Mohsen Marzouk: Sihem Ben Sedrine veut mettre le pays en stand-by

Mohsen Marzouk: Sihem Ben Sedrine veut mettre le pays en stand-by

Dans une interview publiée dans le quotidien La Presse de dimanche 19 juillet, le nouveau secrétaire général de Nida Tounes, Mohsen Marzouk a parlé de ses priorités, de la vision d’avenir de Nida et de ses relations avec Ennahdha, de l’initiative de réconciliation nationale et de Sihem Ben Sedrine qui devrait aller « chercher les archives de 1955 à Paris ». Marzouk qui se dit « néobourguibiste, ouvert sur l’avenir », se sent «  utile à Nida Tounes, surtout que ce jeune parti était mal parti pendant la période post-électorale ». Il pense que la réconciliation politique a été faite, sinon « comment entrer en course dans la présidentielle côte à côte avec Abderrahim Zouari, Mondher Zenaïdi, puis bannir, juste après, toute idée de réconciliation nationale ? Il propose d’appliquer la réconciliation économique aux contrebandiers » et préconise de s'inspirer de l'étude réalisée au temps de Ben Ali sur "la Tunisie en l'an 2030".

A propos des délégations spéciales, le secrétaire général du Nida, pense qu’il faut « abolir toutes les délégations spéciales et les confier aux délégués. Du reste,  garder quelques-unes seulement de ces délégations spéciales, va déclencher le sentiment que ces délégations sont au service du parti au pouvoir ».

Pas de débat stratégique avec Ennahdha

Quant aux relations de son parti avec Ennahdha, il dit que toute logique historique n’est pas forcément une logique rationnelle. Au départ, nous avons agi par rapport à Ennahdha parce qu’elle accaparait la vie politique. Nos positions à l’égard de ce parti étaient au départ conçues pour faire l’équilibre. Mais qui dit équilibre, dit équilibre contre quelque chose et pour quelque chose. Nous n’avions pas agi spécialement contre Ennahdha, mais pour la Tunisie, pour reconstruire le modèle moderniste tunisien. Nous, quand on s’est défini, nous avons dit que nous sommes la cinquième génération du Mouvement national tunisien. La première génération étant la génération des réformateurs, la seconde génération, celle de ceux qui ont lutté pour la libération nationale, la troisième génération, celle qui a lutté pour la libération nationale, la quatrième  a lutté pour les libertés, en l’occurrence la gauche, les syndicalistes et les militants des droits de l’Homme et la cinquième génération, enfin, c’est la génération dont se réclame Nida Tounès  et qui a annexé les droits de l’Homme et les libertés ».
Et d’ajouter, « après les élections, nos territoires respectifs ont été délimités. Et la volonté des électeurs, en nous octroyant 37% des voix et en octroyant à Ennahdha 27 %, nous a mis côte à côte pour travailler. Nous avons essayé de faire des coalitions avec d’autres partis, ceux qui semblaient être nos alliés naturels, mais ça n’a pas marché. Ils semblaient être nos alliés naturels au moment de la campagne électorale, mais au-delà de la modernité qui nous unissait, il y avait aussi des enjeux économiques. C’est là que nous n’avons pas trouvé un terrain d’entente. On était alors devant deux choix, soit refaire les élections, soit trouver une solution avec Ennahdha. Désormais, nos relations avec Ennahdha sont celles de deux partis au sein, de l’Etat et nos échanges sont timides. Par exemple, entre nous, il n’y a pas de débat stratégique notable, comme un débat autour d’une vision éventuelle pour les vingt prochaines années. Même si nous nous concertons dans le cadre des quatre partis au pouvoir, c’est surtout à propos d’événements ponctuels, notamment le terrorisme ». 


Réactualiser"la Tunise en l'an 2030"
S’agissant de la vision du parti, Mohsen Marzouk répond que «  Nous avons une stratégie économique qui repose sur un programme économique que nous avons intitulé « El Amel » (espoir). Nous avons aussi une vision religieuse et nous somme aussi les seuls à avoir proposé un programme culturel. .. Pour le moment, nous avons deux objectifs majeurs à réaliser dans les dix ans à venir : les réformes et l’éradication du terrorisme. Mais ces deux réformes n’ont d’impact que si elles font partie d’une vision pour les trente ans à venir. 
Il y a une étude stratégique qui a été faite du temps de Ben Ali, « Tunisie 2030 ». A part qu’elle a été rédigée par moments à l’encre « mauve », c’est une  étude intéressante qu’il faut réactualiser et je propose d’en faire dans quatre mois un document de base ». 
Il préconise  « un pacte national entre le gouvernement, les syndicats, le patronat et les partis » pour passer «  deux ans sans soubresauts ».

Mohsen Marzouk qui a passé huit mois au palais connait bien les intentions du Président de la République Béji Caid Essebsi quand il a lancé son initiative de réconciliation nationale. Il pense que chacun « trouvera son compte » et que ceux qui refusent cette réconciliation nationale se contredisent. Car, comment entrer en course dans la présidentielle côte à côte avec Abderrahim Zouari, Mondher Zenaïdi, puis bannir, juste après, toute idée de réconciliation nationale ? C’est de la  pure schyzophrénie ». Pour lui, « la  réconciliation nationale politique a donc été faite. Il faut l’assumer et passer à la réconciliation économique, et je propose d’ailleurs de l’appliquer aussi à ceux qui sont en Tunisie, notamment les contrabandiers qui, en régularisant leur situation, peuvent devenir utile à l’économie du pays.

Sihem Ben Sedrine veur mettr ele pays en stand-by

Mais il y a l’IVD de Sihem Ben Sedrine qui « veut mettre le pays en stand-by, tout arrêter et procéder à la réconciliation ». Sihem Ben Sedrine, dit-il,  a choisi de travailler sur une période allant de juillet 1955 jusqu’à nos jours. Or, juillet 1955, qui gouvernait en Tunisie ? Les colons.
Qui va assumer la responsabilité politique de ce qui s’est passé en juillet 1955 ? La France ?
Comment elle va résoudre cette difficulté ? Va-t-elle dépêcher des camions à Paris pour ramener les archives ? 
Non, pour nous, la justice transitionnelle, c’est pour cicatriser les blessures, pas pour remuer le couteau dans les plaies déjà cicatrisées. »