Rabeb Sbai (la plus jeune membre de Nidaa): "Même Daesh ne peut faire disparaître Nidaa Tounes"

Rabeb Sbai (la plus jeune membre de Nidaa): "Même Daesh ne peut faire disparaître Nidaa Tounes"



Elle est la chouchoute de tous les membres du parti. Elle a assisté à tous les meetings de Beji Caïd Essebsi, elle connaît les coulisses du parti mieux que quiconque. Elle est, à 17 ans, la plus jeune membre de Nidaa Tounes. Sans langue de bois, Rabeb Sbai, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, nous livre dans cette interview, ses sentiments et son expérience au sein de Nidaa Tounes.
 
Qui est Rabeb Sbai et comment a-t-elle intégré Nidaa ?

Je suis Rabeb, j’ai 17 ans et je veux devenir avocate ou journaliste. J’ai intégré Nidaa à l’âge de 16 ans. Après la révolution, et comme la majorité de nos jeunes, je commençais à m’intéresser à la vie politique jusqu’au jour où je suis tombée sur Bajbouj. C’était le coup de foudre, du coup j’ai décidé d’intégrer la famille Nidaiste, de lutter pour cette idée et ce projet national. J’ai contacté Mohsen Marzouk via Facebook et puis j’ai assisté au premier meeting, au premier combat, au palais des congrès de Tunis. Maintenant, je suis la plus jeune membre de Nidaa.

Pourquoi Nidaa, pourtant il y avait d’autres partis qui ont pratiquement les mêmes projets ?

Oui, ces partis dont tu parles ont les mêmes projets mais n’ont pas Bajbouj. Moi j’étais et je suis toujours fascinée par la personnalité de Béji Caïd Essebsi. Moi, qui n’ai pas eu la chance de connaître Bourguiba, j’ai trouvé en Bajbouj toutes les valeurs de la société tunisienne moderne et progressiste.

Mais, j’aime aussi tous les dirigeants du parti, notamment Mohsen Marzouk, Hafedh Caïd Essebsi et Fawzi Elloumi. Ils me donnent toujours des conseils. Ils me demandent de ne pas être aussi querelleuse, car il faut être sage dans la politique.  J’adore aussi Salma Elloumi. Avant, je pensais que les hommes et femmes d’affaires étaient des égoïstes et prétentieux. Mais quand j’ai rencontré Selma Elloumi, tout a changé. C’est une femme modeste,  elle est l’exemple de la femme élégante, cultivée et qui a réussi. Je l’aime beaucoup mais cela ne m'empêcherait pas de la critiquer si elle dérape.

Tu as assisté à tous les meetings de Nidaa ?

Je n’ai raté aucun meeting de Bajbouj, je ne peux pas le laisser seul. J’ai participé à des caravanes sur tout le territoire tunisien, j’ai connu des gens très importants, c’est une expérience inoubliable.

Cela n’a pas eu d’influences sur tes études ?

Tu n’aurais pas dû me poser cette question, peut-être que ma famille tombera sur cette interview ( fou rire). Oui, j’avoue que cela a eu des impacts sur mes études, j’étais obligée, à maintes reprises, de sécher les cours surtout lors des déplacements, mais il faut dire qu'étudier c’est un sacrifice, faire de la politique aussi. En tout cas, je me suis rattrapée et j’ai toujours eu de bonnes moyennes.
 
Tu étais confiante en la victoire de Nidaa et BCE ?

Je me souviens d’une femme qui me disait toujours qu’elle avait peur de ne pas gagner les élections. Je lui ai demandé de laisser ses larmes pour la victoire. Car la personnalité de Béji Caïd Essesbi, l’engagement de nos jeunes et les positions de nos dirigeants ne peuvent mener qu’à la victoire.

Quel fut le meilleur moment de la campagne ?

Sans aucun doute, lors de la manifestation "9arar", destinée aux jeunes. C’était inoubliable, car lors de la manifestation, Bajbouj  m’a pris la main et m’a demandé de monter sur scène.
 
