Ridha Jaouadi remonte sur "son minbar" et savoure sa victoire

 Ridha Jaouadi remonte sur "son minbar" et savoure sa victoire

 

Aussitôt la décision de son limogeage annoncée, Ridha Jaouadi, l’imam de la mosquée Sidi Lakhmi de Sfax a actionné ses nombreux réseaux parmi les partis politiques et particulièrement Ennahdha, les médias et les syndicats ainsi que la corporation des imams et les fidèles de « sa mosquée ». Des pressions ont été exercées sur le ministre des affaires religieuses Othman Battichk qui  a refusé de céder parce qu’il considère Jaouadi comme un prédicateur pur et dur ayant « un discours takfiriste ». Dans un communiqué publié ces derniers jours, le ministre des affaires religieuses   a précisé que les imams limogés ont appelé au jihad. 

Battickh qui a été révoqué par l’ancien président Moncef Marzouki de son poste de Mufti, pour avoir dénoncé le « jihad Ennikah », semble prendre sa revanche contre ceux qu’il appelle « les imams takfiristes ».  Pour lui, l’Etat « est le seul responsable du bon fonctionnement des mosquées et qui nomme les imams compétents, qui ne sont pas obligatoirement partisans du gouvernement en place ».

Or, le pauvre ne s’attendait pas à cette véritable levée de boucliers. Le mouvement Ennahdha, jusque là, discret concernant d’autres nominations, est monté en première ligne pour dénoncer par la voix de son président Rached Ghannouchi cette « purge ». Dans un communiqué rendu public, le mouvement a estimé que si « cette politique continue à être de mise, elle deviendra l’instrument du recrutement terroriste et ne fera qu’alimenter la propagande extrémiste ». Il fera face au limogeage des imans, selon le député de Sfax Fethi Ayadi.

Les mosquées, c’est sa propre chasse gardée  et un deal aurait été conclu avec Nida Tounes pour ne pas y toucher. Face à « l’entêtement » du ministre des affaires religieuses, le chef du gouvernement a été mis devant ses responsabilités ». Limoger "les imams modérés comme Noureddine Khademi, l’ancien ministre des affaires religieuses, Béchir Ben Hassen, les imams de la grande mosquée de Sfax, de la mosquée Al Manar… connus par leur combat contre l’obscurantisme religieux » pourrait faire basculer le pays dans une « fItna ». Un discours relayé par les médias proches des milieux islamistes et dans les réseaux sociaux.

A Sfax Ridha Joauadi pourrait compter sur un des ténors de l’islamisme homme fort à Sfax, Habib Ellouze qui a mobilisé contre la décision de révocation amenant le gouverneur de la région, proche d’Ennahdha, à céder, surtout que dans la Grande mosquée de la vieille ville, la prière du vendredi n’a pas eu lieu pendant deux semaines consécutives suite à la révocation de son imam. La sécurité dans la ville est en jeu. Des contacts ont été entrepris avec le ministre de l’intérieur et avec le chef du gouvernement pour les amener à revoir cette décision inique. Après d’âpres négociations, on est arrivé à un compromis, la suspension provisoire de la décision du ministre parti à la Mecque, laissant son porte parole Najet Hammami se démener seule et recevoir ce camouflet à la place de son patron qu’ont disait démissionnaire après son retour du Haj.

Entretemps Ridha Jaouadi savoure sa victoire et reprend son minbar. Jusqu à quand ? Dores et déjà la guerre des mosquées est déclarée.

B.O