L’OIT accusé d’avoir cédé face aux menaces des lobbys des facultés privées

L’OIT accusé d’avoir cédé face aux menaces des lobbys des facultés privées
 
 
La décision du bureau du Conseil de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens de lever la suspension d’inscription au tableau de l’OIT infligée aux diplômés des écoles privées prise par l’ancien bureau en février 2015 ne cesse d'alimenter la polémique dans le milieu des ingénieurs depuis qu’elle a été annoncée le jeudi dernier. Idem pour la décision de reprendre l’inscription des diplômés des mêmes écoles, sortis les années précédentes.
 
Du côté des facultés privées et des jeunes diplômés qui y sont issus ou qui y étudient encore, cette décision a été considérée comme une réelle victoire. Car elle peut sauver l’avenir de milliers de jeunes qui étaient frappés par cette suspension qui les empêchait de s’inscrire au tableau de l’OIT. 
Suspension qui les contraignait au chômage puisqu’ils sont interdits dans ce cas de prendre part aux concours nationaux de recrutement aux établissements publics et même de postuler à l’étranger.
 
Cependant, du côté des étudiants des écoles d’ingénieurs publiques et bien que l’OIT ait annoncé que ces mesures sont exceptionnelles et auront pour échéance la fin de l’année universitaire 2015-2016, elles n’ont pas été acceptées.
Selon les contestataires, cette levée de la suspension d’inscription au tableau de l’OIT des diplômés des écoles privées est une menace pour leur avenir car elle va considérablement augmenter le nombre de diplômés chômeurs surtout qu’il y a déjà un réel fossé entre l’offre et la demande.
Ces contestataires accusent l’OIT et même le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique d’avoir cédé face aux pressions et aux menaces des lobbys financiers des propriétaires des facultés privées.
 
On nous même rapporté qu’un des propriétaires d’une de ces facultés aurait directement menacé le ministre s’il insistait à continuer dans sa politique de réforme de la formation en ingéniorat dans le privée, lui rappelant que même Ben Ali n’a pas pu lui tenir face à ce sujet ! 
Il est inutile de rappeler dans ce sens, que cette politique de réforme va menacer les intérêts financiers des lobbys influents puisque les écoles qui ne respectent pas les cahiers des charges et la qualité de l’enseignement et de l’encadrement (ils sont nombreux parait-il) seront privées d’une manne financière considérable.
 
Néanmoins, du côté de l’OIT, l'on estime que ces accusations sont infondées et que le bureau a été obligé de changer de position pour prendre ces mesures exceptionnelles ayant pour échéance la fin de l’année universitaire 2015-2016, car il est illogique de bloquer l’avenir de milliers de jeunes qui n’ont pas été avertis, auparavant, que leur diplômes ne seraient pas validés au cas où ils étudient dans ces écoles bien précises.
 
Une source au sein du bureau nous a indiqué que l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT) a toujours veillé à la qualité de la formation des ingénieurs et à l’évaluation des besoins du pays en ingénieurs dans le cadre des plans de développement économique et social et qu’il continuera à le faire, quelle que soit la nature des pressions des propriétaires des écoles privées menacées de disparaître.
Notre source a indiqué que de nombreuses réunions ont eu lieu avec le ministère et qu’elles ont conclu à la création d’une Agence Nationale d’évaluation de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur qui sera chargée de l’accréditation des ingénieurs.  
 
Il a ajouté qu’entre-temps, il a été convenu de mettre en place un comité d’évaluation des écoles privées d’ingénieurs pour examiner leur adhésion aux cahiers des charges, en fonction de quatre critères fondamentaux :
1-Les critères présidant à l’inscription des étudiants.
2-Le taux des enseignants permanents.
3-Le taux d’encadrement des étudiants.
4-La qualité des espaces et des équipements dédiés à la formation.
 
Selon les projections, cette évaluation permettra de dégager trois catégories d’écoles privées:
1-Les écoles répondant totalement aux conditions requises ci-haut citées. L’OIT continuera d’inscrire à son tableau  leurs étudiants diplômés de ces écoles après 2016.
2- Les écoles répondant partiellement aux conditions requises ci-haut citées. L’OIT continuera d’inscrire à son tableau leurs étudiants diplômés après 2016, sous couvert d’une période de grâce. Au-delà de cette période, l’OIT suspendra l’inscription si les conditions ne sont pas remplies.
3- Les écoles ne répondant à aucune des conditions requises ci-haut citées. Dans ce cas, l’OIT refusera son tableau aux diplômés de ces écoles.
 
En tout cas, quoi qu’il en soit, le débat à ce sujet risque de se poursuivre longtemps et on ne peut qu’espérer que les autorités et l’OIT aillent jusqu’au bout dans leur réforme de la formation afin d’assurer la qualité des diplômés.
 
 
 

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