Rached Ghannouchi : N’exagérons rien, pas de nouvelle révolution en vue

Rached Ghannouchi : N’exagérons rien, pas de nouvelle révolution en vue

 

Rached Ghannouchi se montre « compréhensif » quant à l’insatisfaction de larges franges de la société tunisienne surtout celles qui ont été à l’origine de la révolution pour l’état actuel du pays surtout en ce qui a trait à la non-réalisation d’une large part des réformes sociales réclamées par cette même révolution.

Dans des déclarations à l’agence allemande DPA, le président du mouvement Ennahdha a mis en garde sur la situation sensible que traverse la pays en appelant à accélérer la mise en place des institutions du pouvoir local pour que chaque région puisse définir ses priorités, fixer son action et agir pour les mettre en œuvre en collaboration avec les autorités centrales, tout en refusant les exagérations parlant de la survenue d’une nouvelle vague révolutionnaire comme résultat de la désespérance qui trouve son chemin dans la société et qui a donné lieu à une vague de protestations. « La révolution tunisienne a été dans sa profondeur une révolution sociale pour contrer l’injustice et la marginalisation », a-t-il ajouté en soulignant que le fait que les réformes politiques ont pris un temps long a fait que les catégories par et pour lesquelles la révolution a été déclenchées ont perdu leur patience.« Les grands différends politiques sont au début normaux à cause de la longue période de la tyrannie, des divergences entre les élites politiques et les antagonismes idéologiques.

Et Ghannouchi d’ajouter : « finalement les différents partenaires politiques à l’exception d’une minorité isolées se sont accordés à former un gouvernement d’union nationale qui compte tout le spectre politique et bénéficie du soutien des grandes organisations sociales et nous comme mouvement nous poussons pour que ce gouvernement accorde à la question sociale l’importance qu’elle mérite et qu’il œuvre pour la concrétisation des demandes profondes de la révolution. » Il a exclu que les protestations, qui surviennent, puissent avoir une influence sur les opportunités et le climat des investissements. « Si nous comparons la moyenne des protestations chez nous à celles ayant place dans d’autres on se rendra compte qu’il s’agit généralement d’événements isolés. L’un des paradoxes de notre pays est que notre réalité est bien moins mauvaise que celle reflétée par les médias », a-t-il dit.

Il a affirmé que l’Etat déploie des efforts actuellement pour faciliter le climat de l’investissement à travers l’adoption d’une loi organisant ce secteur. Il a refuse l’accusation faite au gouvernement de laxisme dans l’application de la loi pour contrer les protestataires. « Il n’y a pas de laxisme, mais de tentative de régler les problèmes entre les citoyens, les autorités et les patrons par la négociation et par le moins possible de violence. C’est une méthode qui peut paraitre difficile et longue mais elle est la plus appropriée. Le pays a expérimenté pendant des décennies le recours à la violence extrême et à la répression et cela a mené à une révolution qui était sur le point de démolir complètement les fondements de l’Etat. Rached Ghannouchi a justifié les indications des rapports internationaux et locaux sur la propagation de la corruption après la révolution par « la faiblesse qui a atteint les structures de l’Etat suite à la révolution et à la phase d’instabilité qui s’en est suivie…. Ce qui a conduit à la propagation des agissements contraires à la loi dans différents niveaux notamment des manifestations de la corruption financière et administrative. »

Il a minimisé les mises en garde du président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption Chawki Tabib qui a affirmé que la Tunisie est en voie de devenir un Etat mafieux si elle ne s’oppose aux lobbies et aux barons de la corruption pour l’éradiquer. « Le rôle du président de l’Instance est de mettre en garde et allumer les feux rouges, ce qui peut entraîner de la sévérité. » Le président d’Ennahdha a dénoncé avec vigueur les affirmations de certains selon lesquelles une grande partie de dons et d’assistance financière obtenus par les gouvernements de la Troïka a été dilapidée du fait que ceux-ci ont payé des dédommagements financiers aux islamistes et particulièrement aux membres d’Ennahdha qui étaient dans les prisons de l’ex-président Ben Ali.

« Cette thèse est une contre-publicité aux gouvernements de la Troïka qui ne trouve plus écho qu’auprès de d’infimes franges de la société. ». Il a ajouté « les dédommagements modestes n’ont pas été payés par la caisse de l’Etat mais par des dons spécifiques. Rien n’a été caché puisque les finances publiques obéissent au contrôle des structures gouvernementales, du Parlement et de l’opinion publique à travers une information libre. »

Il a défendu la position de son parti soutenant la loi de réconciliation économique malgré l’opposition d’une partie non négligeable de la société. « La loi touche des milliers de cadres administratifs et elle ne diffère pas de ce qu’entreprend l’Instance Vérité et Dignité », a-t-il ajouté.

Sur la position d’Ennahdha du gouvernement Youssef Chahed il a démenti un changement de cette position. « Certains disent que nous tentons de le faire échouer ou que nous exerçons des pressions sur lui ou que nous le menaçons de lui retirer notre soutien. Cela n’arrivera jamais. Nous avons seulement dit que nous lui accordons six mois, une période convenable pour évaluer son rendement sur des bases solides et réformer ce qi peut l’être. Ceci était d’ailleurs une réponse à ceux qui ont démarré l’action d’évaluation dès la première semaine. »

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