Tunisair: "ôtez ce voile qui vous empêcherait d'entendre..."

 

« Les constats pointus et bien précis formulés par des experts en matière de médecine aéronautique, en particulier au cours d’une situation d’évacuation d’urgence et sur un plan procédural international, stipulent que le port du Hijab par le Personnel Navigant de Cabine provoquerait une altération de l’audition ». C'est ce qu'on a pu lire, de façon laconique, dans le communiqué rendu public vendredi par la compagnie aérienne Tunisair, en relation avec le conflit qui l'oppose à une de ses hôtesses de l'air, injustement appelée à se "rhabiller" de façon plus correcte à leurs yeux.

 

L'on se rappelle cette affaire, en avril dernier, de la chef de cabine de Tunisair Nabiha Jallouli, qui a été débarquée par le commandant de bord d'un vol à destination de Paris. L'affaire avait créé une grande polémique alimentant tous les sujets de discussion. Certains avaient estimé que le commandant de bord a eu tort d'évacuer cette chef de cabine de l’avion parce qu’elle portait le voile. Et qu’il n’avait pas à intervenir dans sa liberté individuelle de porter ce qu’elle veut tant que sa tenue ne présente pas une menace, telle que la Constitution lui garantit.

 

D’autres, plus critiques, pensent que le commandant de bord n’avait fait qu’appliquer la réglementation interne de Tunisair en remarquant que la dame concernée portait un accessoire qui ne fait partie de l’uniforme réglementaire de la compagnie nationale.

 

Avec ce communiqué qui vient de tomber comme un couperet, l'on a du mal à avaler les conclusions des experts en médecine aéronautique. Qui estiment que "des oreilles voilées dans des conditions de pressurisation à haute altitude, ne sont pas en mesure d’assurer une perception optimale de certains sons (alarme feu toilette, alarme évacuation, un ordre verbal adressé par mégaphone lors d’une évacuation, …)" 

 

Dans ce cas, l'on est en droit de nous demander comment font toutes ces compagnies du Golfe qui ont le vent en poupe et dont les hôtesses (pratiquement toutes, alors que pour Tunisair, il ne s'agissait que d'une exception) se voilent à volonté. Les exemples de ces compagnies abondent: Malaysia Airlines, Saudia Airlines, Ettihad ou Emirates.  

 

Comment donc expliquer les conclusions des experts de Tunisair, quand on sait que le port du voile ou du foulard n’est pas interdit par l'Organisation de l'aviation civile internationale? Le voile et le foulard ne font-ils pas partie d'ailleurs des accessoires de l'uniforme reglementaire de nomre de compagnies? 

 

Comment ne pas voir dans cette décision une entrave à la liberté vestimentaire? Comment peut-on avaliser une telle décision dans un pays arabe et islamique? Si Ennahdha que l'on a toujours pointé du doigt lors de son règne n'a jamais imposé le foulard aux hôtesses de l'air, pourquoi l'empêcherait-on actuellement pour celles qui auraient envie de le porter?

Une kyrielle de questions qui méritent un grand débat à l'heure où dans certains pays non musulmans le port du voile est d'une si grande banalité.