Le Premier ministre du Canada sous les feux des critiques pour ses vacances auprès de l’Aga Khan

 Le Premier ministre du Canada sous les feux des critiques pour ses vacances auprès de l’Aga Khan

 

L’affaire fait grand bruit au Canada. Le Premier ministre Justin Trudeau, 47 ans est, en effet, sous les feux des critiques en raison de ses vacances sur l'île privée de l'Aga Khan ainsi que son voyage à bord d'un hélicoptère privé. Il s'est rendu sur l'île du chef spirituel des musulmans ismaéliens pour les vacances des Fêtes. Il était accompagné de sa famille, mais aussi du député libéral Seamus O'Regan et de la présidente du parti, Anna Gainey.

M. Trudeau s'est d'abord rendu à Nassau dans un avion du gouvernement comme cela est la coutume, puis il est monté à bord de l'hélicoptère privé de l'Aga Khan pour atteindre son île privée des Bahamas.

Son séjour a soulevé de nombreuses critiques, contre lesquelles M. Trudeau s'est toujours défendu en affirmant que l'Aga Khan est un ami de longue date de la famille et qu'il avait même porté le cercueil de son père lors de ses funérailles.

Alors qu'il sous-entendait vendredi ne pas avoir eu d'échos de la population à propos de ce voyage aux Bahamas, le premier ministre s'est ravisé lors d'une entrevue à une radio d'Halifax, lundi. « J'ai entendu, de la part d'un certain nombre de personnes à travers le pays, qu'ils sont préoccupés à cet égard, a-t-il concédé. Et c'est pourquoi je prends cela très au sérieux et que je suis heureux de répondre à toutes les questions que la commissaire à l'éthique et d'autres pourraient avoir. »

La question fera désormais l’objet d’une enquête de la commissaire fédérale à l’éthique, une structure indépendante faisant partie du Parlement qui devra faire savoir si le Chef du gouvernement a fauté ou pas

« J'ai commencé un examen en vertu de la sous-section 44 (3) de la Loi [sur les conflits d'intérêts] pour déterminer si M. Trudeau a contrevenu aux sections 11 et 12 de la Loi, en lien avec son voyage et séjour sur l'île privée de l'Aga Khan », a écrit la commissaire Mary Dawson à un député présentant une requête à cette fin. Selon la section 11 de la Loi, « il est interdit à tout titulaire de charge publique et à tout membre de sa famille d'accepter un cadeau ou autre avantage, y compris celui provenant d'une fiducie, qui pourrait raisonnablement donner à penser qu'il a été donné pour influencer le titulaire dans l'exercice de ses fonctions officielles ». La loi prévoit toutefois des exceptions à cette règle, notamment si le cadeau « provient d'un parent ou d'un ami ».

Quant à la section 12, elle interdit notamment aux membres du cabinet « de voyager à bord d'avions non commerciaux nolisés ou privés pour quelque raison que ce soit, sauf si leurs fonctions de titulaire de charge publique l'exigent ou sauf dans des circonstances exceptionnelles ou avec l'approbation préalable du commissaire ». La commissaire examinera également le voyage sous l'angle des dispositions de la loi touchant les conflits d'intérêts dans la prise de décision et le devoir de récusation.

Ce n'est pas la première fois qu'un premier ministre fait l'objet d'une enquête d'un commissaire à l'éthique. En 2010, Mme Dawson avait ouvert une enquête sur Stephen Harper ainsi que plusieurs ministres au sujet d'allégations de partisannerie dans les publicités gouvernementales. Les libéraux s'indignaient alors des publicités du gouvernement qui reprenaient les couleurs du Parti conservateur du Canada (PCC). Mme Dawson avait toutefois interrompu l'enquête, en concluant que le Parti conservateur n'était pas une « personne » au sens de la loi.

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