Nabil Karoui: La vie et la politique autrement loin de Nidaa

Nabil Karoui: La vie et la politique autrement loin de Nidaa

 

Nous venons de recevoir le communiqué suivant  signé par Nabil Karoui dans lequel il annonce qu’il gèle son appartenance à Nidaa Tounes sans pour autant s’éloigner de la politique.

Voici l’intégralité de ce communiqué :

« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis »   (Victor Hugo)

"Après le drame qui a frappé ma famille avec la mort de mon fils Khalil, paix à son âme, je vois aujourd’hui la vie différemment et entrevois clairement sous quel angle l’aborder désormais, ce que je voudrais en faire et quelle autre trajectoire lui donner. C’est pour moi un moment important de retour sur soi, de réflexion et de prise de conscience.
Aussi, j’ai décidé, dans un premier temps, de geler mon appartenance à Nidaa Tounes dont je suis l’un des fondateurs historiques et d’y suspendre mes activités au sein de toutes ses instances.

Car, avec le recul et au travers de mon expérience de la vie et de la politique, je me rends compte plus que jamais que la voie actuelle suivie par ce parti ne correspond pas à mes valeurs et qu’il est dénué de ce qui est censé fonder un parti démocratique à savoir la collégialité, la consultation, l’échange, le consensus et, plus encore, la vision, les idées, l’altruisme et la volonté réelle d’œuvrer avant tout au service du citoyen. Conflits, luttes intestines, intrigues et manœuvres politiciennes l’ont éloigné de la réalité quotidienne du peuple et de ses préoccupations essentielles. Il faut souligner, il est vrai, que la situation de tous les autres partis est loin d’être meilleure, englués qu’ils sont également dans leurs discordes internes et confinés dans leurs discours embrouillés et confus, sans prise aucune avec le réel.
Ce n’est pas là l’idée que je me fais de la politique dans son acception la plus noble et la plus généreuse. C’est pourquoi je veux revenir aux principes fondamentaux qui président à l’action publique et que je veux faire miens : servir avec sincérité et humilité, à ma façon, et dans toute la mesure de mes moyens, mes compatriotes, en premier lieu les plus démunis et les laissés pour compte et essayer de répondre autant que possible à leurs attentes immédiates, ici et maintenant.
Je demeure, certes, convaincu de la nécessité et de la pertinence du consensus (التوافق) national et de la réconciliation. Mais j’observe que ce choix sociétal, humaniste et généreux, auquel nous avons tous cru pour réussir la transition démocratique et sortir la Tunisie de son marasme est resté circonscrit au niveau d’un cercle restreint, au service d’intérêts personnels étroits, sans essaimer dans toutes les couches de la société et sans donner les résultats escomptés.
Je pense qu’au plus fort de la tempête qui secoue notre pays, la classe politique devrait se départir de ses postures idéologiques pour se focaliser sur la réalité politique, économique et sociale et opter pour une démocratie participative, basée sur le terrain et la proximité, l’écoute et le dialogue, seule voie vers le rassemblement et le salut.

 Pour ma part, j’ai décidé donc de reprendre ma liberté de parole et d’action pour pouvoir agir sans contrainte, pour écouter, entendre et comprendre la souffrance, la détresse, l’impatience, le cri de nos concitoyens, tendre la main à nos frères et sœurs et surtout à nos jeunes, avec lesquels nous avons ce pays en partage, qui vivent dans le besoin, la précarité et le dénuement, décrypter leurs espoirs et leurs rêves et tenter par tous les moyens de les aider à les réaliser et de leur rendre espoir et confiance en l’avenir.
Je ne m’éloigne pas de la politique mais, compte tenu de la situation particulière et délicate de notre pays, j’entends la faire autrement, sans que cela soit dirigé contre personne. J’ai de la Tunisie et de la résolution de ses problèmes une vision pragmatique, celle qui consiste à résoudre en urgence, par accumulation, les questions pratiques du quotidien des Tunisiens, et ce parallèlement à l’indispensable mise en place des réformes structurelles que requiert la reconstruction nationale. J’ai pris la résolution de m’y mettre et, à cette fin, de me donner tous les moyens possibles pour y parvenir.

 « Le meilleur gouvernement n’est pas celui qui fait les hommes les plus heureux, mais celui qui fait le plus grand nombre d’heureux » (Charles Pinot Duclos)"
 

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