Oasis de Jemna au cœur de l’actualité : rébellion contre l’Etat ou économie solidaire

 Oasis de Jemna au cœur de l’actualité : rébellion contre l’Etat ou économie solidaire

 

L’oasis de Jemna dans le gouvernorat de Kébili a été au cœur de l’actualité en ce dernier week-end. En effet, la ferme de la STIL (appelée auparavant Henchir Maamar), louée avant 2011 à des particuliers a été occupée par les villageois qui ont constitué pour la gérer, l’Association de la Protection des Oasis de Jemna, qui exploite, depuis, l'oasis. Entre « légalité de l’Etat » et « légitimité citoyenne » cette oasis a été au centre d’un bras de fer qui a donné lieu à une vente aux enchères de sa récolte de dattes au cours d’un grand meeting digne des grandes démonstrations partisanes en présence de responsables politiques de premier rang appartenant au spectre politique allant d’Ennahdha au Front populaire. Se sont déplacés spécialement sur place pour assister à cette vente Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire ainsi que les députés Zouheir Maghzaoui (Mouvement du Peuple), Abdellatif Mekki (Ennahdha) et Samia Abbou (Courant démocratique) ainsi que des représentants de Harak el-Irada. Ils ont tenu par leur geste à afficher leur soutien à cette expérience comme « un modèle de l’économie solidaire. ». La vente aux enchères a été remportée par un enfant de la région pour la somme de 1,7 million de dinars.

L'association justifie cette gestion collective de la ferme comme « un exemple de réussite de la démocratie participative et de la distribution équitable des richesses ». En effet, selon cette association, les profits engendrés par cette exploitation servaient toute la région avec l'emploi de plus en plus de jeunes, le lancement de projets de développement pour le compte des habitants. Pour l'Etat, l'Association est dans l'illégalité totale et propose ce qu'on présente comme un compromis en l'occurrence que l’Association constitue une Société de la mise en valeur et de développement agricole. L'Etat s'engage également ne pas demander de contrepartie par rapport aux profits engendrés par la gestion durant les cinq années.

Réagissant à cette vente aux enchères, le Secrétariat d’Etat aux Domaines de l’Etat et des Affaires foncières a publié, lundi un communiqué dans lequel il affirme que « l’Etat poursuivra civilement, pénalement et administrativement toutes les parties ayant profité illégalement des biens publics », car l’Etat a « l’obligation de protéger les biens publics et de récupérer ce qui a été spolié au détriment de la communauté nationale. Le communiqué précise que ce qui s’est passé à Jemna le 9 octobre 2016, ne changera pas le fait que la démarche de l’association demeure illégale et ne lui confère aucune légitimité.

Le Bloc Al-Horra ( du parti Machrou3 Tounés) à l’ARP a mis en garde contre les incidences négatives de l’affaire de Jemna. « La lutte contre la corruption ne justifie en aucune façon l’appropriation par la force des domaines de l’Etat » souligne le bloc. « C’est l’Etat qui est responsable de l’exploitation rationnelle de ses biens et lui seuil est chargé de l’allocation de l’argent public selon les priorités de l’économie nationale » dit un communiqué publié lundi. 

Al-Horra exprime son opposition à tous les agissements contraires à la loi et à toutes les formes d’atteinte aux institutions de l’Etat en appelant le gouvernement à prendre toutes les mesures légales et les procédures effectives urgentes pour concrétiser ses intentions de combattre la corruption tout en luttant contre la rébellion et les atteintes à l’autorité de l’Etat.

Le bloc a dénoncé enfin l’exploitation de cette affaire au service d’intérêts partisans étriqués qui ne prennent pas compte l’intérêt supérieur du pays et menacent la paix civile.

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