Luz, dessinateur à Charlie Hebdo: « Je ne dessinerai plus le personnage de Mahomet...»

 Luz, dessinateur à Charlie Hebdo: « Je ne dessinerai plus le personnage de Mahomet...»


« Je ne dessinerai plus le personnage de Mahomet, il ne m'intéresse plus. Je m'en suis lassé, tout comme de celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner. » Quelques mots lâchés par le dessinateur Luz, au milieu d'un entretien accordé au magazine Les Inrockuptibles, paru mercredi 29 avril.

Le numéro dit des « survivants » de janvier – un nom « à la con ! », s'exclame Luz dans l'entretien – , avec la caricature de Mahomet en couverture qui tenait une pancarte « Je suis Charlie » et le surtitre « Tout est pardonné », avait suscité des manifestations parfois violentes dans plusieurs pays musulmans.

Sorti une semaine après la tuerie perpétrée par les frères Kouachi, le 7 janvier, qui avait fait douze morts, il avait été diffusé à huit millions d'exemplaires, un record historique pour la presse française.

Questionnements sur l'avenir du journal

Interrogé sur la tribune parue dans Le Monde et appelant à une « refondation de Charlie Hebdo », Luz dément l'idée que deux camps, la direction et la rédaction, soient en train de s'affronter :

« Cette tribune montre qu'il y a une vraie possibilité de collectif. Elle met les questions sur la place publique et demande qu'on y voie plus clair. Il faut discuter de la ligne éditoriale et trouver une structure commune. (…) Comment créer une nouvelle ligne dans le respect de l'ancienne et de ce que l'on est devenu ? “Charlie” est-il encore un journal politique ? Peut-il devenir un “news mag” ? Une nouvelle formule est censée sortir en septembre mais on n'en sait pas plus. Va-t-il y en avoir une ? »

« Les terroristes n'ont pas gagné »

Interrogé sur une déclaration de Philippe Val, l'ancien patron de Charlie Hebdo, qui avait estimé, peu après l'attentat, que les terroristes avaient gagné, il rétorque : « J'ai sauté au plafond en entendant ça. » Il ajoute :

« C'est tellement dingue.Il n'est plus lui-même, ce garçon, et il ne parle qu'en son nom ! Il n'est plus “Charlie”, il n'est pas “Charlie”. Il fait juste partie de l'histoire de “Charlie”. Il est dans le déni de ce qu'il a été pour ce journal »

« Les terroristes n'ont pas gagné. Ils auront gagné si la France entière continue d'avoir peur », conclut-il en estimant qu'il s'agit du « ressort du FN ».