Que va changer l’élection de Soufien Toubal à la tête du groupe parlementaire de Nidaa Tounes ?

 Que va changer l’élection de Soufien Toubal  à la tête du groupe parlementaire de Nidaa Tounes ?

 

Le groupe parlementaire de Nidaa a un nouveau président en la personne du député de Gafsa Soufien Toubal. Ce dernier a été élu par ses pairs, au cours des journées parlementaires organisées samedi et dimanche 7 et 8 mai 2016 à Sousse, pour succéder à Fadhel Ben Omrane qui a été poussé vers la porte de sortie pour « incapacité à gérer la crise et en trop grande proximité avec Ennahdha ». L’arrivée de ce jeune quadra, militant dès ses premières heures dans les rangs de l’ancien RCD, va changer la donne au sein du parti, mais aussi dans les équilibres entre les trois principales institutions, la présidence de la république, le gouvernement et l’Assemblée des représentants du peuple.  Celui qu’on nomme « le bulldozer » ou encore le Zitoun de Nidaa, par comparaison à Lotfi Zitoun, est  réputé proche du palais de Carthage et il est connu pour son franc parler et ses déclarations tonitruantes. Il a rejoint Nidaa Tounes dès sa création et a été propulsé au devant de la scène au plus fort de la crise du parti. Il a soutenu les initiatives  tendant à résoudre les problèmes internes et a été même derrière l’appel de Mohamed Ennaceur, alors président de Nidaa Tounes,  au mois de novembre 2015 pour  «  dépasser cette crise qui menace l'unité du parti et impacte la stabilité du pays». Et ce qui expliquerait la présence de ce dernier à la clôture des travaux des journées parlementaires.

Toubal n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le chef du gouvernement Habib Essid lui tirant un carton jaune et accusant, nommément,  son directeur de cabinet Taieb Yousfi d’être l’homme à tout faire  à la primature. Faute de ne pas pouvoir le déclarer persona non grata au cours d’une réunion avec  la coordination des partis au pouvoir,  le protocole de la présidence du gouvernement l’a placé au fond de la table,  suscitant une vive réaction de la part de Nidaa. Dorénavant,  le locataire de la Kasbah, ses collaborateurs et son protocole doivent apprendre à composer avec lui, en faisant bon cœur contre mauvaise  fortune.

Nidaa Tounes  s’est, depuis plusieurs mois, enlisé dans une crise profonde, miné par une guerre de clans et d’ambitions, ce qui a fortement ébranlé le fragile équilibre instauré par Béji Caïd Essebsi entre les différents courants formés de militants venus de divers horizons. Son  groupe parlementaire s’est fissuré   après la démission d’une trentaine de députés qui ont formé un nouveau groupe « Al Kotla Al Horra », perdant du coup la première place au sein de l’ARP. Même ceux qui sont encore restés n’hésitent pas à critiquer la gestion du parti et pointer du doigt l’absence de démocratie une plus grande promiscuité avec Ennahdha. C’est pour ces raisons, que les députés qui sont les seuls à se prévaloir de la légitimité, celles des urnes, ont décidé de prendre les choses en mains pour tenter de recoller les débris. Le groupe parlementaire cherche à se repositionner pour devenir la locomotive du Parti et reprendre sa place perdue au sein de l’ARP. Les deux communiqués publiés à l’issue des journées parlementaires de Hammamet les 23 et 24 avril et de Sousse les 7 et 8 mai, ont ouvert la porte grande ouverte au retour des démissionnaires et de ceux qui ont gelé leur appartenance au groupe. Mieux, l’arrivée de nouveaux députés, comme les trois démissionnaires de l’UPL,  est vivement souhaitée et l’on parle d’un groupe parlementaire de 90 membres.

Sans aller jusqu’à prévoir une crise entre Carthage et la Kasbah, l’élection de Soufien Toubal à la tête du groupe de Nidaa Tounes va certainement impacter les équilibres entre les deux exécutifs au profit de la présidence de la république. Un prélude pour cette « majorité présidentielle » annoncée à tour de bras et un soutien pour les initiatives du président de la République Béji Caid Essebsi.  Surtout que le groupe parlementaire est plus que jamais décidé à jouer la locomotive pour le parti et imposer une nouvelle ligne directrice qui pourrait trancher avec celle adoptée par le président de l’Instance politique Ridha Belhaj dont le soutien à Habib Essid est jugé « indéfectible ». Les députés ont pour premier souci de créer les conditions favorables pour « la reconstruction du projet de Nida Tounes », une thèse proche de celle de l’initiative dite des « 57 », du nombre des signataires de la pétition parmi les membres du bureau exécutif.

B.O

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