Le Front Populaire : Une force d’opposition de proposition et de progrès

Le Front Populaire : Une force d’opposition de proposition et de progrès

 

Le Front Populaire (FP) était effectivement le parti politique le plus actif et le plus impliqué dans la vague de protestation populaire contre le chômage suite au décès du jeune Ridha Yahiaoui, paix à son âme. Contrairement aux accusations, nous pensons que c’est un point très positif au solde du FP qui a assumé pleinement son rôle d’opposition nationale  face à cette crise sociale majeure

Le FP : engagement et responsabilité

Plusieurs facteurs expliquent l’implication et l’engagement des militants du FP dans ce mouvement social. Dune part et plus que tous les autres partis le FP  portait le flambeau de la lutte contre le chômage et contre les inégalités sociales et régionales. D’autre part plusieurs de ses militants sont actifs dans les organisations des chômeurs  les syndicats étudiants et autres mouvements des  jeunes  engagés dans la lutte  contre le chômage.

Rappelons  qu’avant la mort de Ridha Yahiaoui, une grève de la faim a été observée pendant une trentaine de jours pour le droit au travail pour les diplômés exclus  sous la dictature. Des militants du FP étaient fortement engagés et des parlementaires du FP ont conduit les négociations entre les grévistes et le gouvernement. Ainsi on peut dire que les militants du FP et par apport au mouvement social contre le chômage étaient comme un poisson dans l’eau tellement ils sont éduqués  théoriquement et imbibés et engagés politiquement autour de  ce thème social crucial.

Le FP a toujours  défendu le caractère pacifique et civique des manifestations et ses militants  sur le terrain  se sont opposés à l’infiltration des éléments criminels anarchiques et réactionnaires  qui ont tenté  d’infiltrer ce mouvement social pour la faire déraper de ses objectifs nobles  la verser dans la violence et la couper de la sympathie et du soutien populaire. En outre, les leaders du FP n’ont cessé de  marteler sur la nécessité de défendre la stabilité des structures de l’état, ils ont réfuté toute idée de faire chuter le gouvernement et se sont opposés à l’idée des élections législatives anticipées revendiquées par certains partis.

Le FP a jugé que ce n’est pas dans l’intérêt national  de revendiquer de telles mesures du moins pour le moment. En revanche le FP a appelé le gouvernement de façon ferme et forte  à changer sa politique  notamment en matière de lutte contre le chômage laquelle  politique a échoué de façon cuisante et magistrale prévenant que la goutte risque un jour de faire déborder la vase.

Face au chômage : Echec cuisant d’un gouvernement libéral

Le problème du chômage et le plus grand défi de notre pays. Avec un taux de  autour de 15%  on ne peut rêver ni de paix sociale ni de stabilité politique. C’est une mine qui risque d’exploser à tout moment. Le gouvernement a échoué jusqu’à maintenant car il applique une politique libérale traditionnelle qui est presque un « copier-coller » de celle de Ben Ali. Ce n’est point une énigme : les mêmes politiques conduisent aux mêmes résultats. Toutes les études ont montré  que le taux de croissance actuel et prévisible dans les prochaines années (3%)  ne permettent  ni d’absorber les 90 milles demandes d’emplois générés annuellement ni le surplus qui existe actuellement qui est de l’ordre de 630 milles chômeurs. Sans oublier le grand nombre d’emplois précaires comptabilisés tels que  les ouvriers des chantiers le mécanisme 16 et autres. En effet,  l’investissement extérieur  tarde à venir car il est aléatoire et dépend de plusieurs facteurs indépendants de la volonté du pays. L’investissement privé interne et l’économie du marché considérés comme les principaux  leviers du développement (consensus de Washington) sont en panne depuis 2 décennies avec une bourgeoisie locale faible incapable et paresseuse ajoutés à cela d’autres facteurs internes (infrastructure, commerce parallèle..) et externe (crise mondiale). En suivant les mêmes politiques qui ont montré leurs limites, le gouvernement se comporte comme l’autruche. Si cette fois la crise sociale pourrait être maitrisée, l’avenir reste incertain car comme le dit le proverbe arabe «  ce n’est pas à chaque fois qu’on peut sauver la jarre »

Propositions du Front Populaire

Plusieurs économistes pensent que dans les pays d’industrialisation tardive comme le notre, le consensus de Washington s’est avéré une leurre et l’interventionnisme de l’état dans le développement économique est nécessaire pour impulser la croissance. L’état doit  doit prendre les commandes du développement pendant une certaine période afin de créer une accumulation économique primitive. C’était le cas à l’aube de l’indépendance lorsque la bourgeoise locale était trop  faible et c’est l’état qui s’est chargé des taches d’investissement et de développement jusqu’à la fin des années 1960. Certains observateurs pensent que vu la faiblesse de l’investissement privé (externe et interne) l’état peut devenir (pour une certaine période) investisseur et créateur d’emplois même dans les secteurs concurrentiels en partenariat et en complémentarité si nécessaire avec le secteur privé particulièrement dans les régions de l’intérieur (tourisme, agriculture, services, bâtiments, agro-alimentaire…). Contrairement à l’investisseur privé qui craint les risques, l’état peut s’engager dans de tels projets et possède l’expérience et les mécanismes pour les faire réussir. Certains proposent la création d’une agence nationale d’investissement qui s’occupe de la conception et la réalisation des projets

L’engagement de l’état pour la création d’emplois et la lutte contre le chômage nécessite un financement qui constitue le pilier de tout projet socio-économique. C’est pour cela que le Front Populaire a proposé une taxe sur les grandes richesses pour alimenter une caisse destinée à la lutte contre le chômage. Dans la même optique le FP a proposé un gel du remboursement des dettes et de leurs  plus value  pendant 3 ans le temps que l’économie tunisienne se remet debout  de sa crise économique.  En outre, la rationalisation des dépenses publiques (autres que les services vitaux tels que l’enseignement la santé le transport..) et la vente dans des conditions de transparence des biens confisqués ne peuvent que renflouer les caisses de l’état et lui permettre de faire face aux différents défis. Le mouvement social actuel constitue un carton jaune pour tout le système politique. Attention, la prochaine fois ca pourrait être un carton rouge.

A bon entendeur.

Abdelmajid Mselmi 

Votre commentaire