Scandale au campus El Manar: Jusqu'où ira-t-on dans l'indiscipline et le manque de maturité démocratique ?

Scandale au campus El Manar: Jusqu'où ira-t-on dans l'indiscipline et le manque de maturité démocratique ?

 

La révolution nous a-t-elle infantilisés et rendus indisciplinés à tel point? La révolution nous a-t-elle donné la grosse tête au point de ne plus user de nos méninges pour séparer le bon grain de l'ivraie? Au vu de certains comportements lâches et mesquins que nous vivons au quotidien depuis la révolution, l'on est en droit de le penser.

Il faut être atteinte de cécité pour ne pas le constater. Depuis la révolution, la notion de peur du gendarme a foutu le camp. Du coup, ce qui était inimaginable sous l'ancien régime est devenu désormais la norme. Du coup, tous les dépassements sont permis, c'est la loi du je-m'en-foutisme qui règne en maître absolu.

Sinon comment expliquer le comportement de ces étudiants du campus El Manar qui ont osé insulter puis "dégager" (le mot est à la mode chez nous) leur professeur (l'ancien ministre Nadhir Ben Ammou), de l'ampithéâtre sous prétexte qu'il n'a pas respecté ses engagements politiques.

La raison invoquée par ces élèves frise même le ridicule.Que lui reproche-t-on au fait? Ces étudiants au penchant rebelle estiment que ce professeur "lunatique" s'était engagé auparavant à rester neutre et à égale distance vis-à-vis des différentes formations politiques du pays.

Seulement voilà, le professeur a changé d'avis, ce qui est de son droit le plus légitime. Un changement qui ne fut pas du goût de cette bande d'étudiants qui constate, en même temps, que le prof a osé intégrer les listes électorales d'Ennahdha pour le compte des prochaines élections législatives qui se dérouleront dans le pays le 26 octobre prochain.

Et pour toute justification scandée, les étudiants mécontents estiment que Ben Ammou n'a pas tenu ses promesses. Et pire, la colère ne semble pas baisser, puisque certains étudiants ont juré leurs grands dieux que le professeur ne remettrait plus jamais les pieds dans cette amphi.

Naturellement, ce comportement a choqué plus d'un observateur et créé une certaine polémique. Des étudiants ont-ils le droit de traiter un prof de cette façon? N'a-t-il pas le droit d'appartenir à un parti politique (même si ce parti s'appelle Ennahdha), quand bien même il se serait prononcé autrement auparavant? Y a-til encore de l'autorité dans cet établissement pour sanctionner ces étudiants insolents? C'est quoi cette démocratie à outrance où l'on se croit tout permis !?

Et curieusement, ni les syndicats, ni l'UGTT ne s'en sont indignés. Ce qui est sûr, c'est que si un quelconque barbu avait osé commettre un tel acte dans l'enceinte d'un établissement, on aurait crié au gros scandale et mobilisé du monde pour aller vociférer sur les avenues du Grand-Tunis.

Pourquoi donc ce silence cynique et coupable même de la part de certains défenseurs des droits de l'homme et de la aprt de certains journalistes quand ce sont des Nahdhaouis qui sont victimes de stigmatisation et d'injustice? Pourquoi ce deux poids deux mesures !? Et est-ce que ce n'est pas ce genre de réaction qui pousse à l'éxtrémisme et à la division des Tunisiens?

O.D.