Saisie du conteneur d’armes: Beaucoup de zones d’ombre et d'imprécisions !

Saisie du conteneur d’armes: Beaucoup de zones d’ombre et d'imprécisions !
 
 
Informée, selon des sources concordantes par Interpol, l’organisation internationale de police, la brigade des enquêtes douanières a réceptionné, hier, mardi 9 février 2016, à Nabeul, un conteneur contenant un véritable arsenal de guerre. 
 
Dans le détail et d’après les images diffusées à la télévision et des sources sécuritaires, il s’agit d’un pistolet du type Glock, de 4 pistolets sonores, 41 cartouches de calibre 9 mm, 20 cartouches de calibre 0,22 mm,  un fusil-mitrailleur moderne,  des drones, 4 équipements de plongée sous-marine,  2 bombes à gaz paralysant,  1 ordinateur,  2 menottes et  4 tasers (pistolets électriques). Y figure également une arme que nous avons vue pour la première fois. Zoom sur une affaire très grave.
 
Le conteneur, qui  était entreposé au Port commercial de Radès pendant une dizaine de jours, était censé contenir des effets personnels d’un homme d’affaires belge qui comptait s’installer à Nabeul et y créer une usine de diamant. Le Belge qui était entré en Tunisie dans son yacht accosté actuellement au port de plaisance d’Hammamet, vient d’être arrêté avec un complice de nationalité belge. 
 
Zones d’ombre 
 
Cette affaire est entachée de beaucoup de zones d’ombre. Les informations diffusées sont vagues et ne précisent pas si cet homme d’affaires est belge de souche ou s’il est binational, s’il est déjà implanté en Tunisie et bénéficie en conséquence d’une franchise de douane. 
 
Rien n’a filtré également sur la qualité de son complice. Autres points noirs à éclaircir. S’agit du seul conteneur rempli d’armes qui sort du Port de Radès sans contrôle? Où est-ce une pratique courante, d’autant plus que la douane tunisienne est épinglée par tous les rapports internationaux et nationaux comme un corps gangrené par la corruption? 
 
La douane crie à l’exploit
 
Officiellement, les douaniers, toutes composantes confondues, administration et syndicats, crient au professionnalisme de leurs agents. Ils parlent même d’exploit. En voici leur version.
 
Le directeur des investigations douanières, le colonel-major, Wahid Saïdi, a déclaré à la presse que « la saisie du conteneur avec les armes fait suite à un travail d’enquête de plusieurs jours ». « Nous savions qu’un étranger comptait importer des armes. Nous avons suivi le conteneur au port de Rades et nous avons décidé de le suivre jusqu’à sa destination », a-t-il dit, avant d’ajouter : « Il a ajouté que le conteneur a été saisi devant le domicile du  ressortissant belge ». 
 
Interpellé sur les circonstances du scannage du conteneur au Port de Radès, la même source a précisé que « les scanners du port ne pouvaient pas détecter les armes qui étaient dispersées et démontées ». 
 
Les syndicats par la voix du président du bureau exécutif du syndicat unifié de la douane, Ridha Nasri, a profité de la situation pour demander, ce matin, sur les ondes de la radio Shems Fm une amélioration de la situation des douaniers.
 
Il a imputé également tous les problèmes que connait la douane (incidents survenus aux entrepôts douaniers à Haydra, Kairouan et au port commercial de Sfax-affaire des feux d’artifice importés illégalement) à l’absence de législations incriminant la contrebande et au sous-équipement de la douane. 
 
Cette saisie en dehors du Port de Radès n’est pas la première
 
Par delà la gravité de cette affaire, cette saisie, en dehors du Port de Radès, de marchandises et de conteneurs entreposés auparavant au port, n’est pas la première. Pour ne citer qu’une.
 
En 2012, deux tracks-bien deux tracks-, transportant des moteurs utilisés de voitures avait disparu du port. La marchandise appartenait à un travailleur tunisien à l’étranger. Ce dernier comptait introduire en toute légalité ces moteurs en Tunisie.
 
Il avait obtenu, à cette fin, toutes les autorisations nécessaires et légales pour mener à terme la transaction. Les moteurs étaient stockés dans les entrepôts de la douane au port, le temps de compléter les formalités d’admission.
 
Pour mémoire, le pot-aux-roses a été découvert le 3 février 2012 sur la base d’une information-alerte parvenue aux agents de la brigade des recherches et d’investigations relevant de la direction de la douane, en vertu de laquelle la marchandise était stockée dans un entrepôt clandestin dans la région de  Ben Arous. 
 
Les 23 impliqués dans cette affaire de détournement de biens étaient des fonctionnaires de la Douane, des agents de la Société tunisienne d’acconage et de manutention (STAM), un employé de la CNAM et un agent transitaire. Sur un total de 23 accusés seuls 16 étaient traduits en justice, les restants étant en fuite.
 
La Belgique, une plaque tournante de trafic d’armes !
 
Par ailleurs, cette affaire de conteneur bourré d’armes sophistiquées gagnerait à être recoupée avec une affaire de  braquage armé d’un fourgon de transport de fonds, laquelle a eu lieu à Tanger, au Maroc au mois d’août 2015 et au cours de laquelle les braqueurs, des binationaux belgo-marocains avaient utilisé un fusil à pompe « browning » de calibre 12mm, 33 cartouches de chevrotine, mitraillette de marque « FAB » avec 4 chargeurs et 304 cartouches de calibre 7.62 mm, cinq bombes fumigènes…. 
 
Le plus important dans cette affaire rapportée par le site électronique Le360 c’est la conclusion selon laquelle l’arsenal de guerre a été introduit de Belgique retenue par les policiers marocains, lors du traitement précédent d'affaires liées au terrorisme, comme une plaque tournante du trafic d'armes». 
 
Pour mémoire, dans ce pays il ne serait pas compliqué de se procurer un pistolet mitrailleur avec silencieux à 1000 euros ou un automatique 9 mm à 600 euros. Cette accessibilité aux armes de guerre en Belgique mérite d’être suivie et méditée par nos policiers. Le propriétaire belge du conteneur saisi serait peut-être un membre d’un trafic international d’armes, de drogue, de crimes organisés et de commerce d’organes humains. 
 
Est-il besoin de rappeler que la Belgique était la première à classer la Tunisie comme un paradis fiscal, voire un pays où l’argent est blanchi et où on peut commettre toutes sortes de délits. 
 
KIM
 

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