Questions autour de la libération d’un milicien libyen en contre partie de celle des Tunisiens détenus à Sabrata

Questions autour de la libération d’un milicien libyen en contre partie de celle des Tunisiens détenus à Sabrata

 

Comme nous l’avons écrit dans un précédent article(http://www.espacemanager.com/les-tunisiens-detenus-sabrata-ont-ils-ete-l...), la libération des Tunisiens détenus à Sabrata a été conditionnée  à la celle  d’un membre de la municipalité, Houcine Dhaouadi ,  arrêté le 9 octobre 2015, à l’aéroport Tunis Carthage,  soupçonné d’appartenir à un groupe terroriste opérant à Sabrata appelé « Jound El Islam »( Soldats de l’Islam). Les ravisseurs avaient, au départ, exigé le retour de Dhaouadi avant de relâcher les Tunisiens dont le nombre exact n’a pas été communiqué, variant, selon les sources, entre 100 et 300.  Mais ils auraient obtenu un engagement de la part des autorités tunisiennes, à travers « le médiateur attitré » l’activiste libyen des droits de l’homme, Mustapha Abdelkébir, qui a été le premier à avoir annoncé la prise d’otages et formulé les demandes des ravisseurs alors que les autorités tunisiennes n’avaient rien annoncé.

Selon une déclaration du porte parole de du tribunal de première instance de Tunis, le juge d’instruction avait ordonné, l e12 août, l’ouverture d’une information judiciaire contre Houcine Dhaouadi. L’unité de recherches contre les crimes terroristes a déféré le procès verbal de l’interrogatoire au juge d’instruction qui a ordonné de le libérer.

On comprend le souci des autorités tunisiennes de protéger les citoyens en Libye et de sauver leur vie, moyennant des concessions douloureuses. Mais, c’est devenu la règle. A chaque arrestation d’un libyen soupçonné de terrorisme, la réaction des parties libyennes est immédiate : l’enlèvement des Tunisiens et le chantage. Ce n’est pas la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière fois que des groupes armés sévissant en Libye mettent la pression sur le gouvernement tunisien en conditionnant la libération de  ses citoyens par la libération de l’un des leur,  finissant par obtenir gain de cause. Cette affaire rappelle, toutes proportions gardées, le kidnapping de dix agents du consulat de Tunisie à Tripoli le 12 juin dernier. La milice relevant de  Fajr Libya, avait exigé la libération de l’un de ses chefs, Walid Gleib, soupçonné de terrorisme. Après cinq jours de « négociations », les autorités tunisiennes avaient fini par obtempérer, de manière rocambolesque, aux revendications de la milice en libérant Gleib en contrepartie de la libération des agents consulaires. Dans la foulée, il a été décidé de fermer le consulat général à Tripoli.

Des  questions toute simples, pourquoi procède-t-on à des arrestations des libyens après les avoir laissé enter dans notre pays pour céder, par la suite au chantage ? Pourquoi ne pas les renvoyer dès leur arrivée aux passages frontaliers s’ils ne sont pas accusés de crimes en Tunisie ou contre des citoyens tunisiens à l’étranger ? Y a-t-il une coordination entre les différents services de l’intérieur,  de la justice et des affaires étrangères ? Qui sont les intermédiaires entre les autorités tunisiennes et les ravisseurs libyens ? Et tas d’autres questions qui taraudent les esprits…