Il fera chaud ce samedi à l’ARP

Il fera chaud ce samedi à l’ARP

Au cours de la dernière plénière à la veille des vacances parlementaires, les députés sont appelés, ce samedi 28 juillet 2018, à voter la confiance au nouveau ministre de l’intérieur Hichem Fourati, sur fond de crise politique grave.

Une démarche qui n’est pas exigée par la Constitution tunisienne stipulant dans son article 92 que le chef du gouvernement est compétent en matière de révocation et réception de démission d’un ou plusieurs membres du gouvernement. Aucune mention n’est faite sur la nécessité de passer par le parlement pour valider la proposition d’un membre du gouvernement.

Dans la journée de vendredi, le président de la République a effectué une série d’entretiens avec les chefs des partis Ennahdha et Machrou3 Tounès ainsi qu’avec le président du groupe parlementaire Watania, portant sur la crise politique dans le pays.

Le même jour au parlement, les blocs parlementaires, excepté celui d’Ennahdha, ont convenu de continuer à adopter le calcul des majorités sur la base du nombre total des députés, c’est-à-dire 217 députés.

Le bloc Ennahdha (68 députés) a défendu son point de vue quant à la nécessité de calculer les majorités sur la base du nombre de sièges effectivement pourvus, c’est-à-dire 215. D’après le parti, les sièges vacants (deux) ne doivent pas être comptabilisés.
Les avis des différents groupes parlementaires sont d’ailleurs mitigés par rapport au vote de confiance au ministre de l’Intérieur.

Dans une interview accordée mardi à l’Agence TAP, Youssef Chahed a soutenu que le changement du gouvernement, auquel ont appelé plusieurs parties politiques dont notamment Nidaa Tounès, doit tenir compte des engagements de l’Etat et de ses intérêts, énumérant quatre priorités.

A commencer par la finalisation des négociations sociales avant le 15 septembre et les préparatifs pour la 4e revue de l’accord entre la Tunisie et le FMI pour le versement de la quatrième tranche du crédit accordé à la Tunisie.
Il a en outre évoqué la sortie de la Tunisie sur le marché financier en septembre et le budget de l’Etat au titre de 2019 dont le gouvernement se penche, à présent sur son élaboration.

Hichem Fourati devrait succéder à Lotfi Braham démis de ses fonctions le 6 juin dernier et remplacé à titre intérimaire par le ministre de la Justice Ghazi Jeribi.

Dans une interview accordée à une chaine de télévision privée le 15 juillet courant, Béji Caid Essebsi avait affirmé avoir été personnellement surpris par cette révocation malgré le fait qu’il ait été informé d’avance de l’intention de Youssef Chahed de démettre Lotfi Brahem de ses fonctions.
Selon lui, il aurait été plus judicieux d’envisager le changement à la tête de ce département dans le cadre d’un remaniement ministériel.

Le président de la République a tiré la sonnette d’alarme sur la situation dans le pays, appelant le chef du gouvernement de, soit démissionner, soit solliciter, de nouveau, le vote de confiance du parlement.

Car, a-t-il expliqué, les Tunisiens ont plutôt besoin de voir des conditions favorables au rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés. Il a surtout insisté sur le besoin d’une ceinture politique pour soutenir le gouvernement, en allusion au Document de Carthage suspendu en mai dernier dans sa version 2, en raison d’un différend concernant le point 64 relatif au remaniement ministériel, le maintien ou le départ de Chahed.

Au lendemain de l’entretien, Caid Essebsi convoque une réunion au palais de Carthage consacrée à l’examen « des moyens susceptibles de surmonter la crise politique actuelle », selon un communiqué de la Présidence publié le jour même. « Toutes les parties politiques doivent assumer leurs responsabilités pour trouver les solutions nécessaires et faire prévaloir l’intérêt supérieur de la nation », lit-on de même source.

Une réunion à laquelle ont participé le président du parlement, le chef du gouvernement le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail, le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi et le directeur exécutif de Nidaa Tounes Hafedh Caïd Essebsi.

D’après des observateurs « la crise politique en Tunisie s’est aggravée après que le président de la République de la république ait décidé de suspendre les concertations autour du Document de Carthage II ». Car, estiment-ils, la crise a divisé les partenaires de cet accord entre ceux qui appellent à un changement radical du gouvernement incluant le chef du gouvernement et ceux qui proposent un remaniement partiel.

De plus, la suspension du Document de Carthage est, selon eux, à l’origine du désaccord qui a éclaté entre le directeur exécutif de Nidaa Tounes Hafedh Caid Essebsi et le chef du gouvernement Youssef Chahed.

Pour rappel, le premier avait écrit sur sa page dans les réseaux sociaux que la position du parti concernant le remaniement ministériel a été dictée par la crise économique, les tensions sociales et la chute du capital confiance des politiques.

S’adressant le 29 mai aux Tunisiens sur la chaine de télévision nationale « Al-Wataniya 1 », Youssef Chahed a de son côté déclaré que Hafedh Caid Essebsi et son entourage ont détruit le parti Nidaa Tounes, poussant un grand nombre de ses militants et compétences à le quitter.
« Le parti n’est plus ce qu’il était en 2013 », a indiqué Chahed, ajoutant que les dirigeants actuels de Nidaa Tounes l’ont mené d’une défaite à l’autre à commencer par la perte de sa position en tant que premier bloc parlementaire, outre sa défaite lors des élections partielles en Allemagne et les dernières municipales aux cours desquelles le parti a perdu près d’un million de voix.
« J’ai évoqué la crise actuelle au sein parti Nidaa Tounes, car elle n’est plus une affaire interne, mais elle constitue une menace pour les structures de l’Etat », a indiqué Chahed, ajoutant que ce sujet est, « désormais, une affaire nationale, d’autant plus que la faiblesse de ce parti aura des répercussions certaines sur l’équilibre politique et le processus démocratique dans le pays », avait-il mis en garde.

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