Les Tunisiens n'ont rien compris à la politique !

Les Tunisiens n'ont rien compris à la politique !


Le constat général à la suite des élections législatives et le premier tour de l'élection présidentielle, c'est que le Tunisien et la politique ça fait deux. En effet, il ne faut pas se leurrer mais on est très loin d'avoir des traditions politiques dans le pays.

Toutefois toutes les parties essaient tant bien que mal d'instaurer tout ceci au fur et à mesure de l'avancement du processus de transition démocratique.
 
Il existe plusieurs exemples pour illustrer ces propos. En effet, les candidats qui se sont retirés de la course à la primature de Carthage ont obtenu 39739 des voix exprimés lors du scrutin de dimanche dernier, selon les chiffres préliminaires annoncés officiellement par l'ISIE. Oui,  5 candidats (Noureddine Hached, Mustapha Kamel Nabli, Mohamed Hamdi, Abderraouf Ayadi et Abderrahim Zouari) se sont retirés de la course et ont pourtant totalisé près de 40 mille voix.

Cela donne, ici, un enseignement de taille, qui prouve qu'une partie des Tunisiens se trouve en totale déconnexion de la vie politique puisqu'ils ne sont même pas au courant que les candidats à qui ils ont voté, ne font plus partie de la liste finale et qu'ils n'ont même pas continué à faire campagne.
 
D'un autre côté, et c'est là quelque chose de très dangereux pour l'instauration d'un climat général de démocratie dans le pays, les différentes sensibilités politiques s'échangent ouvertement les insultes. Chacune des parties accuse l'autre de traitrise voire pire d'adversaire qu'il faut mettre à terre.

Les exemples sont nombreux et ne manquent point pour schématiser ces agissements; en effet, ceux qui ont voté Mohamed Moncef Marzouki sont traités d'extrémistes, salafistes, islamistes (dans le mauvais sens du terme) et de jihadistes par le camp des Nidaïstes. De l'autre côté, ceux qui ont voté Béji Caïed Essebsi sont traités de bourgeois, de profiteurs, de nostalgiques de la dictature et de RCDistes par le camp adverse.

Mais comme le Tunisien est d'une manière générale moqueur, taquin, provocateur et surtout connu sous le qualificatif dialectal de "Nabbar", les deux camps, aussi bien d'Essebsi que de Marzouki, se sont accordés à dire que tous ceux qui ont voté pour un autre candidat, à part leurs deux poulains, sont irresponsables. Comme s'il n'existe que Marzouki et Essebsi sur la scène politique tunisienne et que tous les autres comptent pour des prunes. Comme s'il n'existe qu'un seul homme (ou femme) fédérateur et capable de représenter tous les citoyens, voire qui mérite d'obtenir leur confiance, or c'est quelque chose d'utopique et d'inexistant sauf dans le cas d'une dictature et là c'est le trafic des votes qui se charge de dégager une majorité absolue pour un candidat déterminé.
 
Aussi, un élément de taille qui devrait faire réfléchir et faire penser tous nos leaders politiques du pays, celui du désintéressement total des jeunes de la chose politique. Un constat visible une première fois, lors des législatives du mois d'octobre et confirmé dimanche dernier lors du scrutin comptant pour la présidentielle.
 
Par ailleurs, plusieurs électeurs sont restés indécis et n'ont pas su déterminer ou plutôt choisir un candidat pour lequel voter, et ce, jusqu'au moment d'entrer dans l'isoloir, pourtant ce n'est pas le choix qui fait défaut avec plus de 20 candidats.
 
Bref, un long travail, de fond, doit s'effectuer sur les mentalités. Un apprentissage de longue haleine doit s'opérer dans notre contrée. Il faut que le Tunisien, quel que soit son milieu, s'intéresse davantage à la vie politique, puisque c'est en faisant son devoir de citoyen, qu'est le vote, qu'il pourra améliorer un tant soit peu son quotidien, son pouvoir d'achat, préserver ses biens et conforter ses libertés...etc.
 
Mais force est de constater qu'on est à des années lumières de tout ceci, hélas, pour le plus grand mal de notre nation !

Slim Maâtoug