Valls sur le port du voile en Tunisie : entre ignorance et mauvaise foi

 Valls sur le port du voile en Tunisie : entre ignorance et mauvaise foi

 

Manuel Valls était il y a quelques semaines Premier ministre de France. A ce titre, il était en Tunisie pour la Conférence internationale sur l’investissement. Ce n’était d’ailleurs pas sa première visite en Tunisie. C’est pourquoi les Tunisiens croyaient qu’il connaissait bien leur pays.

Mais jeudi soir sur « l’Emission politique » de France, le désormais ex-Premier ministre et candidat à la primaire de gauche en vue des élections présidentielles du printemps prochain a déçu les Tunisiens quand il ne les a pas révoltés.

Sur le plateau de l’émission, il a été interpellé par sa compatriote musulmane Attika Trabelsi, patronne et membre de l’association Lallab, sur l'islamophobie dont sont victimes les femmes portant un voile. La belle jeune femme qui porte le voile par « choix personnel » s’est dit choquée de l’avoir entendu dire que le voile est «un asservissement de la femme», et qu’elle se sentait «profondément blessée, humiliée». «Vous légitimez des discours qui engendrent des violences à mon égard», a-t-elle dit. «Devant une banque, on m’explique que je ne peux pas y entrer. Dans des entretiens, on me demande de manière récurrente ce à quoi j’aspire avec ce voile», a-t-elle rapporté. «Les expériences comme la mienne se multiplient», a-t-elle développé, citant des femmes de ses associations à qui on a demandé de quitter un amphithéâtre, ou qu’on a découragées de devenir médecin ou journaliste. Et de conclure : «Des rêves sont brisés, des talents français sont gâchés.

Que lui répond Manuel Valls. Au lieu de la rassurer et de changer son discours, il reprend les mêmes arguments surannés. Mais au détour d’une phrase, il dérape : «Dans d’autres pays, là je pense à la Tunisie, à l’Iran, des femmes à qui on a imposé le voile se battent précisément pour l’enlever.»

Les Tunisiens sont ébahis, estomaqués, abasourdis pour ne pas dire sidérés. Mettre la Tunisie dans le même sac que l’Iran, pays théocratique commandé par un clergé chiite où le port du tchador est obligatoire témoigne d’une flagrante ignorance du monde musulman. Lui qui il n’y a pas longtemps faisait l’éloge de l’exception tunisienne pourrait-il dire la chose et son contraire. On n’en revient pas. Est-il possible qu’on dise du pays arabo-musulman le plus libéral en matière de droits de la femme qu’on impose aux femmes le port du voile et qu’elles se battent pour l’enlever.

On ne peut croire qu’il s’agit seulement d’ignorance. C’est certainement de la mauvaise foi flagrante. Mais pourquoi et dans quel but ? En mal d’arguments a-t-il voulu asséner un coup à sa questionneuse. On l’ignore.

Les Tunisiens et surtout les Tunisiennes ont été nombreux à faire de gorges chaudes de la déclaration de Manuel Valls, à se répandre en mauvaises plaisanteries sur son compte.

Les Socialistes français ne nous étonnent plus mais l’amalgame de Valls dépasse tout. C’est le signe que la Gauche ouverte, tolérante et égalitaire perd ses repères même les plus élémentaires dont le premier est la liberté, liberté de choix de tout même de sa manière de se vêtir. La Tunisie a fait ce choix en conscience et elle n’accepte aucune surenchère sur le sujet.

RBR

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