L’émouvant hommage d’un journaliste de la Presse à ses camarades poussés au départ

L’émouvant hommage d’un journaliste de la Presse à ses camarades poussés au départ

Dans un émouvant hommage publié sur sa page, Chokri Ben Nessir, rend un émouvant hommage à ses camardes « journalistes, techniciens, et employés » du journal poussés au départ dans le cadre de l’assainissement de l’entreprise. Sous le titre « La Presse ne sera plus La Presse ! », il rappelle les sacrifices des partants qui « sont partis sans hommages, ni adieux ».

  « Ils sont plus de 115 personnes qui ont servis La Presse avec loyauté, dévotion et abnégation. Corvéables à merci pendant de longues années, ils n’ont même pas eu droit à un hommage digne de leurs sacrifices. Ils ont été « virés » sur un simple avis, sans merci. Ainsi on traite les hommes dans mon pays. Comme de simples matricules ! Pourtant, ces gens-là, illustres et inconnus, chacun à son niveau, avait sa griffe, sa propre touche, sans laquelle, La Presse n’aura pas été La Presse. Des hommes et des femmes qui se sont donnés à fond, qui ne savaient pas compter leurs heures de travail. Toute une génération qui a maintenu le journal en vie des décennies durant. C’est la deuxième vague de départ, la plus importante que le journal ait connu. La première a eu lieu suite à l’affaire Smadja (fondateur du journal La Presse), qui a emporté avec lui toute l’équipe parmi les français et les italiens (sauf quelques tunisiens de cœur dont notre ami Flavio Ventura), et avec ce plan social, mal étudié, c’est la génération de la relève, que des responsables éclairés qui se sont succédé à la tête du journal, ont mis du temps à mettre en place, qui se retire. Avec leur départ, sans bruit, c’est une autre partie de l’âme des deux journaux ; Essahafa et La Presse, qui part !
Essahafa ne sera plus Essahafa, La Presse ne sera plus La Presse ! Si j’ai fais le choix de rester, c’est pour continuer à être un témoin de l’histoire de ce journal, que je suis en train de consigner dans un livre. Il aurait été facile de faire l’adieu aux armes, mais j’ai préféré rester au front. Vous serez présents malgré votre absence. Présents par ce que vous avez laissé comme legs, comme sourires et comme histoires. Vous serez dans les cœurs de vos collègues, dans leurs pensées. Vous êtes partis parce que vous pensez aussi que votre départ servira peut-être à sauver le journal, l’entreprise. Votre geste est grand, il est noble. Et votre droit à la retraite anticipée, il est bien mérité, car vous êtes fatigués. Fatigués de voir mourir à petit feu un enfant que vous avez vu grandir. Mais je vous le dis mes amis ; ne partez pas avec l’étiquette d’une « charge de trop » ! Mais partez pour respirer un air plus frais, pour vous épanouir et pour réaliser vos rêves. Pour consacrer à vos familles le temps que le journal vous a bouffé. Sans vous l’air à La Presse sera plus lourd, le travail n’aura plus le même goût !
Un grand merci pour vous, pour vos grands services rendus à La Presse. Mais surtout pardonnez-nous ce traitement indigne de vos parcours. »

Chokri Ben Nessir

 

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