Pourquoi les Tunisiens n'ont-ils aucun respect pour leur Président ?!

Pourquoi les Tunisiens n'ont-ils aucun respect pour leur Président ?!

 

Lynché, vilipendé, tourné en dérision, lapidé sur la place publique, traité de tous les noms d'oiseaux, affublé de tous les attributs réducteurs...jamais un président en exercice n'aura subi autant de critiques, encaissé autant d'humiliations et avalé autant de couleuvres que Marzouki.

En parcourant les journaux tunisiens (presse écrite, orale, électronique), les réseaux sociaux (Facebook, twitter...), il n'est pas besoin d'être un foudre d'intelligence pour remarquer à quel point certains Tunisiens ont un réel déficit de respect pour l'actuel président et surtout pour son poste.

De mémoire d'homme, jamais un président en exercice, dans le monde arabe en tout cas, n'a pris à la gueule autant d'insultes et de banderilles.Est-ce cela la liberté d'expression? Que nenni ! Un journaliste a-t-il le droit d'insulter de la sorte un président de la République, ou de demander son emprisonnement si "controversé" et si "contesté" soit-il?

Naguère connue pour être l’une des plus timorées du continent, la presse tunisienne qui a longtemps traîné sa réputation d’enfant immature qui obéit au doigt et à l’œil aux injonctions sordides et autres humeurs du régime déchu, devient de plus en plus sali par le comportement irresponsable et dévergondé de certains journalistes.

Fini le temps où les chevaliers de la plume ou du verbe étaient soumis à la loi de l’oppression. Il est loin le temps où l’ancien régime despotique s’acharnait sur les médias, faisant tout pour les asservir et leur imposer des lignes rouges qu’ils ne pouvaient jamais franchir sous peine d’être « corrigés ».

La presse d'aujourd'hui l'a bien compris, la révolution a sonné le glas de ces pratiques nauséabondes, en faisant humer un vent de liberté inespéré. Mais ne dit-on pas que trop de liberté de la presse tue la liberté. Et pour preuve, une partie du quatrième pouvoir, sous prétexte justement de cette liberté, se laisse aller à des dérapages graves et insensés. Du coup, certains médias se sont spécialisés dans l'art de la calomnie et des gros mots. Certains, à la moindre peccadille du Président, sont prêts à le lyncher et à lui déverser leur bile !

Qu’il soit écrit ou audiovisuel, public ou privé, un média est censé être un objecteur de conscience, véhiculant les nobles vertus de la morale et du respect. Mais avouons qu’en Tunisie, certains de nos moyens d’informations de masse semblent être à mille lieues de ces vertus cardinales.

Calomnies, maladresses, dérapages, règlements de comptes… sont devenus malheureusement le sport favori de certains de nos médias, qui n’hésitent pas à utiliser des "méthodes irresponsables " doublées d'un langage de charretiers pour rabaisser plus bas que bas ceux contre lesquels ils ne sont pas d'accord.

En cette période historique de transition démocratique et de campagne pour la présidentielle, le quatrième pouvoir, au lieu de faire de la liberté d’expression un bon usage, en faisant preuve de responsabilité et de retenue, se livre parfois à des jeux dangereux dont les conséquences peuvent se révéler graves pour l’avenir et la stabilité de notre pays.

Mais séparons tout de même le bon grain de l’ivraie. Il existe, fort heureusement encore, au sein du quatrième pouvoir, de vrais professionnels qui agissent dans les règles de l’art.

Il est vraiment temps que les journalistes, les vrais, nettoient eux-mêmes les Ecuries d’Augias et assainissent leur métier. Il est aussi grand temps pour la grande famille médiatique de s’unir sur un projet commun du conseil de la presse pour une vraie presse libre, objective et responsable qui ne cherche que les intérêts du pays, sans se mêler au jeu politique.

Il est temps aussi que le syndicat des journalistes, la fédération des directeurs de médias, en attendant le tant attendu Conseil de la Presse, sifflent la fin de la récréation. Car, au-delà de leur statut d'hommes politiques, ceux qui sont victimes du lynchage médiatique irresponsable sont des citoyens, des pères de famille qui ont droit à un minimum de respect de leur dignité humaine. «Respecte l’être humain, car s’il n’est pas ton frère dans la religion, il est ton frère dans l’humanité. », disait un sage. A bon entendeur salut !

Oumar D.