment est-ce possible : le sport c’est aussi le respect scrupuleux de l’heure. C’est aussi une obligation, du fait surtout que les chaînes de télévision qui sont susceptibles de diffuser le match ne peuvent se permettre des écarts par rapport à leur programmation minutée toujours rigoureuse. Quand ce sont des chaînes internationales qui diffusent la rencontre, cela donne une mauvaise image de notre pays.

Mais par-dessus tout, dans un pays où le travail n’est pas, loin s’en faut, une vertu cardinale, comment est-ce possible de prévoir des matches de football qui drainent un public nombreux au beau milieu de la semaine et à des heures de travail. Les rencontres de football comme des autres sports doivent être programmées pendant le week-end (qui s’étend chez nous du vendredi soir au dimanche) ou le cas échéant pendant la soirée.

Dans ce domaine sensible qui a des effets négatifs ou positifs sur la population, on laisse faire la Fédération du football. C’est elle qui décide du nombre des clubs, de ces fameux play off et play out, des heures de match et de tout le reste. Il y a comme une démission de l’autorité politique devant la toute-puissance de la FTF alors que celle-ci gère des questions de grande importance y compris au plan sécuritaire. On n’a pas conscience qu’un match de football peut mettre le feu aux poudres dans le pays, entre les régions ou même les quartiers. Les clubs peuvent se chamailler comme bon leur semble, invoquer des raisons régionalistes pour contester les décisions de l’arbitre, tirer le pays vers le bas sans que l’autorité politique ne lève le petit doigt.

Le ministère de la jeunesse et des sports est inerte. Il donne l’air qu’il n’est pas concerné par cette situation parfois inextricable comme s’il est dépassé par les événements. Il est temps qu’il se réveille et prenne les choses en main. La présidence du gouvernement est aussi interpellée car à l’évidence ni les horaires des matches, ni le déroulement des compétitions footballistiques, ni les déclarations incendiaires des dirigeants des clubs ne semblent assez importants pour la sortir de sa torpeur. Il est grand temps qu’elle accorde à ce domaine l’importance qu’il requiert avant que les choses ne déraillent ou n’aillent dans la mauvaise direction.

D’ailleurs face à ces événements qui n’augurent rien de bon pour le pays, il ne faut pas s’empêcher à recourir aux solutions extrêmes pour marquer les esprits. Il serait peut être bon d’arrêter ce cirque un moment. Le temps que chacun reprenne ses esprits et calme ses ardeurs. Car on n’en a que faire de ce football de la discorde.

RBR

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