Marche de samedi, le pari réussi de Béji et Hamma

Marche de samedi, le pari réussi de Béji et Hamma

 

La marche contre le projet de réconciliation économique organisée samedi 12 septembre par le Front populaire et Al Massar avec des associations de la société civile s’est déroulée sans incident. Bien encadrée par un service d’ordre vigilant sous les yeux scrutateurs des forces de police venues en grand nombre pour veiller au grain. Pour Hamma Hammami qui avait promis au président de la République Béji Caid Essebsi d’éviter « les provocs », « c’est une victoire pour la Tunisie et pour la démocratie ». Les craintes de débordements ou de dérapages se sont estompées au fur à mesure que les manifestants avançaient en direction du siège du ministère de l’intérieur, devant lequel ils ont crié des slogans hostiles, sans être inquiétés. Tout le monde doit féliciter tout le monde, les organisateurs pour avoir tenu leur parole de mener à bien la manifestation, tout en évitant de provoquer les policiers, et les agents de l’ordre pour avoir fait preuve de beaucoup de tact et de maitrise. Aucune provocation, même pas la présence du secrétaire général de Nida Tounes ,  Mohsen Marzouk et de quelques députés de son parti, venus suivre de très près la manifestation comme pour témoigner  de la neutralité des forces de l’ordre et du  comportement des manifestants.

« A travers cette marche à laquelle ont participé entre 2.500 et 3.000 personnes, un nombre assez important eu égard la chaleur et la phobie d'attentats, nous avons voulu interpeller les Tunisiens sur la dangerosité que représente le texte présenté par la présidence de la République sur la réconciliation économique et financière, sur le climat social et politique en général », confia Hamma Hammami. Il a ajouté « qu’au cours de sa rencontre avec le président Béji Caid Essebsi, il a été convenu d’engager des consultations sur la réconciliation nationale et de ne pas précipiter les choses afin de préserver la paix sociale ».

La marche d’hier  est la preuve que les Tunisiens  savent faire montre de civisme quand ils le veulent et que la rue,  quand elle est bien maitrisée,  pourrait devenir non seulement un moyen de contestation mais aussi une forme  d’expression collective.  C’est aussi une forme d’expression démocratique et un droit inaliénable qui ne saurait être confisqué ni usurpé ni détourné de ses objectifs. Les manifestations qui sont  des mouvements de masse,  nécessitent pour leur organisation des méthodes de plus en plus élaborées, et des techniques sophistiquées. Ceux qui ont craint un remake du 9 avril 2012 avec ses violences et sa répression ont soufflé à la dispersion dans le calme des manifestants.

Un seul gagnant, la démocratie. Plusieurs perdants, les « cassandres » qui ont prédit « un samedi noir » et le terrorisme qui voulait profiter de l’aubaine pour commettre  ses forfaits.

B.O