Et quel fut le plus mauvais souvenir ?

Euh, c’était dans le cadre d’une caravane pour le sud, destinée à sensibiliser les gens à s’inscrire aux élections. A El Hamma, on était attaqués et encerclés pendant 3 heures dans un hôtel. On était la cible de jets de pierres et de sifflets. On a vu la mort de près et ça m’a fait rappeler l’histoire de Lotfi Naghedh.
 
La participation d’Ennahdha au gouvernement ne te démotive-t-elle pas ?

En politique, il n'y a pas d'amis éternels et d'ennemis éternels. Il y a des situations auxquelles il faut s’adapter. Cette étape que nous vivons exige l’unité de toutes les parties mais nous serons prêts à critiquer Ennahdha et le gouvernement s’ils déraillent. Moi je n’ai jamais été contre la participation d’Ennahdha et surtout après les positions de certains partis comme le Front, même Afek nous a obligés à faire ce choix. Ennadhha était un mal nécessaire.

Mais certains dirigeants du parti disent que Nidaa va disparaître !

Ils ne connaissent pas Nidaa. Même Daesh ne pourrait faire disparaître Nidaa Tounes. Parce que Nidaa a des bases solides et des dirigeants unis. C’est vrai que Nidaa est en train de passer un des plus mauvais moments depuis sa création. Car les attentes du peuple sont grandes, alors que pour l'instant les moyens de l’Etat sont restreints.
 
On a l’impression que tu ne pourrais jamais formuler de critiques contre Nidaa Tounes et BCE ?

Non ce n’est pas vrai. Nous les jeunes de Nidaa, on a toujours critiqué  nos dirigeants, par exemple après l’annonce du gouvernement, nous nous sommes indignés contre l’exclusion des Destouriens qui ont beaucoup donné au  parti et se sont retrouvés à la fin écartés et trahis. C’est injuste,  ils ont de l’expérience et il était essentiel qu’ils soient représentés au gouvernement. On reproche aussi au sein de Nidaa de ne pas faire participer les jeunes dans l'exercice du pouvoir pour leur faire savoir que leur rôle n’est pas seulement d’arranger les chaises et de distribuer les flyers. Voilà j’avoue que les jeunes ont été trahis aussi au sein de Nidaa. Les jeunes sont mal structurés.
 
Nidaa est-il en crise ?
 
Le seul problème au sein de Nidaa, c’est l’éloignement de Béji. Et il faut l’avouer, personne n’est capable de remplacer Bajbouj. C’est désormais Nidaa qui nous appelle. La seule solution c’est le dialogue et l’unité pour le bien du parti parce qu’on s’est déjà occupés de la patrie. La patrie avant le parti, comme disait Bajbouj.
 
Ne considères-tu pas finalement Essebsi comme un surhomme ?

Béji c’est un miracle. Il est intelligent et élégant. Avec un simple sourire, Béji pourra résoudre les problèmes du monde entier. Tu te rends compte que Béji a "sculpté" Ghannouchi. D’un islamiste, il l'a transformé en homme d’Etat. Ghannouchi a été métamorphosé quand il a rencontré BCE. Avant, Il était seul sur la scène politique jusqu'à l’apparition de BCE qui lui a expliqué comment vivre en Tunisie. Mais il faut dire aussi que Ghannouchi n’est pas comme les Frères musulmans en Egypte. Lui, il a choisi le dialogue. Il est parti en France pour voir BCE et lui a tendu la main. N’as-tu pas remarqué que Ghannouchi est en train d’imiter BCE ?  Il parlait comme lui le dialecte tunisien. Il est devenu tunisien. C’est grâce à Bajbouj, c’est un miracle. Il faut faire un film sur ce nonagénaire qui a tout fait, tout changé en à peine 3 ans.

Propos recueillis par Cheker Berhima