Petrofac : Le blocage continue sous le soleil brulant de Kerkennah

Petrofac : Le blocage continue sous le soleil brulant de Kerkennah

Alors quoi de neuf à Kerkennah ? Nos lecteurs ne laissent de nous poser la question qui brule sur toutes les lèvres. C’est même devenu avec la production de phosphates dans le bassin minier de Gafsa comme le défi majeur qui est posé à la Tunisie post-révolution. Voilà nos richesses posées à nos pieds et qu’on nous prive du droit d’en faire profiter la communauté nationale et en premier lieu les travailleurs dans des zones pas particulièrement pourvues par la nature par ailleurs.

Malheureusement et on le dit la peine dans l’âme : Rien de neuf sous le soleil désormais brulant des Iles Kerkennah. Bloqué depuis mi-janvier 2016, le site de Petrofac l’est encore jusqu’à ce jour.

Les cuves remplies à ras-bord au cours des quelques jours d’activités en avril  sont toujours  pleines de condensat, ainsi que les camions encore sur le site. Du fait du condensat de gaz qui est un produit volatil,  instable et extrêmement inflammable, la moindre étincelle risque d’embraser le site.

Les autorités, le gouverneur de Sfax en tête ont beau ouvrir des négociations avec les sit-inners et les rassurer que toutes les personnes, plus de 200 seront embauchées grâce au Fonds mis en place par la société pétrolière détenue à 55% par l’Etat tunisien, rien n’y fait. Début juin, le gouverneur a annoncé à renfort de publicité que le site va rouvrir du fait que les revendications des contestataires ont été satisfaites. Que nenni. Il a été vite démenti puisque d’autres réclamations, celles là inacceptables parce que relevant de la justice,  ont été posées. Il s’agit, ni plus ni moins que d’abandonner les poursuites contre toutes les personnes impliquées dans les émeutes d’avril.

 En tout cas dans un Etat de droit, la justice est indépendante et rien ne peut arrêter sa machine une fois enclenchée, l’exécutif ne pouvant intervenir qu’une fois les peines devenues définitives. Mais allez faire comprendre ça à des gens qui ne veulent rien comprendre.

Comme « Petrofac » produit entre  12 et 15% des besoins en gaz liquide du pays, la fermeture du site oblige la communauté nationale à recourir au gaz naturel venant par gazoduc d’Algérie et payé en devises. Ce qui entraine des dépenses supplémentaires outre le manque à gagner  de la société qui s’élève à 400.000 dinars par jour dont 75% (300.000) reviennent à l’Etat tunisien (sa part des revenus des puits de Kerkannah et les taxes dues).

Mais ce n’est pas tout, après l’accès de fièvre dû à la tentative de reprise de travail sur le site en avril, les forces de sécurité intérieure ont été évacuées de l’archipel.

C’est le seul endroit de la république qui n’est pas soumis aux agents de l’Etat chargés de la sécurité des citoyens partout où ils se trouvent. Certes l’armée a été investie du devoir de protéger les édifices publics mais il ne rentre pas dans  ses attributions de  faire régner la loi. C’est d’ailleurs pourquoi la population de Kerkennah  a adressé le 18 juin dernier un appel  au secours aux autorités dans une lettre envoyée au ministre de l’Intérieur.

Après avoir condamné les agissements de personnes appartenant au Front populaire et au Hizb Attahrir qu’ils citent par  leurs noms,  en les considérant comme une minorité qui veut imposer sa volonté à la majorité et qui tient l’archipel en otage, elle demande l’intervention urgente du ministre de l’Intérieur  pour  rendre l’île dans le giron de la patrie en étendant l’autorité de l’Etat,  en assurant son autorité par  l’application de la loi. Elle réclame le retour des forces de sécurité sur l’archipel et son renforcement par une base militaire en vue de  recourir à  l’armée dans les moments  difficiles pour  maitriser la situation en cas de heurts éventuels.

Trois semaines plus tard rien n’est fait. Le site Petrofac est toujours bloqué. Les cuves sont toujours pleines  et peuvent embraser l’archipel à tout moment. L’Etat continue toujours à importer le gaz pour satisfaire aux besoins du pays à renforts de devises au moment où on en a le plus besoin pour améliorer la situation catastrophique de notre balance de paiements et des finances publiques.

Alors devrions-nous crier comme l’a fait un ancien Chef de gouvernement ; « Bon Dieu où est l’Etat ? ».

R.B.R.

 

 

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