Tunis privée de pain après le 8 mars ?

Tunis privée de pain après le 8 mars ?
 
 
Tunis sera-elle privée de pain après le 8 mars prochain ? Tout laisse croire à une telle issue en raison du différend opposant les boulangers agréés et les propriétaires des boulangeries anarchiques.
 
Les boulangeries anarchiques ont pris beaucoup d’ampleur après la révolution au point de constituer une menace pour ceux qui disposent de leurs cartes professionnelles et un vrai casse-tête pour l’autorité de tutelle, en l’occurrence le ministère du Commerce.
 
La propagation des boulangeries anarchiques dont le nombre dépasse 1000 boulangeries implantées sur tout le territoire tunisien constitue désormais une vraie menace pour les professionnels ( le nombre de ces boulangeries est de l’ordre de 3200) et  les ouvriers qui ont décidé d’observer une grève d’un jour le 8 mars prochain. 
 
Cette première initiative sera suivie par un sit-in qui sera observé par les patrons, qui, pour la circonstance, serons munis de grandes  quantités de pain invendues qui seront déversées devant les locaux du ministère en guise de protestation à l’encontre de la propagation des boulangeries anarchiques, ce qui influe négativement sur leurs activités et par ricochet sur la caisse de compensation, puisque le pain est subventionné par l’Etat.
 
Et là, on peut ouvrir une petite parenthèse pour rappeler que la Tunisie est le seul pays au monde qui subventionne deux catégories de pain : la baguette et le grand pain.
 
Une menace réelle plane sur le secteur, d’où la nécessité d’agir vite pour trouver les solutions idoines et éviter de vivre le calvaire d’une ou plusieurs journées sans pain.
 
Des solutions sans répression
 
Certes, certains sont adeptes des solutions répressives qui auront des répercussions très négatives sur le plan social ; car il ne faut pas oublier que les boulangeries anarchiques  jouent un rôle social puisqu’ils constituent un vecteur important de  l’emploi tout comme les boulangeries dont la situation est régulière.
 
Pour cela, il faudra des solutions qui tiendraient compte de l’aspect social en premier lieu et éviter les solutions répressives en  appliquant rigoureusement le décret beylical de 1956 qui interdit la fabrication du pain à toute personne, morale et physique qui n’a pas en sa possession un agrément pour la fabrication du pain (la carte professionnelle ).
 
Toutefois, on peut préserver les intérêts des uns et des autres et ce en autorisant les boulangeries anarchiques à fabriquer d’autres variétés de pain telles que les pains spéciaux, pain de mais ou pain de mie etc.…
 
Cette  solution pourrait contribuer à limiter les fuites énormes constatées dans un produit subventionné qu’est  la farine. A rappeler que les boulangeries  « régulières » qui sont spécialisées dans la fabrication du grand pain achètent le sac de farine de 100 kilo à 1.700 oui un dinar sept cent millimes les cent kilos alors que ceux spécialisés dans la fabrication de baguette  achètent le sac de cent kilos pour 22 dinars ; cci explique en grande partie les fuites constatées.
 
Autre solution qui pourrait contribuer à assainir le secteur, celle relative à la révision du prix de la baguette  dont le prix réel  est de 190 millimes alors qu’elle se vend à 200 millimes; ces dix millimes encaissés par le boulangers indûment coûte à la caisse de compensation un peu plus de neuf millions de dinars par an, et si on aura le courage de lever la subvention sur la baguette, le montant de cette opération permettrait à la caisse de compensation d’économiser à peu près 50 millions de dinars par an ; sachant que le gaspillage du pain c'est-à-dire le coût du pain jeté à la poubelle s’élève à 100 millions de dinars par an, selon une étude élaborée par l’institut national de la consommation depuis 2014.
 
Enfin, il faut rappeler que le coût de création d’une boulangerie varie entre 300 et 600 mille dinars, alors que l’entretien annuel du matériel coûte 2 mille dinars, c’est pourquoi, on prône les solutions qui tiennent compte de tous les aspects et notamment  ceux sociaux et économiques.
M.A.F.
 
 
  

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