L’OIM enquête sur la noyade de 500 migrants provoquée délibérément dans la Méditerranée

L’OIM enquête sur la noyade de 500 migrants provoquée délibérément dans la Méditerranée
 
Les enquêteurs de l’Organisation internationale pour les migrations ont obtenu les déclarations de personnes témoins d’un tragique incident au cours duquel 500 migrants se sont noyés après le naufrage délibéré de leur bateau dans la Méditerranée.
 
Ces déclarations confirment le nombre croissant de décès au large des côtes européennes qui avoisine déjà les 3 000 cette année. C’est presque quatre fois le chiffre de 2013, que le Projet de l’OIM pour les migrants disparus estime à 700.
 
"Le nombre de décès au large des côtes européennes est choquant et inacceptable", a déclaré William Lacy Swing, Directeur général de l’OIM. "Ce sont des femmes, des enfants et des hommes qui n’ont que l’espoir d’une vie meilleure. Les risques qu’ils prennent reflètent leur désespoir et nous ne pouvons pas continuer à les abandonner à leur sort."
 
Le personnel de l’OIM et la police italienne ont interrogé deux survivants ramenés à terre dans la ville sicilienne de Pollazzo. Tous deux sont des Palestiniens originaires de Gaza qui ont été secourus séparément après avoir passé plusieurs jours accrochés à des dispositifs de flottaison. Ils ont raconté aux enquêteurs que leur embarcation surchargée a été coulée par des trafiquants fous furieux lorsque les migrants ont refusé de monter à bord d’un bateau hors d’état de naviguer. Les survivants, âgés de 27 et 33 ans, qui ont demandé l’asile, ont décrit des scènes déchirantes de victimes épuisées succombant tout autour d’eux.
 
Mardi matin, les autorités italiennes, maltaises et grecques avaient confirmé au personnel de l’OIM le sauvetage de 10 migrants du bateau naufragé. En outre, trois corps ont été repêchés de l’épave.
 
Les survivants en Sicile ont raconté à l’OIM avoir quitté le port de Damietta en Egypte le samedi 6 septembre, avec 500 hommes, femmes et enfants du Moyen-Orient et d’Afrique à bord. Ils ont affirmé avoir été forcés à changer d’embarcation plusieurs fois mais ont refusé d’être transférés sur un bateau qu’ils jugeaient hors d’état de naviguer. Fous furieux, les trafiquants auraient enfoncé le bateau avec le leur.
 
Les deux témoins ont confié au personnel de l’OIM avoir fui Gaza en passant par l’Egypte début septembre.
 
D’après leur témoignage, des Syriens, des Palestiniens, des Egyptiens et des Soudanais étaient à bord.
 
"Si les dires des survivants sont confirmés, il s’agira du pire naufrage de migrants depuis des années, non pas une tragédie accidentelle, mais une noyade de migrants provoquée intentionnellement par des groupes criminels qui leur extorquent de l’argent pour leur périple désespéré. Leurs agissements sont aussi insensibles que diaboliques", a déclaré Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM.
 
D’autres survivants de la tragédie ramenés à terre en Crète ont confirmé la présence de quelque 500 migrants à bord du bateau lorsqu’il a coulé.
 
La plupart des 500 passagers se sont noyés mais d’autres ont réussi à se maintenir à flot en s’accrochant à des débris et des dispositifs de flottaison. Après près de deux jours en mer, un bateau de marchandises du Panama, le "Pegasus", transportant 386 migrants secourus d’un autre naufrage, ont trouvé les deux hommes palestiniens flottant dans l’eau. Ils ont été transportés jusqu’au port italien de Pozzallo il y a deux jours où ils sont toujours en état de choc et d’épuisement après leur calvaire.
 
Un navire britannique a secouru 5 autres adultes et un enfant des eaux qui sont aujourd’hui en Crète. Deux autres ont été secourus au large de Malte.
 
Les autorités enquêtent également sur la disparition de 200 autres personnes, qui se seraient noyées dans un naufrage au large de la Libye et 15 autres qui auraient péri au large de l’Egypte.
 
Si ces faits sont avérés, le nombre de décès en mer pour la semaine dernière s’élèvera à plus de 700, faisant de cette tragédie l’une des plus meurtrières de ces dernières années.