RSF appelle l’ONU à créer un représentant spécial sur la protection des journalistes

RSF appelle l’ONU à créer un représentant spécial sur la protection des journalistes
 
 
A l’occasion du 2 novembre 2015, “journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes”, Reporters sans frontières (RSF) appelle l’ONU à créer le poste de représentant spécial sur la protection des journalistes auprès du secrétaire général des Nations unies.
 
Reporters sans frontières (RSF) appelle les Nations unies à créer dans les plus brefs délais le poste de représentant spécial sur la protection des journalistes auprès du secrétaire général des Nations unies. Malgré plusieurs résolutions adoptées sur ce sujet ces dix dernières années, notamment celles adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, le nombre des journalistes tués dans l’exercice de leur fonction restent inquiétant. En 10 ans, plus de 700 reporters ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.
 
Le 27 mai dernier, jour de l’adoption de la résolution 2222 par le Conseil de sécurité, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, s’est adressé aux ambassadeurs du Conseil de sécurité pour saluer cette résolution historique tout en appelant à des actions concrètes.
 
“Ces avancés juridiques n’ont pas encore été traduites dan les actes si on regarde le nombre de journalistes tués chaque année, a déclaré Christophe Deloire. Le problème de la sécurité des journalistes n’est pas celui d’un vide juridique mais plutôt celui de l’absence de moyens nécessaires pour en assurer le respect. Seul un représentant spécial qui travaillerait étroitement avec le secrétaire général de l’ONU aurait le poids politique, la capacité d’action rapide, et la légitimité pour coordonner tous les organes de l’ONU afin de mettre en place un réel changement.”
 
Un représentant spécial sur la protection des journalistes du secrétaire général de l’ONU aurait pour tâche principale de contrôler que les États membres des Nations unies respectent leurs obligations en matière de droit international. Le mandat du représentant spécial pourrait par exemple s’inspirer du modèle réussi du représentant spécial pour les enfants et les conflits armés.
 
Donner au représentant spécial un rôle central et permanent sous l’égide du secrétaire général pourrait renforcer de façon significative le plan d’action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité et tous les efforts de l’ONU menés par l’Unesco, le Conseil des droits de l’homme, le Haut commissariat aux droits de l’homme (HCDH), et le rapporteur spécial sur la promotion et la protection de la liberté d’opinion et d’expression ainsi que renforcer les actions régionales du Conseil de l’Europe ou du Bureau du rapporteur spécial sur la liberté de l’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (Organisation des États américains). Malgré les progrès déjà accomplis sur ce sujet, il reste encore du travail à faire.
 
Dans son rapport sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité publié le 6 août 2015, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon affirmait “je suis profondément inquiet par l’incapacité à réduire la fréquence et l’ampleur des violences ciblées auxquelles sont confrontées les journalistes et l’impunité presque absolue pour de tels crimes.”
 
Malheureusement, RSF ne peut qu’être d’accord avec le constat sévère de Ban Ki-moon. Le Classement mondial de la liberté de la presse de 2015 démontre une détérioration de la liberté de l’information partout dans le monde. Deux tiers des 180 pays recensés ont enregistré de plus mauvais résultats comparés à ceux de l’année dernière. Ce déclin a concerné tous les continents.
 
L’année 2014 a été marquée par un niveau extrêmement élevé de violences contre les journalistes partout dans le monde, y compris des menaces et décapitations soigneusement mises en scène. Soixante-et-onze journalistes ont été tués en 2014, notamment en Syrie, Palestine, Ukraine, Irak et Libye.
 
Cent dix-neuf journalistes ont été kidnappés en 2014, ce qui représente une hausse de 30% par rapport à 2013, affectant principalement les journalistes locaux en Ukraine, Libye, Syrie, Irak, et au Mexique. Depuis le début de l’année 2015, 48 journalistes ont été tués à travers le monde (8 en France, 6 au Soudan du Sud, 5 au Yémen, 5 en Irak, 5 en Syrie, 3 au Mexique, 3 au Brésil…)