Pour se protéger des bombardements le front Nosra déclare rompre avec Al-Qaida

Tout le monde sait que le front Al-Nosra est l’aile d’Al-Qaida en Syrie. Mais voilà que le chef de ce groupe terroriste vient de proclamer le divorce entre les deux groupes.

En effet, le chef d’Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani a annoncé que son groupe rompait ses liens avec le réseau Al-Qaïda, lors d'une apparition inédite sur un enregistrement diffusé, jeudi 28 juillet, par la chaîne de télévision Al-Jazeera. "Nous remercions les commandants d'Al-Qaïda pour avoir compris la nécessité de rompre les liens (...)", a indiqué le chef du deuxième plus important groupe « jihadiste » en Syrie, en soulignant que cette décision "vise à protéger la révolution syrienne".

Classé groupe "terroriste" par Washington, le Front Al-Nosra a été visé à plusieurs reprises par les frappes de la coalition antijihadiste dirigée par Washington mais dans une moindre mesure comparé au groupe DAESH. Il est surtout la cible depuis septembre 2015 de bombardements de la Russie, principal allié du président syrien. L'enregistrement d'Al-Qaïda intervient une semaine après un accord entre les chefs des diplomaties russe et américaine sur la lutte commune contre Al-Nosra et DAESH.

L'expert en groupes dits « jihadistes » Charles Lister a tweeté cette semaine que l'objectif d'Al-Nosra était de se protéger d'une éventuelle campagne russo-américaine, de s'"incruster davantage dans la révolution syrienne et de garantir son avenir à long terme".

Al-Nosra est apparu officiellement en janvier 2012, soit dix mois après le début de la révolte pacifique contre le régime de Bachar Al-Assad. La grande différence entre Al-Nosra et DAESH réside dans le fait que le premier est allié avec les rebelles combattant les troupes pro-Assad et s'est constitué un soutien populaire, tandis que le second combat tous ceux qui ne lui prêtent pas allégeance.

Composé essentiellement de « jihadistes » syriens, contrairement à DAESH, le Front Al-Nosra se distingue toutefois de la rébellion par son aspiration à « un émirat islamique » en Syrie. De nombreux rebelles syriens ont rejoint ses rangs, attirés par ses moyens financiers et sa meilleure organisation, selon des observateurs avertis.