Raouf Khammassi: " Je ne suis en guerre contre personne"

Raouf Khammassi: " Je ne suis en guerre contre personne"

 

 

Mohamed Raouf Khammassi, membre du bureau exécutif de Nida Tounes et coordinateur général de ses structures en Europe, ne cache pas sa déception et son amertume quant au peu de place qu’occupent les Tunisiens à l’étranger soit dans le gouvernement soit au Nida Tounes. On le dit même furieux contre la direction du parti auquel il a beaucoup donné et pour lequel il s’est beaucoup investi. Ceux qui le connaissent de près disent qu’il n’a pas lésiné sur les moyens pour mobiliser autour de Béji Caid Essebsi et pour Nida Tounes et qu’il a été pour beaucoup dans les succès obtenus lors des dernières élections présidentielles et législatives à l'étranger. En effet, avec six députés sur un total de 14, Nida a obtenu presque la moitié des sièges en Europe, alors que son candidat Béji Caid Essebsi a devancé  son adversaire Moncef Marzouki. Candidat malheureux à l’élection du bureau politique du Nida organisé le 22 mars dernier, il n’en démord pas et continue à se battre pour une meilleure représentativité des Tunisiens en Europe dans les instances du parti. Réputé proche de Hafedh Caid Essebsi qui est, dit-il, plus qu’un ami, plutôt, un frère, il a fait savoir son mécontentement et va réunir le 30 mai les responsables des structures du parti en Europe pour débattre de la situation du parti et de l’avenir de ses structures européennes.

Contacté depuis l’Allemagne, il nous a livré ses impressions. Sans rancœur ni attaque contre qui ce soit.

Alors c’est la « guerre » ou un simple mécontentement ?

Ce n’est l’une ni l’autre. Certes, je ne suis pas du tout satisfait de la place réservée aux structures du Nida Tounes en Europe. Elles ne sont pas représentées au sein du bureau politique qui vient d’être créé et qui compte 34 membres. Dans les autres instances du parti, comme le bureau exécutif et le conseil, elles ont peu ou prou représentées. J’ai tant essayé de sensibiliser la direction du parti pour remédier à cette situation, mais ce fut peine perdue. Les responsables des structures du parti en Europe se sentent marginalisés, voire floués. C’est pourquoi, nous allons nous réunir le 30 mai en Allemagne pour évaluer la situation du parti, débattre de la représentativité de ses structures en Europe et  tenter d’arrêter des propositions concrètes que nous soumettrons à la direction du parti.

Il ne s’agit donc pas d’une forme de contestation contre les dernières décisions et surtout les nouvelles désignations  au sein du parti et notamment l’accession de Mohsen Marzouk au secrétariat général ?

Absolument pas. Personnellement je ne nourris pas d’ambition particulière, car ce qui compte pour moi c’est la cohésion du parti, et cette cohésion ne saurait se réaliser sans une meilleure représentativité des différents courants et la présence de représentants des structures du parti à l’étranger de manière générale et en Europe en particulier. D’ailleurs j’appelle aussi bien Nida Tounes que le gouvernement à bien réfléchir à cette question. Les Tunisiens à l’étranger représentent près du dixième de la population et au delà de leur nombre, ils sont une véritable force de développement et d’entrainement. Ils ont besoin d’un peu plus d’égard, de considération  et de sollicitude.

Pour revenir à la question de la nomination de Mohsen Marzouk en tant que secrétaire général du parti, je dois dire qu’il fait partie du comité fondateur et qu’il a les qualités nécessaires pour assumer cette fonction. Et loin de moi l’idée de contester la décision du bureau politique ni de la remettre en question. Toutefois, il sera jugé sur les actes et non sur les paroles ainsi que sur sa capacité de rassembler et de réunir.

Il y a un autre point qui, semble-t-il, vous a fait sortir de vos gonds, c’est le traitement réservé aux destouriens dont vous êtes l’un des portes drapeaux ?

Les Destouriens sont une composante essentielle du Nida Tounes et nul ne pourrait nier leur apport ni leur contribution au succès du parti et de son candidat lors des dernières élections. Chercher à les marginaliser serait une grave erreur qui risquerait de déstabiliser la matrche du parti même. Je ne prétends pas parler en leur nom mais je fais partie d’eux. Je pense que nous devons dépasser ce clivage. Nida Tounes est appelé à ressouder ses rangs et à se comporter en tant que parti rassembleur, car la force des grandes formations politiques réside dans leur cohésion et leur capacité à surmonter les divergences internes.

On dit que vous êtes en colère contre votre ami et allié Hafedh Caid Essebsi qui vient d’obtenir un des trois vices présidence du parti ?

Permettez-moi d’abord de préciser que Hafedh Caid Essebsi est plus qu’un ami pour moi, il est plutôt un frère. Nous nous connaissons de longue date et nous partageons pratiquement les mêmes vues. Et ce n’est pas un différend aussi important soit-il qui pourrait altérer nos rapports. D’ailleurs Hafedh fera le voyage en Allemagne pour assister à la réunion des coordinateurs des structures du parti en Europe.

En plus de cela il est considéré comme un membre fondateur et, par conséquent, il est un des éléments clés du parti. Il s’est rangé du côté du courant destourien qu’il a crânement défendu, alors qu’il n’en jamais fait partie. J’ajouterai que tout ce qui a été dit et écrit à propos de cette prétendue guerre contre Hafedh ou encore contre Mohsen, n’a aucun sens que dans l’esprit de ceux qui l’ont colporté. 

B.O